Minas Morgul n’est pas un nouveau-né sur la scène black païenne allemande : ce
Kult qui sort chez
Trollzorn est précisément leur sixième album et vient à point nommé pour fêter les vingt ans d’existence de la troupe. Si vous connaissez déjà la formation et avez écouté leur album précédent, vous ne serez pas surpris par cette nouvelle livraison, qui reprend à peu de choses près les choses là où
Ära es avait laissées en
2012.
Les Allemands officient dans un metal à la fois direct, efficace et robuste à la teutonne, où le côté extrêmement carré est admirablement rendu par un son puissant, froid et mécanique nous collant au mur et laissant parfaitement sa place à tous les instruments.
Sur les dix titres de l’album, les musiciens vont à l’essentiel, livrant un black viril mêlant habilement agressivité, - notamment grâce au jeu très carré du batteur qui ne lésine pas sur la double pédale et est capable de fournir de belles parties de blasts à l’occasion - passages épiques (Abschied, qui ressemble à une version black d’
Amon Amarth, la fin de Leere) et mélodies tristes (la mélancolie parfois un peu maladroite de Ein teil von Mir, le break de Scherben). Le tout penche très largement vers le death mélodique et épique dans le rendu, avec ce mid tempo à la fois lourd, groovy et irrésistiblement entraînant (Qui a parlé d’
Amon Amarth ? Merde, je l’ai déjà fait !), et les parties de clavier, très discrètes, viennent juste renforcer les ambiances admirablement posées par les guitares, Saule et
Herr Ewald tirant de leurs instruments des riffs tour à tour guerriers et lancinants qui ressuscitent à nos esprits nostalgiques les exploits de vaillants héros oubliés depuis des siècles.
Non,
Minas Morgul n’est pas vraiment original, rappelant beaucoup des groupes comme
Obscurity ou Varg, mais il reste le héraut d’une certaine tradition teutonne, fière et rugueuse, et d’un savoir-faire qui a tendance à se perdre sous le déluge folk symphonico-pouet-pouet qui inonde la scène d’aujourd’hui. Ces 47 minutes restent très homogènes et compactes, pouvant sembler un brin monolithiques tant les Teutons abusent de ce mid tempo lourd et guerrier, avec ces saccades grondantes de guitare et le fracas de la batterie qui rappelle le choc des armes sur un champ de bataille, et il est vrai que le tout souffre de quelques répétitions, avec des titres aux structures très similaires (les riffs de Bevor ich gehe et Scherben qui se ressemblent beaucoup), ou des morceaux comme XX qui n’apportent pas grand-chose et sont un peu en dessous du reste. Ceci dit, dans l’ensemble, l’écueil de l’ennui est évité, et l’album s’écoute sans déplaisir grâce à un savoir-faire indéniable et quelques timides variations qui viennent sauver l’album d’une trop grande linéarité : le chant clair – et faux ! - de Ein teil von Mir, le refrain de Leere, avec un petit feeling gothique pas déplaisant, Nur eine Kugel et son entame aussi simple qu’irrésistible, hymne féroce au headbang…
En conclusion,
Kult ne changera pas la face du black metal,
Minas Morgul se contentant de faire ce qu’il sait faire, sans prise de risque aucune – le format des chansons, toutes entre 4,30 et 5,44 minutes mise à part la courte piste introductrice, en témoigne – à savoir un black metal majoritairement mid tempo, brut, simple et basique porté par des guitares aux riffs tantôt saccadés, épiques ou plus traînants et mélancoliques. En gros, deutsche Qualität et deutsche Zuverlässigkeit comme le dirait une certaine pub d’automobiles, par contre, pour les deutsche Originalität et Diversität, il faudra repasser…
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