Liste des groupes Hardcore Sna-Fu Knives & Bells

Parfois, on a envie de chroniquer un album en particulier. Puis on se dit que l’on s’en occupera plus tard, que certains groupes attendent déjà leur tour alors qu’eux ne m’on rien demandé. Et puis c’est avec un sentiment de blasitude absolue que l’on en apprend depuis peu la séparation. Alors je me suis demandé légitimement si ma chronique valait le coup de se retrouver en ligne. Puis finalement oui, juste parce que ce disque est une très belle trouvaille de cette première moitié de l’année 2014.

Sna-Fu Grand Désordre Orchestre est donc un groupe Parisien sortant leur troisième opus, « Knives & Bells » par l’intermédiaire de deux labels valeurs sur Français : Klonosphere et Season of Mist. Sna-Fu, qu’est-ce ? Du grand désordre ! Rarement groupe n’aura aussi bien porté son nom. Musicalement, on va grossir la chose en ce disant que l’on se retrouve avec un Hardcore/Punk’n’roll complètement dégénéré et usant avec une ingéniosité rare le contre-pied musical le plus complet, apposant des coupures en tous genres dans leur piste, dans le seul but de déstabiliser et surprendre son auditeur, offrant un mélange savoureux de sonorités vintage avec quelque chose de très moderne.

La furie débutera dès « Furious and Fast » », déclinant avec une certaine folie des riffs complètement désaccordés et une rythmique sur-vitaminée, entrecoupant ces moments d’un passage plus hip-hop relayé par des guitares puissantes et furieuses. L’ambiance ne ralentira pas sur l’enivrante « You Don’t Like This Song » à l’instrumentation résonnante, aux chœurs pop proprement géniaux et à ce refrain hystérique de puissance et d’enthousiasme. Tout est déposé avec une justesse judicieuse, comme sur « That’s All I Got » à la rythmique rock et remuante, mélodique et catchy, comme sur cette basse au groove fantastique.

Ce grand bordel n’en finira pas de surprendre par ses multiples changements de registres, n’hésitant aucunement à proposer un Punk-Pop plus vintage et écrasant sur un « Gangs » déglinguant par son atmosphère massive. On en finit plus avec ce Rock’n’roll gueulard qu’est « Serial Deaths Lane », peut-être un peu moins inspirés, mais pas moins remuante et dansante. Une atmosphère 80’s et chœur pop, voilà ce qu’il faut pour manier ce Punk virulent ressortant des enceintes d’un « Deadosaurs » emballant.

Sna-Fu surprend par moment, avec une volonté de mettre en avant un côté plus émouvant de leur musique. « Catrina » et son introduction de basse (faisant un peu trop penser à un certain titre de Queen) se verra joliment mise en valeur par un chant plus criard, mais non dénué d’émotion. Plus lent, plus lourd, plus bluesy ; une ballade hypnotique et intéressante. La réverbération ambiancée d’ « I Hate Berlin » et ses transitions de batteries lourdes et de guitares délicates s’accorderont à merveille avec ce chant clair plus mélodique, jusqu’à trouver un point de destruction dans cette tornade de riff mélo et de double sur le final. Plus pressant et atmosphérique, exactement dans le même ordre d’idée qu’ « All in ». Des hurlements plus Core, des riffs lourds d’ambiance, des accélérations judicieuses, mais surtout une conclusion portée dans une maîtrise des atmosphères et d’une certaine forme de mélancolie excellente.

Bien évidemment, nous sommes surtout ici pour sauter en rythme sur des hymnes comme « I’ll Give You Money » et cette atmosphère désordonnée complète, donnant une belle impression que l’ensemble des instruments sont complètement en décalage complet avec le rythme dans une déconstruction funky et entraînante, jusqu’à ces cris de dégénéré. Ce groove permanent de « Clairvoyant » obsède par son atmosphère bordélique et à contretemps, entre mélodie et lourdeur, entre pop et rock. Avec break en tous genres, passage tantôt catchy, souvent affolant de groove, gras et propreté mélangé, « Rising » conclut en beauté ce qui sera l’ultime œuvre de cette bande de dégénérée qu’est le Sna-Fu Grand Désordre Orchestre.

Ce « Knives & Bells » est un bordel de subtilité, d’imperfection devenue marque de fabrique, de brouillon dorénavant ingénieux. Un disque de ceux qui foute en forme, dont la folie est contagieuse dont l’envoutement nous déséquilibre. Il y a bien certains passages qui manquent peut-être de folie, d’autres qui se repose sur des inspirations trop évidentes et une voix parfois nasillarde se révélant possiblement énervante, mais il en reste un album déchainé et énergique, force positive dans une triste ambiance délétère. On ne peut souhaiter dorénavant qu’une bonne continuation aux différents musiciens officiant dans cet orchestre décalé. Et peut-être à bientôt !