Le Moyen Orient, dans sa généralité, reste un vaste terrain de chasse où les crises politiques et religieuses se suivent, année après année. En dépit des nombreuses interdictions, dont celles visant le metal, des musiciens convaincus arrivent tout de même à faire vivre leur passion, désireux de se battre et de mettre à profit leur imagination. C'est sans vraiment se soucier des conséquences qu'ils produisent eux-mêmes leur musique. Ils n'ont souvent pas de limites et créent pour la plupart du temps des musiques extrêmes dévoilant une atmosphère sombre représentative du monde dans lequel ils vivent. Ils ne le dépeignent pas de la meilleure façon qui soit, évoquant souvent des thèmes pessimistes et noirs, mais aussi des thèmes d'espoir, de liberté et de paix. Ils sont conscients du fait que cette lumière et cette liberté ne seront pas acquises avant un moment et que le seul moyen de se sentir vivant, c'est de faire ce qu'ils aiment. Créer, à n'en plus pouvoir, composer, imaginer...
Que connaissons-nous vraiment du Moyen Orient ? Si on exclu les scènes les plus « actives », c'est à dire la Turquie, l'Israel, l'Egypte ou encore la Jordanie, on se rend alors compte qu'on connaît peu les autres. L'Arabie Saoudite (
Al Namrood), le Bahrain...
Justement, parlons du Bahrain. Ce pays finira par se faire une petite réputation à ce rythme là, le duo
Narjahanam/
Smouldering In Forgotten ayant déjà réussi à faire parler de lui. Il existe tout de même une petite poignée de formations, la plupart ayant splitté. D'autres résistent encore tout en peinant à faire diffuser leur œuvre. Toutefois, il y a un homme, Learza, qui a plus d'une corde à son arc. Ce musicien a monté plusieurs one man band, que ce soit
Kusoof,
Serpent's
Briar ou encore
Qafas, un projet très typique du Moyen Orient.
Qafas, c'est du black metal, basé sur les atmosphères et un certain côté symphonique, qui a réussi à se dégoter le label suédois
Salute Records, une aubaine quand on vient de l'Orient, les groupes restant très souvent auto produits et sans label pour leur donner un coup de pouce. Cependant,
Qafas n'a pas été repéré par hasard car sa première démo « Kafkaesque
Retribution » n'est pas basique et/ou trop underground. Les morceaux bénéficient d'une production tout ce qu'il y a de plus correct (et cela leur va bien!), dégageant une ambiance singulière et particulièrement oppressante.
Les quelques huit minutes de la démo reflètent totalement le monde arabe tel qu'il est, entraînant l'auditeur dans les méandres de l'esprit torturé de Learza. L'introduction et le titre éponyme sont comme un tout, reliés entre eux par cette atmosphère noire et étouffante. De ce point de vue, le black metal de
Qafas n'est pas si original, et reste fortement influencé par la scène suédoise. Toutefois, il y règne une certaine aura qui nous embarque irrémédiablement dans un ensemble musical tiraillé entre la tourmente et la pluralité des rythmes. Le one man band a un passé de doom funéraire, les caractéristiques propres de ce style se ressentant dans les ralentissements (en particulier le début et la fin de « Kafkaesque
Retribution ») mais aussi la lourdeur de certains passages. Sans parler des claviers pesants et enveloppants, qui se mêlent et s'entre mêlent, pour finalement, couplés au black metal, s'apparenter à un style de black symphonique poussé vers l'atmosphérique.
Learza fait bien en sorte de faire ressortir tous les éléments de sa musique, que ce soit la guitare teigneuse au son typiquement black, la basse et son apport en profondeur, la batterie aux tempos variés, les claviers sombres, oppressants et parfois impériaux (on peut penser à
Narjahanam), et la voix black très rageuse et déchirée, qui peut devenir parlée et écorchée lorsque c'est la langue arabe qui est employée.
La démo a beau ne pas être longue, elle suffit à nous montrer ce dont est capable
Qafas, dont le nom en arabe, signifie « Cage », un nom très représentatif du Moyen Orient et de la musique du one man band. S'il continue sur cette lancée, il pourra sans aucun doute faire plus parler de lui, à la manière de groupes plus cotés tels que
Narjahanam ou
Al Namrood, entres autres. A surveiller de prêt, en tout cas.
Juste une question ... c'est pas Bahrein plutôt que Bahrain?
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