En 2019,
Lorna Shore annonçait l’éviction de son vocaliste CJ McCreery à la suite d’allégations d’abus sexuels. Alors que le chanteur avait remplacé Tom Barber qui est devenu le frontman de
Chelsea Grin, sa liaison avec la formation de deathcore n’aura duré le temps d’un opus
Immortal qui aura cependant amené ses membres sur le toit de l’Olympe avec un blackened deathcore au savoir-faire exceptionnel. On apprendra également que les relations au sein du collectif étaient excessivement tendues avec une signature chez
Century Media Records qui n’était pas au goût de tous, des différends musicaux lors de la publication de l’album mais aussi des déclarations racistes qui ont poussé l’artiste vers la sortie.
Trois années se sont ensuite écoulées avant que notre interprète refasse surface avec la création d’un nouveau projet nommé
Immortal Disfigurement. Pour l’accompagner dans ce challenge, CJ McCreery a fait venir Josh Freeman à la guitare (ex-
A Wake In Providence, ex-
Enterprise Earth), Shane
Slade à la basse (ex-
Fit For An Autopsy) et Leo McClain à la batterie (ex-Worm
Shepherd). La lineup est très expérimentée avec des anciennes formations en devenir ou déjà incontestable dans le deathcore. Le combo nous a d’ailleurs montré l’étendue de leur virtuosité avec quelques singles de très bonne facture. C’est donc fort de ses nombreux talents que le quatuor révèle son premier disque
King, le tout en autoproduction.
Sans véritables surprises, on retrouve les Américains dans un registre blackened deathcore qui n’est pas sans rappeler l’ancienne formation de notre vocaliste. La recette est d’ailleurs sensiblement la même avec un véritable travail d’orfèvre effectué sur les arrangements orchestraux. Leur éclosion est d’ailleurs immédiate car dès le morceau d’ouverture éponyme, les violons s’entremêlent avec les chœurs pour une atmosphère digne d’un anéantissement prochain.
Ce pressentiment se confirme sans attendre avec un riffing grave et des percussions impétueuses. Le vocal écorché et carabiné n’a rien perdu de sa superbe et on découvre même quelques curiosités assez surprenantes. La plus notable d’entre elles surgit lors du second breakdown avec une voix qui s’apparente à une porte qui grince, déconcertante mais néanmoins rafraîchissante.
Sur les prestations vocales, notre chanteur a sérieusement étoffé sa palette principalement dans les nuances les plus rauques. Sur la panne finale de Crimson Vision, on peut parfaitement constater cette performance dans ces tons caverneux qui sont colossaux. Cependant, on ne peut pas cacher notre pointe de déception sur des éventails éraillés typés black metal qui se comptent sur les doigts d’une seule main. On en profite l’espace de quelques instants sur Into The Fog (
Isolation) mais on demeure dans un répertoire relativement classique et sans l’once de folie que l’on discerne dans d’autres formations. On aurait aussi apprécié entendre plus de techniques vocales et on sent que notre vocaliste persiste dans sa zone de confort.
Les instrumentaux n’ont pas vraiment comme objectif de révolutionner la scène blackened et les schémas viennent nous le rappeler avec des structures entre les morceaux très semblables. En ce sens, nous avons régulièrement la même écriture couplet-refrain suivie d’un solo de guitare et d’un breakdown. Certains titres tentent de briser ce code à l’instar du final de
Home Out Of
Hell avec sa guitare acoustique mélancolique ou encore
Showcase ov Phlegm et son solo en fade-out. Mais dans son ensemble, la qualité d’exécution et la technicité du quatuor américain est irréprochable. En revanche, nous serons bien plus impitoyables sur une production cacophonique, notamment dans les drops. Ce sont sur les breakdowns que le mixage souffre particulièrement comme celui de
Sacrificial Submission où le rendu est confus et assez disgracieux. Fort heureusement, on profite de touches au piano avant cette panne qui nous laisse une sensation globalement positive.
Immortal Disfigurement signe un premier opus solide mais non exempt de quelques faiblesses. Si le quatuor américain dompte d’une main de maître son registre blackened deathcore et fait preuve d’un savoir-faire indéniable, l’album peine à sortir des sentiers battus avec des œuvres répétitives et une production largement perfectible. Toutefois, l’ensemble est efficace et est porté par la performance vocale impressionnante d’un des meilleurs vocalistes de la scène deathcore, bien qu’elle ne parvienne pas toujours à surprendre et par des assemblages orchestraux élégants. Le collectif témoigne d’un potentiel certain qui pourrait, avec davantage d’audace, franchir un cap important.
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