« Rien n’est terminé ! Rien ! Tout continue à cause de vous, ce n’était pas ma guerre ; c’est vous qui m’avez appelez, pas moi ! J’ai fait ce qu’il fallait pour gagner mais on n’a pas voulu nous laisser gagner... Et je suis revenu dans le monde et j’ai vu ces larves m’attendre à l’aéroport, me conspuer comme un criminel, ils m’ont traité de toutes les saloperies ; ils m’ont appelé le boucher... Qui sont-ils pour me faire des reproches, qui sont ils ; est-ce qu’ils étaient à ma place en pleine jungle ? » Les cinéphiles amateurs de blockbusters américano-virils des années 80 auront très certainement reconnu le personnage du vétéran de la guerre du Vietnam et vagabond John Rambo alors incarné par l’acteur Sylvester Stallone au travers de la transcription francophone de cette réplique intervenant au cours de l’épilogue du long métrage « Rambo :
First Blood » de Ted Kotcheff (1982). Premier volet d’une trilogie culte ayant sans doute flatté les testostérones de certains au point peut-être de s’inscrire en centre de remise en forme, la prépondérance et l’influence relative de ce film et de ses deux successeurs dans la culture populaire occidentale se sont mesurées jusque dans les sphères de notre seule et unique raison de vivre à tous : le sacro saint hard rock/heavy metal.
Né Robert William Athas, l’être artistique de
Kane Roberts se veut être dans l’esprit du commun des mortels indissociable de celui du mythique
Alice Cooper, grand maître invétéré du shock rock si il en est. Alors guitariste d’un groupe amateur sans grande prétention de
New York City dans le contexte duquel il s’adonne sans ménagement au lifestyle « sex, drugs & rock n’ roll », le bodybuilder et accessoirement six-cordiste
Kane Roberts s’avère être recruté par le natif de Detroit en compagnie d’un certain
Kip Winger dans le but d’apporter puissance et flamboyance à l’image de Cooper qui se doit de ne pas rater le virage de la seconde partie des 80’s voyant alors se développer et s’épanouir de nombreuses entités hautes en couleur dont le visuel semble primer invariablement sur la quintessence musicale intrinsèque à l’instar des immuables
Ratt, Mötley Crüe et autres
Poison notamment. Après avoir enregistré et tourné pour le compte des esthétiquement remarquables au sens propre du terme « Constrictor » (1986) et « Raise Your
Fist and Yell » (1987),
Kane Roberts s’entoure du bassiste Steve Steele et du batteur Victor Ruzzo dans le dessein de s’adonner aux joies de la carrière solo et sort peu de temps après « RYFAY » un premier album éponyme sur le label MCA Records, alors maison de disques du Coop soit dit en passant.
Dans l’univers fascinant et non moins chatoyant du hard rock/heavy metal d’obédience US des années 80, est-il sincèrement possible de trouver plus kitsch et plus larger than life que ce fameux
Kane Roberts, culturiste drogué aux stéroïdes, sosie physique assumé et même travaillé de l’ancien béret vert John Rambo accessoirement affublé d’une somptueuse guitare customisée en forme de fusil d’assaut M16 par-dessus le marché ? Autant que sa brève mais remarquable collaboration avec le légendaire
Alice Cooper, la dégaine singulière et on ne peut plus risible de Roberts ne peut qu’alerter et pousser ainsi en conséquence l’amateur de vieilleries rock n’ roll poussiéreuses et indéniablement has been à investir le concept unique en son genre de cet artiste dont on se demande si le choix d’une carrière dans le music business n’aurait pas été motivé par une porte fermée dans le domaine très lucratif du catch professionnel de la WWE. Dès lors, impossible d’occulter ce premier album éponyme qui assurément, ne peut en aucun cas laisser insensible toute curiosité rock n’ rollesque qui se respecte. Le gradé
Kane Roberts ouvre le feu avec « Rock Doll » posant les bases d’un heavy metal mid-tempo et groovy à souhait qui à défaut de sortir véritablement des sentiers battus s’avère néanmoins être redoutable d’efficacité et justifie tout à fait sa fonction de single promotionnel du disque. Sans jamais prétendre révolutionner le heavy metal, l’ex
Alice Cooper en fait usage à sa façon au travers de titres on ne peut plus catchy ayant le mérite de fédérer un auditeur relativement surpris par la bonne facture de l’opus à l’instar des volontaires « Women on the Edge of Love » traitant encore et toujours de ces dames d’un point de vue incontestablement sexué, «
Triple X » et de ses remarquables intermèdes acoustiques, ou encore de « If This is
Heaven » et de son refrain ravageur à beugler sous la douche le matin avant de partir au charbon. Pour le compte de l’originalité inhérente à ce premier effort, notons la surprenante «
Out for
Blood » officiant dans un style résolument speed metal que n’aurait pas renié le
Anvil du mythique « Forged in
Fire » (1983) et dont un certain
Annihilator se donnera à cœur joie quelques temps plus tard.
