Liste des groupes Folk Metal Avven Kastalija

De Slovénie, on y prélève des ours que l’on fait passer pour ceux des Pyrénées, des animaux déboussolés dans un milieu qui n’est pas le leur. D’autres représentants de la nature vertueuse de ces vertes contrées n’auront pas besoin de s’acclimater aux pentes raides comme ces seigneurs des forêts. Ces représentants sont les membres d’« Avven », formation de folk metal fondée en 2003. Elle est aujourd’hui rendue à son deuxième album studio, 5 ans après « Panta Rhei ». Après quelques menus changements et le départ de sa chanteuse Evelyn, le groupe emmené par son chanteur Anam est aujourd’hui stabilisé. « Kastalija » est à l’image de sa pochette, simple, rafraichissant. Du moins il donne envie d’y goûter encore et encore.

Un air celtique enchanteur nous salue sur « Zmaji ». Une danse joyeuse encouragée par le violon, la flûte et l’accordéon. Un titre folk par essence, par excellence. Les sauts de cabri du violon feront notamment songer au prestigieux « Mägo de Oz ». Un titre purement jouissif, soulevé en break par un air de trompette, venu apporter à cette convivialité verdoyante une certaine dimension épique. Après la lisière des forêts, nous voilà plonger plus à l’intérieur. La lumière ne figurera que par colonnes à travers les arbres. Une sensation de clair-obscur qui s’emparera du superbe « Vvile ». Un véritable moment d’épanouissement, de sensualité, des airs cristallins. Le chant clair d’Anam se montre redoutable, bien qu’il se fasse surprendre en toute fin par le chant féminin fantomatique d’Evelyn en guest. « Ros » est l’incarnation type du clair-obscur chez « Avven », des passages solides et forts alternent avec des instants de douceur et de sensibilité. Le chant masculin d’un côté, le chant féminin de l’autre. Les guitares d’un côté, le piano de l’autre. Deux mondes qui se séparent, qui ne font que se regarder tour à tour. C’est le plus fort des deux qui finit par gagner.

La dureté, la richesse d’une nature impitoyable. Un paysage que nous reproduit « Hej Ti! ». Quoiqu’on pourra lui reprocher son riffing quelque peu sommaire et sa linéarité. « Avven » affichera des prétentions plus conquérantes sur son très bon « Tarak ». La voix se charge en testostérone et nous invite à enfiler notre cuirasse et nous battre. Un hymne guerrier malgré la présence du chant féminin et de l’harmonie prononcée du violon. « Avven » n’a pas oublié de nous initier préalablement à la fête sur les airs traditionnels d’« Ibo », ponctué d’influences à « Korpiklaani ». La présence de l’accordéon n’y est pas pour rien. Rien à voir avec la quiétude de « Nuala », froid, calme, fredonné. Aucune tension ne se profile dans le chant en duo, même si le chant masculin finit par reprendre le dessus. Les mélodies piano sont une invitation au repos.

« Avven » fait étalage de sa polyvalence. En témoignera surtout les trois derniers titres de « Kastalija ». « L.78 » nous offre toute la beauté d’un chant très classique. On pourra alors se rendre compte de toute la beauté de cette langue qu’est le slovène. Le titre paraît étrangement moins folk, malgré l’activité de l’accordéon et du violon. Les voix venues en renfort sur le dernier tiers ne donneront pas l’effet magique escompté. Dérangeantes plutôt. La magie qui fait ici quelque peu défaut, s’emparera certainement de « sPain ». Morceau passionné, fin. Un instant andalou au coin du feu. Une musique qui jouera davantage sur la multi culturalité. On ira de surprise en surprise jusqu’à atteindre le troublant « Tornach ». Un titre plus long dans la durée, quasi surnaturel. Clavecin, violon viennois et growl en perturbateurs. L’auditeur aura un peu d’appréhension à l’écoute de ce chant moyennement maîtrisé. Mais outre le chant, difficile de cerner ce climat, ce folk en ébullition, témoignant de la richesse ambigüe de la nature.

Une autoproduction qui fera des envieux. C’est une certitude à l’écoute de ce folk très accessible, que nous interprètent les slovènes d’« Avven ». « Kastalija » aurait très bien pu être une boisson fraîche à la chlorophylle. Naturelle et désaltérante. Nous avons en fait un disque qui conjugue également ces deux qualités, même si on note de brefs instants de troubles, quelques impuretés dans le verre tout juste perceptible. « Avven » signifie « avenir ». À l’écoute d’un disque aussi plaisant on pourra effectivement se dire que l’avenir d’« Avven » est tout tracé. « Kastalija », le breuvage slovène à boire sans modération. Santé!

15/20