La Griffe de l'Empire

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15/20
Nom du groupe Der Kaiser
Nom de l'album La Griffe de l'Empire
Type Album
Date de parution 1985
Style MusicalPower Metal
Membres possèdant cet album26

Tracklist

1.
 Vengeance
 04:07
2.
 Aberdeen
 04:20
3.
 La Proie du Désir
 04:22
4.
 Vision de Cendres
 06:11
5.
 L'Arène
 05:07
6.
 Maitre de l'Univers
 04:22
7.
 Le Fou de l'Empereur
 03:35
8.
 Obsession
 07:04

Durée totale : 39:08

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Der Kaiser


Chronique @ largod

24 Janvier 2013

Leur Arc de Triomphe

Douze avenues se rejoignent sur le rond-point de l’Etoile à Paris, en haut des mythiques et désormais ultra-commerciaux Champs-Elysées. En son milieu trône l’imposant Arc de Triomphe. L’ensemble forme un des sites architecturaux les plus en vue de la Capitale, même si on a surtout pris l’habitude d’en faire le tour en voiture, aussi rapidement que possible et en bravant toutes sortes de danger.
Bien dommage d’ailleurs de ne pas prendre le temps de s’attarder sur ce mastodonte de 50 mètres de hauteur dont la construction débutée le 15 août 1806, suite à un décret impérial de Napoléon Bonaparte du 18 février, fut achevée 30 années plus tard. Ironie de l’histoire avec un grand H, son inauguration se fit en catimini à 7 heures du matin en présence du Président du Conseil, Adolphe Thiers, mais en l’absence remarquée du roi Louis-Philippe suite à des rumeurs d’attentat. Déjà…

Le symbole historique de ce monument de pierre calcaire de Tonnerre (ça ne s’invente pas) en provenance de l’Yonne consiste à perpétuer le souvenir des victoires des armées françaises sur l’Ennemi, en particulier celles conduites par l’Empereur de tous les français, dont le génie pour la chose militaire n’est plus à vanter.
Celui de ce second album de Der Kaiser est de revenir plus modestement avec un nouveau chanteur, Claude « Klod » Thill, suite au départ (?) de PasKal. Côté production, cela reste encore laborieux sous certains aspects malgré trois semaines de travail acharné au studio Garage. Le chant, pourtant puissant mais mixé en dépit du bon sens, frise par moment les confins de la yaourtière SEB. Un véritable carnage… Cependant, les guitares bénéficient d’un traitement plus approprié que sur le premier LP, même si la basse de Thierry André et la batterie de Philippe conservent leur hégémonie démoniaque et dévoreuse d’espace. La pochette s’affiche à nouveau dans un style de graphisme habité par quelques réminiscences de cubisme et de surnaturel du talentueux mais inconnu Doan Kin Quan.
Autre symbolique sur laquelle il convient de passer outre très vite pour ne pas gâcher le plaisir de l’écoute c’est l’influence Maidenesque de Der Kaiser. Aucun doute sur le fait que Thierry utilise sa Rickenbacker comme Steve Harris. Aucun doute sur le fait que certaines sonorités des guitares de Beno et P’tit Tchong épousent celles de la paire Smith-Murray. Les preuves avec l’instrumental « Le Fou de l’Empereur » qui aurait pu avoir aussi sa place sur la publicité du petit lapin des piles Duracell de l’époque et avec « Maitre de l’Univers ». Ce morceau débute pourtant sur un gros riff avant de rejoindre le catalogue des titres fleurant bon la Vierge de Fer, époque « Drifter ». Bien campé sur des bases musicales solides, les guitares saturées inondent ce titre énergivore pourvu de soli en écho et d’une basse plombée comme le cuirassé Potemkine.

D’autres exemples de similitude pourraient être donnés mais n’est-il pas plus intéressant de regarder les détails des structures afin de dégager le style propre du groupe ?
En ce qui concerne le monument parisien, les sculptures nombreuses et variées qui ornent ses différents piliers apportent avec justesse la beauté singulière et inégalée à ce joyau de style antique et romantique. Les différents hauts et bas-reliefs mettent à l’honneur les valeurs sacrées de la Nation, les faits historiques, les grandes batailles et les personnalités de la Révolution Française ou de l’Empire mais aussi les figures allégoriques de la mythologie Romaine.
La griffe de Der Kaiser, quant à elle, réside en deux mots : heavy et speed.
On la retrouve avec délectation sur « Vengeance » envoyé tambour battant après le passage d’un hélicoptère furtif. La batterie explose sur un riffing tranchant. Un cri et la basse thermonucléaire de Thierry vous expédie en orbite géostationnaire. On remarque d’entrée le chant plus grave et enfin juste de Klod alors que ses paroles ne dérogent pas à un univers où l’étrange et l’ésotérisme se marient en toute impunité. La musicalité de Der Kaiser transpire toujours à forte dose et l’euphorie de décibels nous gagne en intraveineuse de phrasé de guitares accrocheuses, dans un esprit assez proche de ce qu’ADX proposait aussi à l’époque. Comme quoi les similitudes… Le mid tempo « Aberdeen », après son introduction à tiroirs, vaut pour son chant inspiré et son refrain guerrier dont les chœurs magistraux sont assurés notamment par un certain Phil œuvrant dans un groupe à la guillotine légendaire que rejoindra Klod plus tard pour y prendre la basse. La rythmique du titre tiendra finalement presque plus sous le métronome sec et bodybuildé de Philippe sur ses fûts que du jeu des deux guitares. Et quelle ligne de basse à nouveau !..
Quand les similitudes parviennent à nous égarer, prenons le morceau « Obsession ». La basse ultra-dominante tout au long du titre et les harmoniques de guitares redonnent du crédit à la piste Iron Maiden. Cependant, attardez-vous sur l’attaque de riffing que l’on retrouve aussi sur le pont du titre : il fait penser avec quelques années d’avance à ce qu’Helloween proposera avec « I want out » lors de son Keeper of the Seven Keys. Dommage que le mixage du chant soit à nouveau quelque peu noyé car ce bon titre soutenu avec brio par Beno et P’tit Tchong aurait égalé les meilleures productions d’un ADX dont Der Kaiser se rapprochait de plus en plus. Mentions spéciales aux accélérations saupoudrées par le groupe pendant les six grosses minutes de ce festin gargantuesque qui font plus que relancer la machine.