Fruit d’une démarche relativement constructive, «
Kane Roberts » se veut constituer un album présentant diverses facettes pour le moins complémentaires de l’identité conceptuelle du bodybuilder du heavy metal. Ainsi, soulignons l’impressionnante instrumentale « Gorilla » illustrant à juste titre l’étendue du talent et de la dextérité pour le moins soufflante de Roberts dans l’art risqué de la branlette de manche de guitare en forme de mitraillette. Alors que la plupart des titres de la galette sont accompagnés de soli relativement bien sentis, très bien exécutés sans néanmoins jamais tomber dans la démonstration gratuite chère à un
Michael Angelo Batio (Nitro), cette instru relativement courte s’avère véritablement être le seul moment du disque ou le shredder stéroïdisé se permet un histrionisme technique pourtant très en vogue en cette époque d’excès et d’exubérances en tous genres. Notons également un feeling rock n’ roll bienvenu se dégageant de la vindicative « Outlaw » au sein de laquelle
Kane Roberts narre la dureté de son enfance lui ayant permis d’être l’homme fort qu’il est aujourd’hui (qu’est-ce que c’est beau…). Malgré le caractère obligatoire et conditionnel de ces dernières dans tout release hard rock/heavy metal marqué du sceau de l’année 1987 digne de ce nom, «
Kane Roberts » ne contient aucune ballade au grand dam de l’âme sensible qui sommeille tant bien que mal au plus profond de chacun d’entre nous. Honnêtement, imaginez-vous le Rambo du metal lourd se morfondre tel une lopette sur un slow mielleux visant à décupler l’auditorat féminin pré-pubère du combo concerné ? Kane possède d’autres atouts pour s’attirer les faveurs intimes de groupies spermophiles comme l’illustre pertinemment le vidéoclip de « Rock Doll », mais néanmoins, louons la très bonne facture des épiques « Too Much (For Anyone To Touch) » et son introduction solennelle et acoustique qui semblait pourtant laisser présager une complainte sonore, et autres « Tears of
Fire » ; qui belles et mélancoliques s’avèrent être trop toniques pour concurrencer de façon sérieuse les inclassables « I
Won’t Forget You » de
Poison, « Nobody’s Fool » de
Cinderella et autres « When the
Children Cry » de
White Lion entres autres. Inspirée et assez représentative de ce premier full length, la sympathique et entrainante « A Strong Arm Needs a Stronger
Heart » clôt définitivement les hostilités. La guerre est finie et
Kane Roberts est quasi unanimement déclaré vainqueur inattendu de ce conflit entre accoutrement ridicule et crédibilité rock n’ roll.
Qui aurait osé miser plus d’un kopeck sur cet album à l’esthétique des plus kitschissimes ? Si on fait abstraction son concept visuel prêtant immanquablement à sourire ou même à s’esclaffer à gorge déployée, «
Kane Roberts » s’avère être un disque distillant un heavy metal de bonne facture au travers de titres inspirés et catchy à souhait. Varié et cohérent, ce premier effort du béret vert du hard rock/heavy metal US se veut être agréablement racé, divertissant et porteur d’un indéniable charisme rock n’ roll empreint d’une indescriptible atmosphère propre aux irretrouvables et si lointaines années 80. Définitivement, un album-surprise qui mérite sans doute un petit investissement de la part des fanatiques du hard rock/heavy metal estampillé 80’s avides de supports discographiques efficaces et sortant pour le moins de l’ordinaire et des productions aseptisées. Adrieeeeeeennne !!
Pour revenir à la musique, j'ai bien aimé cet album.
Je pense que Kane a contribué à rebooster Alice à une époque difficile pour lui (trop d'abus?).
"Raise your fist and Yell" était bien heavy quand même (pour du Alice Cooper bien sur) non?
Que vaut le second "Saints and Sinners"?
Je ne le laisserai pas passer néanmoins le jour où il me passe sous le nez !
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