Liste des groupes Metal Tuoni Kuolonpyörä

Tuoni est un groupe roulant sa bosse dans l'univers metal depuis déjà plus de dix ans. Cependant, les finlandais ne semblent pas jouir d'une côte très élevée et ce malgré déjà 2 full-leghts à leur actif. En 2009, deux ans après leur second album "Tuli Kulkee", les trois membres fondateurs du groupe recrutent un nouveau guitariste en la personne de Tomi Luoma. Le processus créatif n'aboutit que cinq ans plus tard sous la forme de ce "Kuolonpyörä", troisième album auto-produit de Tuoni, arrivé sept ans après son prédecesseur.

Ce nouveau disque est muni d'un artwork assez singulier, présentant une sorte de procession circulaire de fantômes, dans des tons de couleur plutôt dérangeants. Tuoni étant le dieu des morts dans la mythologie finlandaise, on se dit que le tout colle somme toute assez bien. Neuf titres sont proposés pour un total de quarante minutes. Le quatuor de Lahti va-t-il parvenir à nous renverser sur cette troisième offrande ?

Tuoni n'évolue pas dans un registre précis que l'on pourrait aisément décrire. Le terme "modern metal" (qui est un peu appliqué à tout-va ces derniers temps je le concède) semble être l'appellation qui sied le mieux à la musique du combo. Le maître-mot sur ce nouvel album c'est la puissance et le premier atout du groupe dans cette optique est son batteur. Asku Hanttu (qui s'occupe également du chant clair, on en reparlera) livre une prestation de haute volée : double-pédale furieuse, blast-beats fulgurants ("S.A.N.O. S.E.", "Totaalisen Hulluuden Tila"), breakdowns et surtout une quantité affolante de breaks dévastateurs. On a l'embarras du choix mais ceux de "Piina" (reprise de "Breathe" du groupe The Prodigy) et "Hiljaisuus Tappaa Rauhan", d'une sauvagerie peu commune, devraient vous donner un aperçu alléchant.

Les riffs du nouveau venu Tomi Luoma profitent alors de cette assise rythmique inamovible. Ceux-ci sont lourds (ce qui augmente cette sensation de puissance) avec une coloration indus assez prononcée ("Räsäinen Risti"), souvent pas très compliqués mais foutrement accrocheurs et qui donneront des envies de headbang intempestives à l'auditeur. Le groupe n'hésite pas non plus à utiliser l'électro, souvent de manière discrète, parfois de façon plus ostentatoire, comme sur "Ensimmäistä Viimeistä Päivää" ou le morceau-titre et leurs synthés pimpants qui rappellent The Unguided dans l'esprit.

De la première à la dernière minute, tout n'est que puissance et sauvagerie, le groupe ne calmant que rarement le jeu (sur la première partie de "Raja" au crescendo prévisible mais cependant tellement jouissif). Les compos sont délibérément accrocheuses, l'album nous offre même quelques tueries, "S.A.N.O. S.E.", "Ensimmäistä Viimeistä Päivää" ou le morceau-titre notamment. L'utilisation du chant clair fera peut-être débat car même si il est de très bonne qualité (et que la variété des chants est appréciable), il aurait pu être incorporé avec un peu plus de parcimonie, laissant davantage de place au scream magistral de Jaako Teittinen. Le frontman, déchaîné, s'époumone tel un damné sur tout le disque, parachevant ce tableau de rage et de sauvagerie débridée.

Dernier point à noter, à l'image d'autres formations de son pays (Ruoska, Synesthesia), Tuoni chante exclusivement en finnois, ce qui, au-delà de mettre le chroniqueur dans l'embarras pour ce qui est des contenus textuels, apporte une originalité (voire un exotisme) supplémentaire. En somme, pas grand chose à jeter sur ce nouveau méfait du groupe (à la production elle-aussi en béton) : un concentré d'énergie sauvage qui devrait d'une part faire merveille en live, d'autre part permettre à Tuoni d'entrer dans la lumière. Ce qui serait, au vu de cet effort, largement mérité.