L'Empreinte de Lucifer

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16/20
Nom du groupe Sanctuaire (FRA)
Nom de l'album L'Empreinte de Lucifer
Type Album
Date de parution 25 Août 2011
Style MusicalHeavy Metal
Membres possèdant cet album31

Tracklist

1.
 L'Empreinte de Lucifer
 01:12
2.
 Orage de Cuir
 03:07
3.
 Sentence
 03:02
4.
 L'Emmurée Vivante
 03:23
5.
 Société Fantôme
 03:02
6.
 Dans l'Ombre et l'Oubli
 03:13
7.
 Pris au Piège
 03:42
8.
 Comme un Loup
 04:16

Bonus
9.
 Elixir Mortel
 04:00
10.
 Berceau du Mal (Démo 2008)
 03:16

Durée totale : 32:13

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Sanctuaire (FRA)


Chronique @ MarkoFromMars

12 Mars 2013

...un cri retentit telle la foudre déchirant l'ozone, l'Orage de Cuir éclate...

Dans une très vieille église gothique, bâtie sur les corps de villageois accusés de satanisme et décimés au Moyen Age par des chevaliers teutoniques, Evald, un jeune bibliothécaire contemporain qui vient d'y être nommé pour déchiffrer de vieux manuscrits, va sans le vouloir, causer la résurrection des démons enfouis dans le sol depuis des siècles et libérer les forces du Mal qui ne tarderons pas à le posséder.
Ce synopsis est celui d'un film Italien, La Chiesa , tourné en 1989, réalisé par Michele Soavi et produit par Dario Argento pape du giallo, cinéma de genre transalpin.
Le titre La Chiesa, fût traduit dans les pays Anglo-Saxons par The Church et en France par Sanctuaire.
C'est de cette passion nourrie par Florent B. Manquat pour le cinéma fantastique que provient Sanctuaire, le nom de baptême du groupe.
Sous l'impulsion de Florent qui parvient à convaincre son fidèle lieutenant Hellex, évoluant tout comme lui dans Aldaaron (Black Pagan), le projet Sanctuaire prend vie en 2008. Par leur passion commune pour le Heavy Metal et des groupes tels que H Bomb, High Power, Sortilège , Killers et autre Vulcain, une démo , Un Autre Enfer, sera enregistrée avec quatre francs six sous et diffusée de façon ultra confidentielle (15 copies).
Les retours encourageants les confortent dans leur démarche et en 2010 L'Empreinte de Lucifer est mis en boîte. Les moyens sont limités, pas de possibilité de mettre plus à ce moment précis (300€) mais qu'importe, la motivation, la rage, la foi déplacent les montagnes. La maquette est envoyée à quatre labels et c'est sur Emanes Metal Records chargé désormais de la diffusion de l'album, que se porta le choix des deux amis parmi les trois réponses positives.
Un vif succès est rencontré en Allemagne, déclaré coup de cœur également par quelques "zines" Français. Sanctuaire trouve enfin son line-up définitif en 2011 avec l'apport de Jean-Francois Sauty (guitare), David Berbel (basse) et Cyril Broult (batterie) qui assurera les prestations live, le groupe Isèrois est armé maintenant et fin prêt à en découdre sur scène.

Mais j'en vois qui s'agitent au fond et se raclent la gorge d'impatience. L'album et les chansons alors? J'allais y venir.
Roulements de toms sur fond de grandes respirations, L'Empreinte de Lucifer, est une courte introduction sur fond de synthé. Il est là, ils sont là, ils arrivent, leurs mains se posent sur la grille, prêts à pousser et ouvrir les lourds vantaux métalliques pour entrer dans l'arène.
Le ciel s'obscurcit, prend une couleur inhabituelle, des éclairs rouge sang zèbrent le ciel, le sacrifice peut débuter. L'entame se fait sur un petit lick de guitares, puis le ton se durcit. Rythme enlevé, le chant colle aux riffs speedés comme une seconde peau, renforçant l'impact des paroles sacrificielles. Puis le tonnerre gronde à l'instar du double pédalage de Hellex, un cri retentit telle la foudre déchirant l'ozone, l'Orage de Cuir éclate, soutenu par ce petit lick entendu à l’ouverture de la piste, entêtant, obsédant, entrant définitivement dans votre tête. Nos ancêtres Gaulois craignaient que le ciel ne leur tombe sur la tête, c'est désormais chose faite.

Vous pouvez fuir, éperdument, comme ce déserteur fuyant le champ de bataille, son esprit ne pouvant supporter davantage d'horreurs. Mais vous devrez courir, affronter les éléments, vous ne ferez que retarder l’échéance, votre exécution. La Sentence est inéluctable, titre alternant les changements de rythmes, passant de rapides accélérations à la double grosse caisse sur les refrains, pour ralentir légèrement jusqu'à devenir ponctuellement lourd sur des passages faisant immanquablement headbanguer. L'ombre du Dernier Assaut de High Power plane sur le texte de cet excellent titre.
Saurez-vous surmonter votre claustrophobie? Il vous faudra affronter le speed assassin de Flo, les martèlements incessants de Hellex, tout juste espérerez-vous une issue favorable à la faveur du pont salvateur qui ralentira le rythme et vous frapperez de concert contre les murs qui se referment autour de vous. Mais la cadence reprend de plus belle, chaque note étant une brique posée l'une sur l'autre jusqu'à l'enfermement définitif. Dans une dernier souffle, vous hurlerez à l'unisson dans un cri à vous déchirer les poumons mais il n'y a pas d'issue, elle finira Emmurée Vivante. Titre qui vous laissera le souffle court avec toujours ces petits licks entêtants qui cisèlent l'ensemble comme autant de courtes respirations bénéfiques et salutaires.

