Nul doute que la sublime pochette aguicheuse de ce
Lament of Victory, deuxième opus des Serbes de
Claymore, ne pouvait accompagner autre chose qu'un album au Heavy
Power Metal épique et aux poncifs certes éculés mais sympathiques. Du moins l'espérions-nous.
Commençons donc cet article en détaillant cette sublime représentation très orientée Heroic-Fantasy. Elle nous montre un roi dépité assis sur son trône accompagné d'une guerrière et d'une créature semblant être un orc. Ce dessin comporte de nombreux détails saisissants et ses couleurs sont superbes. De plus, en une allégorie à peine dissimulée, l’œuvre de Dusan Markovic, dessinateur doué s'il en est, exhale une magie particulière issue tant des travaux de J.R.R. Tolkien que de ceux de Robert E. Howard. Le souverain pourrait, en effet, aussi bien être
Conan le Cimmérien qu'
Aragorn, fils d'
Arathorn et de Gilraen, petit-fils d'Arador.
A cet instant précis de la chronique, votre modeste obligé ne pourra s'empêcher d'entendre poindre au sein d'une assemblée pour le moins décontenancée, ces voix critiques s'élever telle une clameur : mais pourquoi diable nous faire un laïus aussi précis, aussi complet et aussi passionné sur ce qui, après tout, n'est qu'un détail d'apparat, le plus important étant moins le contenant que le contenu ? Tout simplement parce qu'ici, malheureusement, l'esquisse qui orne magnifiquement ce disque est ce que
Claymore a de plus intéressant à nous offrir.
L'affreuse vérité est dites. La sentence prononcée. Bien évidemment, dans celle-ci il y a le reflet de cette amertume née de la frustration engendrée par cet album. Et au-delà de celle-ci, dans un ultime sursaut de lucidité, concédons volontiers qu'elle est alourdie d'une certaine exagération. Sur ce
Lament of Victory,
Claymore nous offre essentiellement l'expression d'un talent très moyens aux soli de guitares négligeables (
Hymn of
Rage), aux refrains simplistes et ennuyeux (On the
Wings of Time,
Sorrow's Tear), aux préambules désespérément répétitif et longs (
Night Sky), aux claviers manquant singulièrement d'ampleur (
King of the
North,
Glory is Calling me), aux chants masculins totalement aencdotiques (exceptions faites des quelques "growls" et de quelques chœurs majestueux bienvenus agrémentant joliment ce manifeste), aux interventions féminines maniérés et parfois à la limite de la justesse dans ces tentatives pénibles de plagier le lyrisme et l'emphase de certaines divas actuelles. C'est un fait indéniable. Pourtant parfois, tout de même, il parvient à se transcender brièvement et ce afin de nous laisser entrevoir quelques instants pas désagréables où ce Heavy
Power Metal à chant féminin sans nous convaincre ne nous déçoit pas totalement (
Power of the
Destiny, par exemple).
En outre, il est amusant de noter que paradoxalement ces Serbes s'expriment bien mieux dans les passages les plus quiètes (Crossroad of Forever,
Glory is Calling me...). Tant et si bien d'ailleurs que l'auditeur un tant soit peu critique en viendrait presque à se demander s'il ne serait pas plus profitable que ce groupe s'adonne à d'autres genres.
Pour achever définitivement nos espoirs, il va sans dire que la production de ce plaidoyer est très moyenne et peine parfois à laisser s'exprimer librement chacun des instruments présents. Cela dit,eu égard à certaines faiblesses de ces musiciens, c'est peut-être mieux ainsi.
Peu de choses encourageantes ressortent donc de ce
Lament of Victory. Quelques passages tout au plus. Quelques notes. Quelques intentions. Et surtout le sentiment prégnant d'avoir perdu un temps précieux.
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