Somnir est un projet metal français né en 2022 à Angers d'une idée originale et communément partagée par le pluri-instrumentiste et vocaliste Sébastien (feu Barback) et par Sonia, chanteuse au gracile filet de voix. Aux fins d'un travail en studio des plus minutieux et de longue haleine, le duo ainsi constitué ne réalisera son introductif effort, «
L'Aube de l'Espoir », qu'un an plus tard. Le temps pour le discret combo de peaufiner ses gammes et ses arpèges comme son ingénierie du son. Aussi, intégralement entonnées dans la langue de Molière, les sept pistes de ce premier EP jouissent d'une production de bonne facture, à commencer par une qualité d'enregistrement difficile à prendre en défaut et des finitions passées au peigne fin. Indice révélateur d'une sérieuse envie d'en découdre de la part de nos deux belligérants !...
Au fil des 29 minutes de son ruban auditif, cette auto-production nous immerge au cœur d'un metal symphonique gothique à chant mixte en voix de contraste, assorti de sonorités modernes et death ; un set de compositions à la fois tourmenté, crépusculaire et rayonnant nous y attend, où les sources d'influence seraient à chercher du côté de
Tristania,
Draconian,
Theatre Of Tragedy et Metalite, la touche personnelle en prime. Ce faisant, ce premier élan constituerait-il une arme suffisamment efficace pour faire de nos deux gladiateurs de redoutables opposants face à la concurrence galopante dont cet espace metal continue de faire l'objet ? Un tour du propriétaire s'impose...
C'est dans un univers ténébreux, un brin anxiogène, et sur une cadence le plus souvent alerte que s'effectue l'essentiel de la traversée, non sans nous retenir, un peu malgré nous. Ainsi, les mid/up tempi aux riffs crochetés « La Fureur de Vivre » et « La Vie Eternelle » génèrent tous deux une énergie aisément communicative. A mi-chemin entre
Draconian et Metalite, ces entraînants méfaits voguent sur d'oscillantes nappes de claviers tout en nous plongeant dans une atmosphère death gothique du meilleur effet ; deux manifestes propices à un headbang subreptice et empreints de noirceur, où les seules serpes oratoires du glaçant growler happeront sans ambages le chaland. Dans cette énergie, on ne saurait davantage esquiver « Une Dernière Danse », mid/up tempo à la confluence de
Theatre Of Tragedy et
Tristania, au regard de sa mélodicité toute de fines nuances cousue qu'empruntent deux vocalistes bien habités.
Quand il ralentit un tantinet le rythme de ses frappes, le duo tire là encore son épingle du jeu. Ce qu'atteste, en premier lieu, «
L'Aube de l'Espoir », ''tristanien'' mid tempo aux riffs épais et voguant sur d'ondoyantes rampes synthétiques ; témoignant d'arrangements instrumentaux de bon aloi, ce message musical nous gratifie parallèlement de growls frissonnants dispensés par le vocaliste patenté, auxquels succèdent les claires impulsions de la sirène. Et la sauce prend, in fine. Dans cette mouvance, on pourra encore opter pour le ''draconien'' mid tempo « Vaste », une offrande à la fois déchirante et tourmentée, soulignée tant par de glaçantes distorsions que par les abyssales inflexions de Sébastien. Mais là n'est pas l'argument ultime de nos acolytes pour tenter de nous rallier à leur cause...
Lorsque l'atmosphère se fait plus tamisée, nos compères trouvent à nouveau les clés pour nous assigner à résidence. Ce qu'illustre, d'une part, la ballade progressive «
Extinction » ; entamée tout en douceur sous couvert de délicats arpèges pianistiques et des caressantes et angéliques patines de la belle, la tendre aubade recèle une insoupçonnée et grisante accélération imprimée par les growls caverneux de son acolyte, avant que ne retombe la pression quelques secondes avant la chute finale. Sur un même modus operandi, et tout en glissant le long d'une engageante rivière mélodique, la ballade gothico-progressive « Les Larmes du Soleil » laisse simultanément entrevoir de sémillantes montées en régime de son corps orchestral. Et la magie opère, là encore.
Au terme d'un parcours à la fois palpitant et frissonnant, force est d'observer que nos compères parviennent à aspirer le tympan sans avoir à forcer le trait. Variant ses phases rythmiques et ses ambiances à l'envi, témoignant de joutes oratoires finement esquissées, et jouissant d'arrangements instrumentaux de bon aloi, cet opus se suit de bout en bout sans encombre. Pour se sustenter, on aurait peut-être souhaité des exercices de style plus diversifiés qu'ils n'apparaissent, par l'octroi d'instrumentaux et/ou de fresques, notamment, ainsi que quelques prises de risques supplémentaires consenties par l'inspiré duo. Une technicité instrumentale et vocale déjà affirmée et des lignes mélodiques aussi avenantes qu'exigeantes dans leur process d'écriture sont néanmoins à mettre au crédit de nos acolytes. Bref, un premier mouvement aussi pénétrant qu'énigmatique, susceptible de porter le combo angevin parmi les sérieux espoirs de ce registre metal. Wait and see...
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