Liste des groupes Heavy Symphonique Mitsein Keep Walking

Impulsée par une sérieuse envie d'en découdre, la formation brésilienne cofondée en 2016 à Brasilia par le fin guitariste/bassiste et compositeur Jeff Oliveira et la chanteuse au chatoyant grain de voix et parolière Cristienne Graciano n'aura pas mis bien longtemps pour revenir dans la course. En effet, guère plus d'une seule année sépare son second et présent EP, « Keep Walking », de son prédécesseur, l'introductif et encourageant EP « I'll Find My Way ». Resté prudent dans sa démarche car conscient des risques courus à se lancer tête baissée dans ce si concurrentiel registre metal, préalablement à la réalisation de son second mouvement, entre décembre 2020 et mars 2021, l'inspiré collectif sud-américain enchaînera néanmoins la bagatelle de quatre singles (« Decide », « Not Over », When Lights On » et « End of the Line » successivement) ; soit quatre des cinq inédites pistes de cette nouvelle et modeste auto-production. Ce faisant, les 27 minutes de la galette seraient-elles à même de venir déloger leurs homologues, toujours plus nombreux à affluer, et permettre à nos acolytes de se hisser désormais parmi les espoirs de cet espace metal ?

Dans cette aventure, aux côtés de Jeff et Cristienne, embarquent Guilherme Marcos à la basse et Aquiles Lima derrière les fûts. De cette collaboration naît une œuvre impulsive, chatoyante et non dénuée de sensualité, d'obédience rock'n'metal symphonique gothique, aux relents power et progressif ; une orientation stylistique plaçant désormais le projet au carrefour entre Lacuna Coil, Evanescence, We Are The Fallen et Ancient Bards. A l'instar de son aîné, l'opus a été enregistré, mixé et mastérisé au 1234 Recording Studio, à Brasília, par Pedro Tavares (déjà sollicité par Device et Isaurian), le message musical ne concédant alors que d'infimes sonorités résiduelles tout en assurant une péréquation de l'espace sonore entre lignes de chant et instrumentation, Mais pénétrons sans plus attendre dans la cale de la goélette...

A l'instar de sa devancière, c'est sur une cadence le plus souvent mesurée que s'effectue la traversée, la rondelle disséminant par ailleurs de sémillantes séries de notes dans son sillage. Ce qu'atteste, d'une part, « End of the Line », ''lacunacoilesque'' mid tempo mélodico-progressif aux riffs grésillants. Doté de couplets finement ciselés, relayés chacun d'un refrain certes convenu mais immersif à souhait et mis en exergue par les chatoyantes inflexions de la sirène, pourvu en prime d'un fringant solo de guitare, ce tubesque effort ne se quittera qu'avec l'indicible espoir d'y revenir, histoire de plonger à nouveau dans cet océan de félicité. Dans cette énergie se glisse « Decide », enveloppant mid tempo aux riffs épais greffés sur une rythmique féline, au débit tempéré et quasi métronomique. Dans le sillage de We Are The Fallen, cet enivrant effort joue lui aussi dans la catégorie des hits en puissance qui ne vous lâcheront pas d'une semelle.

Lorsque les lumières se font tamisées, toute tension s'évanouira d'un coup d'un seul, nos acolytes nous adressant par là même leurs mots bleus les plus sensibles. Ainsi, l'accroche s'effectuera aux fins d'une poignée de secondes sous l'impact de l'infiltrant cheminement d'harmoniques dont se pare « When Lights On » ; une somptueuse et opulente power ballade progressive aux riffs ronronnants et mise en habits de soie par les hypnotiques volutes de la maîtresse de cérémonie. Fortement chargées en émotions, émotions que l'aficionado du genre intimiste éprouvera quelques difficultés à endiguer, et qui ne sont pas sans renvoyer à un Ancient Bards de la première heure, les quelque 6:43 minutes de l'instant privilégié sauront faire plier l'échine à plus d'une âme rétive.

Quand de puissants et véloces coups de boutoir se mettent à pleuvoir, nos compères trouvent à nouveau matière à nous assigner à résidence. Ce qu'illustre « Not Over », un ''evanescent'' up tempo au léger tapping, sous-tendu par l'inaltérable vrombissement de sa basse et encensé par les sensuelles impulsions de la déesse ; essaimant une énergie aisément communicative et maintenue en l'état jusqu'à l'évanouissement de son ultime mesure, l'entraînant méfait poussera assurément le chaland à un headbang bien senti. Plus énigmatique et variant ses phases rythmiques à l'envi, à la manière de Lacuna Coil, le nerveux et orientalisant « Keep Walking », quant à lui, déploie une sidérante force de frappe tout en instillant judicieusement ses breaks, nous plongeant dès lors au cœur d'un vaste champ de turbulences, propice à magnétiser le tympan de bout en bout de notre traversée.

Au terme d'un périple aussi chatoyant et énergisant qu'émouvant, on a le sentiment que combo brésilien a dorénavant relevé le niveau de ses exigences techniques et esthétiques d'un cran. Certes, les exercices de style ne s'avèrent pas moins convenus qu'autrefois, le propos pas des plus variés sur les plans atmosphérique et vocal au moment où les prises de risque demeurent encore à la peine. Octroyant toutefois une ingénierie du son plus aguerrie, des sentes mélodiques travaillées plus en profondeur et des plus impactantes, mais aussi une identité artistique en voie de consolidation, c'est dire que l'inspiré quartet sud-américain aurait les armes requises pour se hisser parmi les espoirs de ce registre metal à ne pas négliger. Dans l'attente à peine voilée d'un album de longue durée...