Gardez le peu de forces qu'il vous reste et participez à la lutte livrée contre la Société Fantôme, cette société cynique et avilissante, de plus en plus déshumanisée et déshumanisante. Le combat est rude et inégal mais armé de riffs "thrashisants", de coups de double grosse caisse comme autant de coups de savates qu'ils seraient bon d’asséner dans certains derrières et de lignes de chant calquées sur les changements de rythme, peut-être parviendrez vous à vos fins. Un supplément d'âme insufflé et inspiré par Slayer augmente la force des impacts déclenchés par le solo final.
Pour ne pas sombrer Dans l'Ombre et l'Oubli vous vous armerez d'une six cordes en guise de glaive pointé vers ces mécréants, vous vous ferez justice sur un rythme semi-rapide et lorsque le break arrivera, vous psalmodierez votre détermination et trancherez dans le vif à l'occasion du solo définitif mais réaliserez finalement que vous êtes Pris au Piège.
Vous voudrez oublier mais tout reviendra en mémoire lorsque vous écouterez la semie-ballade Comme un Loup, dans laquelle l'auteur évoque à mots couverts, ses erreurs, ses errances, ses blessures du passé, coup de rétroviseur émotionnel, le chant est moins rageur mais la colère est présente sur les refrains. Belle ambiance nostalgique pour le titre le plus mélodique de l'ensemble.
A noter la présence de deux bonus tracks, Elixir Mortel et Berceau du Mal extraits de la démo Un Autre Enfer dont les paroles ne figurent pas dans le livret.

Cette première livrée aussi bonne soit-elle n'est pas exempte de petites imperfections.
Quelques transitions manquent un peu de fluidité, certaines maladresses sont audibles (contretemps), la production occulte la basse (ceux qui me connaissent bien savent l'importance que j'accorde à cet instrument) privant les passages lourds de plus d'impact et de profondeur, mais ces petits défauts de jeunesse ne desservent pas le propos. Ils donnent un côté primal, instinctif, un cachet authentique, notamment avec ce son de guitare brut, dont le côté "root" n'est pas sans rappeler le Rite of Chaos de Demon Eyes.

Nous avons affaire ici à du pur Heavy Metal tendance Speed. Orage de Cuir, Sentence, L'Emmurée Vivante, Société Fantôme pour ne citer que ces titres, sont des bombes qui explosent en live et vous entrent immédiatement en mémoire.
Ce disque est plus qu'un hommage à ces groupes Frenchies des années 80, cette époque révolue que certains grognards post quadra dont je fais partie chérissons, celle du Heavy à la Française, c'est une profession de foi, une vraie sensation de bain de jouvence.
Et à choisir entre une dizaine de sorties à la production clinquante, résonnant comme de grosses coquilles vides de sens et de contenu, sans âme et sans moelle et ce L''Empreinte de Lucifer, direct, sans esbroufe, sincère et rageur, mon cœur a penché.
Choisis ton camp camarade et choisis le bien car l'orage de Mars pouvant s'abattre sur ta tête a la réputation d'être dévastateur.

23 Commentaires

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TasteofEternity - 23 Décembre 2019:

Il tourne cet album depuis quelques jours en boucle et franchement je n'ai vraiment pas beaucoup à lui reprocher... Je ne suis pas partisan de retoucher la prod', elle convient aux compos, quant aux instruments, je n'en entends pas de léser. Le chant pourrait être remis en cause si les paroles ne venaient pas du coeur. Je perçois autre chose que du revival, ou du old school, plus une volonté de respecter les origines et de les honorer à la hauteur de ses moyens. Un album qui suinte la sincérité, et qui laisse éclater son talent dans une humilité farouche.

MarkoFromMars - 24 Décembre 2019:

Écouté encore y a deux jours et il me transporte toujours aussi loin, comme tu le soulignes, la sincérité dégagée est transperçante.

TasteofEternity - 25 Juillet 2022:

Je persiste cet album est une petite pépite qui vieillit très bien, du Heavy Metal originel et éternel. Un de ces plaisirs défendus que l'on se garde jalousement et que l'on se remet à l'occasion : le temps se suspend alors et la vie, dans sa course comme dans sa chute, sert le frein à main, et on reste les yeux écarquillés, la bouche bée, c'était donc aussi simple, et oui... Te voilà arrivé au Sanctuaire.

PhuckingPhiphi - 27 Juillet 2022:

Ayant réécouté ce disque il y a peu, et relisant mon commentaire initial de 2015 ci-dessus, je réalise à quel point j'ai été sévère dans mon premier jugement. Voilà un album qui transpire l'honnêteté et la passion, et qui dégage vraiment quelque chose de tout à fait touchant et unique.

Bon, les fautes d'orthographe me crament toujours autant la rétine, mais dans le fond, vous avez raison : on s'en branle.

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