D’allure massive, l’Arc de Triomphe recèle de complexité.
Ses fondations exigèrent à elles seules deux années de travaux. Colosse aux pieds solidement ancrés dans le sous-sol de la rive droite, ses deux voûtes découpent avec harmonie ses quatre faces et apportent la touche d’élégance à un monument avant tout à la gloire du sang et des morts tombés sur les nombreux champs de bataille.
Der Kaiser distille aussi avec ingéniosité son savoir-faire avec trois titres aux méandres complexes et aboutis.
Première salve avec le tortueux « La proie du désir » qui oscille sur le fil d’un rasoir entre heavy et speed. Après une belle entrée en matière, le riffing se fait plus sombre et la section rythmique prend la mesure des harmoniques de leurs amis six-cordistes. Le bon chant de Klod parfois hors d’haleine aurait mérité un meilleur sort car les soli en finesse, les reprises de riff et les arpèges de guitares pullulent sur ce morceau complexe aux trappes multiples et aux paroles intrigantes. La nappe de piano introduisant « Vision de cendre » débouche sur un chant apaisé et des guitares aériennes. Le répit sera de courte durée tant l’attaque des guitares surprend, bien secondée par une grosse frappe et un pilonnage de double grosse-caisse de Philippe et la basse imposante de Thierry, intervenant fort à propos sur certains moments clefs de ce titre. Le chant, bien que mixé un poil en retrait, éclabousse ce titre et atteint un niveau d’intensité énorme en fin de piste. L’orgie de décibels semble avoir été atteinte avec ce morceau où les guitares existent et font l’effet d’un chapelet de bombes larguées sur une ville assiégée.
Et pourtant, l’orgasme sera finalement atteint sur un cataclysmique « L’arène » ! Et ses paroles délicieuses : « Dans l’arène, deux gladiateurs, chargés de sueur et bardés de chaines s’affrontent dans la peur. Leurs maux sont les mêmes ». Ceux de la vie ou de la mort bien entendu. Et le déluge sonore vous submerge dès la prise de l’espace sonore par des guitares à la fois animales et mélodiques, postées en première ligne par un mixage presque équilibré. On en redemande. Le speed prend le relai de passages plus heavy et le chant de Klod atteint une dimension féroce presque violente. Pièce de premier choix à déguster, casque sur les oreilles et verre à la main.

Alors peut-être que la prochaine fois, lors d’une visite sur cette place magnifique de Paris, vous saurez lever la tête sur ce monument emblématique. Un rapide coup d’œil n’y suffira pas. Après en avoir fait le tour, un passage souterrain vous mènera à ses pieds. L’ascension est possible ainsi que la découverte de toutes les fresques ornant chacune des faces de l’édifice.
Comme pour Der Kaiser, l’écoute attentive vaudra le coup de la grosse demi-heure consacrée. Un moment de découverte ou de ravissement renouvelé.
Finalement après « Vautours », « La griffe de l’Empire » aura été leur pièce maitresse.
Comme leur Arc de Triomphe.

Didier – Décembre 2012
A l’ère galactique, on se bat dans les cirques
Comme dans la Rome antique
A l’exemple des combattants de l’empire du crime
Les Jeux Olympiques à mobile politique
C’est la seule solution

11 Commentaires

9 J'aime

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largod - 25 Janvier 2013: Merci messieurs,
Etonnant Higgins en effet.
Pour équilibrer le tout, les deux albums ne me dérangent pas côté chant...
;.)
Hellsheimer - 25 Janvier 2013: Je préfére également Vautours. Sinon klod est encore en action puisque c'est le bassiste d'Adx.
Merci.
adrien86fr - 27 Janvier 2013: Belle leçon d'Histoire parisienne et de Heavy français Didier, merci pour cet article on ne peut plus pertinent et passionné. J'espère acquérir dans le futur ces deux précieux que sont "Vautours" et "La Griffe de l'Empire", afin de compléter une disco de hard/metal français qui en a bien besoin.
judasblade - 30 Janvier 2013: En fait, entre ADX (que j'adore) et Der Kaiser, la grosse différence c'est un super chanteur.

Techniquement DK n'est pas si loin d'ADX, les compos sont juste un peu moins inspirées (Maiden for ever)mais vraiment que ce soit sur ce LP ou le précédent, le chant est vraiment particulier.

Super chronique en tous les cas. je précise que de l'Arc de Triomphe partent beaucoup d'avenues qui sont soit le nom de généraux Napoléonien ou de victoire de l'empereur.

Il faudra y ajouter une défaite, Waterloo pour le chant.
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