Il est de ces groupes dont les temps d’attente sont parfois de vrais euphémismes tant ils sont souvent très longs, et lorsque le précieux sésame est annoncé, il y a fort à parier que cela a souvent l’effet d’une bombe, dans le bon ou le mauvais sens du terme. Ce temps d’attente, c’est un peu le cas de ce nouveau
Uneven Structure. En effet, si l’on exclut le réenregistrement de l’E.P « 8 » sorti en 2013, cet album intitulé en français « La partition » parait six ans après le premier «
Februus » qui était pour un début transpirant de maturité, chose rare quand un nouveau venu arrive sur la scène.
Dès son annonce, plusieurs questions se posaient : Tout d’abord le départ du batteur Jean Ferry, et aussi du guitariste et membre fondateur Aurélien Pereira. Sachant que celui-ci était présent depuis les débuts, on est en droit de se demander si son absence se fera sentir. Et deuxièmement, sachant que le premier album avait poussé la barre haute, voire même très haut, ce nouveau bébé sera-t-il en capacité de surpasser son ainé ? Pour le savoir, pas le choix, il faut l’écouter sans plus attendre.
Ainsi le premier titre « Alkaline throat » démarre petit à petit, dévoilant le spectre musical de nos français. Nous retrouvons les riffs polyrythmiques accompagnés de plages atmosphériques, donnant cette ambiance astrale qui nous plonge droit dans une autre dimension entre le rêve et le réel. Et arrive le chant de Matthieu Romarin au timbre reconnaissable entre mille de par sa justesse dans ses notes claires. Après ce premier titre, force est de constater que l’on reste dans la même lancée que le dernier méfait, mais n’allez pas croire que les français ne sont qu’un énième clone de
Meshuggah en plus atmosphérique, les compos sont bien trop travaillées pour ça, toutes les chansons sont en fait un seul grand morceau divisé en plusieurs parties (dont deux interludes qui sont « Groomed and Resting » et « Greeted and Dining ») qui possèdent chacun leur identité tant ils sont indépendantes.
Pour l’instrumentation, comme cité plus haut, les guitares polyrythmiques sont toujours de mises, mais celles-ci sont un peu plus en retrait par rapport à avant sans pour autant s’effacer. En effet, le groupe a cette fois-ci plus mis l’accent sur les atmosphères, et cela se remarque aussi dans le chant, car cette fois, les hurlements sont beaucoup plus rares, presque absents comme sur « Crystal teeth » ou «
Funambule ».
Après quelques écoutes, on sent que le groupe a réussi à acquérir une maturité musicale encore plus grande que sur le dernier album, mais attention, plusieurs écoutes seront nécessaires pour discerner toutes les subtilités car son côté très travaillé le rend difficile d’accès aux néophytes. En effet, le côté polyrythmique et mathématique de ce genre de musique risque d’en rebuter plus d’un, et la durée des chansons ne fera qu’appuyer ce que je viens de dire car la plus courte est « Crystal teeth » avec 3 minutes 40 et la plus longue est « Incube » et en fait presque 8, ce qui paraitra assez indigeste pour les non-habitués. De plus le chant assez « fleur de peau » pourra aussi en repousser plus d’un, mais une fois tous ces blocages passés, on ne peut qu’apprécier le travail de qualité réalisé sur cet album.
Après presqu’une heure d’écoute, l’album se termine, et notre voyage inter-dimensionnel aussi. On a pu remarquer qu’
Uneven Structure, tout en se basant sur ses propres codes, a réussi à se forger une identité unique en son genre dans le
Metal expérimental, là où beaucoup d’autres se revendiquant de ce style ne se révèlent en fin de compte n’être que de pâles copies de
Meshuggah en moins bien. La preuve qu’en France, on est capable d’avoir des groupes avec une personnalité qui leur est propre.
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