Quand sur la photo de présentation d'un groupe, t'as des t-shirts Slipknot et d'autres à l'effigie de South of
Heaven, tu te dis deux choses : un, ces mecs ratissent large, et deux, on risque d'avoir un melting pot d'influences par forcément compatibles entre elles. Auteurs d'un premier EP en 2016 (
Insanity Chaos chroniqué dans les deux mags-papier Français -Rock
Hard et Metallian pour les incultes), les cousins Victor et Lou Zambon (chant/guitare, batterie) rejoints par Clément et Lucas (guitare, basse) autoproduisent leur premier full-lenght avec ce
Kingdom of Hatred, en CD au format Digipack fort professionnel.
C'est plutôt du côté de la scène death mélodique moderne qu'il faut aller pour situer globalement le propos musical de Bloody Alchemy (
Arch Enemy dernière mouture, en gros). Ainsi, après une intro format cinémascope, "The Storm" et "A World in
Agony" (ce dernier appuyé par Julien Truchan de
Benighted le temps de quelques grognements) présentent un propos au son résolument moderne, aux riffs syncopés, et à la démarche assez typique de la scène death mélo de la décennie. Les morceaux sont directs, souvent renforcés de breaks jumpy ("
Insanity Chaos") pas forcément originaux, mais tiennent la route pour qui est fan du genre. Rajoutons un petit côté "core" de ci de là et le cadre est posé, avec des titres faciles d'accès, parfois sublimés par des petits leads bienvenus.
L'album est divisé en deux parties par le court instrumental "Interlude". "The
Blood Reign" reprend la même recette à base de growls, de rythmes saccadés et de parties plutôt plaisantes dans ses harmonies, sans toutefois dépasser la vitesse autorisée. Il est à noter que tous les titres déjà présents sur le E.P. (sorti de manière plutôt confidentielle, il est vrai) sont reconduits ici. A ce titre, l'album est plutôt une extension de ce E.P.. "The
Fight" (visible et en écoute ci-dessous) apporte une note plus mélodique, avec des chorus de guitares entraînants, malheureusement gâchés par des "hey" bien malvenus et caricaturaux. Privilégiant l'efficacité, les compositions font la part belle à l'accroche immédiate, souvent en mid-tempo (l'entêtant "Control") et on se dit que ces jeunes gens ont une marge de progression importante, car les bases de composition sont là ("
Kingdom of Hatred" au riff introductif bien trouvé et meilleur titre du disque, avec sa structure fort réussie, faisant presque paraître les autres titres un peu fades). Les 32 minutes de l'album, avec une intro un interlude et une outro manquent également de contenu, surtout si l'on tient compte des 3 titres repris du E.P. précédent. Bloody Alchemy a ainsi préféré sortir du matériel vite. Un choix assumé de sortir un album plutôt qu'un nouvel E.P. donc.
Sur les chapeaux de roues, Bloody Alchemy propose ici une carte de visite sympathique, accrocheuse et ancrée dans son temps, avec quelques défauts de jeunesse bien visibles. Avec sans doute plus de variations à l'intérieur de ses titres, à l'image du final "
Kingdom of Hatred", et une expérience à acquérir (rappelons que le groupe n'a qu'un an de concerts à son actif), Bloody Alchemy pourra se positionner comme un espoir en devenir de la scène death mélodique Française. Reste une alchimie à trouver, ce que le nom du groupe laisse on l'espère envisager.
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