Comme beaucoup de groupes de Black
Metal nés dans la première moitié des années 90,
Abusiveness a débuté sa carrière en étant fortement influencé par la scène norvégienne, en perpétrant notamment des reprises de
Darkthrone. Jusqu’à la fin de cette décennie, la scène du pays reste très majoritairement underground, mis à part
Graveland et
Behemoth qui se sont fait un nom en dehors de la Pologne.
Après une série de démos donc, passage obligé pour faire ses preuves,
Abusiveness franchit le pas de l’enregistrement d’un album complet, et le moins que l’on puisse dire c’est que ça ne démarre pas au mieux : enregistré en 2000, leur album intitulé Krzyk świtu (2002) ne sort que deux ans plus tard, et sur Strong
Survive : un obscur label spécialisé NS, RAC, Oï ! Ben voyons ! Sans leur faire un procès d’intention parce que d’une je ne suis pas un adepte de la cancel culture, de la chasse aux sorcières et du « ouin-ouin cédénazis », et de deux ce sont peut-être des supers mecs (si il suffisait d’être de gauche pour l’être, ça se saurait), on ne pas se voiler la face : les musiciens polonais de Black
Metal sont rarement des membres de la licra ou du parti socialiste.
L’intro très
Pagan du premier morceau Krzyk świtu laisse rapidement place à un déluge de blast-beat et du clavier façon trve brutal sympho Black
Metal avec une basse inaudible, mais c’est là qu’on s’aperçoit rapidement que l’orientation politique du label est le cadet de nos soucis sur ce disque, qui est surtout plombé par une production imbitable. Dans un registre plus mid tempo, Mogiła semble lorgner vers un
Arcturus du pauvre, pas dégueulasse mais vraiment pas mis en valeur par ce son paradoxalement très communiste et qui sent le truc enregistré dans le kolkhoze avec trois bouts de ficelles.
Dommage, car Źródło mej mocy notamment, est plutôt bien agencée entre la force d’un
Emperor et la violence d’un
Frozen Shadows. On dirait que nos polaks ne savent pas choisir entre Black dit symphonique / pagan, et l’hyperspeed teinté de Death
Metal dont
Infernal War ou
Thunderbolt deviendront par la suite les meilleurs représentants du pays.
Soyons justes : les compositions sont honnêtes, les passages de guitare acoustique de Krwawa łza horyzontu sont plaisants, les riffs de Denga sont bons et le morceau intense, mais tout cela n’avait aucune chance d’impressionner le monde en 2002, l’année où tout va plus vite (
Impiety,
Nile,
Hate Eternal,
Crystalium,
Origin, pour citer quelques disques supersoniques de cette période).
Krzyk świtu est un effort UG correct, mais truffé de défauts. On y découvre notamment le jeu du batteur Wizun qui martyrise sa caisse claire à loisir, mais autant vous dire que ce n’est qu’un brouillon et que sur le suivant
Abusiveness va monter le niveau de plusieurs crans.
BG
"mais vraiment pas mis en valeur par ce son paradoxalement très communiste et qui sent le truc enregistré dans le kolkhoze"
Magnifique.
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