Juntos

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15/20
Nom du groupe Sedd
Nom de l'album Juntos
Type Album
Date de parution 03 Janvier 2014
Style MusicalMetal Symphonique
Membres possèdant cet album1

Tracklist

1.
 Prólogo del Destino
 02:02
2.
 Sálvame
 06:20
3.
 Déjame
 06:47
4.
 Estamos Presentes
 04:36
5.
 Paz
 06:01
6.
 Juntos
 05:07
7.
 Perdición
 08:24
8.
 Honestidad
 07:07

Durée totale : 46:24

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Sedd


Chronique @ ericb4

05 Août 2018

Un groupe qui a le vent en poupe...

Au cours de cette dernière décennie, c'est à un rythme effréné que se succèdent les formations metal symphonique à chant féminin argentines, et ce, avec de significatives réussites à la clé dont : Abrasantia, Boudika, Daemon Lost, ou encore Escapist. Dans cette même volonté affichée de se développer, notamment à l'international, si ce jeune quartet originaire de San Francisco s'est lancé dans l'arène, il n'en a pas moins fait preuve d'une extrême prudence dans sa démarche. En effet, créé en 2010, le combo sud-américain n'accouche de son premier bébé que quatre ans plus tard à l'instar de « Juntos », album full length de 8 titres entièrement rédigés en espagnol et égrainés sur un ruban auditif de 46 optimales minutes. Le temps pour nos quatre gladiateurs d'affiner leurs gammes et leurs arpèges, de soigner leur ingénierie du son, à commencer par un enregistrement de bon aloi. Le début d'une aventure au long cours serait-elle en train de s'écrire ?

Dans cet ambitieux projet, Sheyla Dumycz (frontwoman au grain de voix mordoré), Maximiliano Palacios (guitares), Pablo Blanco (basse) et Nicolás Madoery (batterie), nous immergent dans un metal mélodico-symphonique progressif aussi plaisant qu'accessible, aux accords aussi impactants que les lignes mélodiques s'avèrent immersives. Aussi, si le message musical témoigne d'une inspiration féconde de ses auteurs accolée à une chatoyante touche latino, les influences de Delain, Sirenia et Nightwish parsèment toutefois la plupart des compositions de la rondelle. Une œuvre qui, au demeurant, se révèle classique eu égard à son architecture, celle-ci commençant, comme souvent dans ce registre, par un bref instrumental, alternant passages vifs et romantiques, et s'achevant par une plantureuse pièce en actes. Mais entrons plutôt dans le vaisseau amiral...

Le combo argentin interpelle tout d'abord par sa capacité à disséminer les séries d'accords qui font mouche, notamment sur les passages les plus enfiévrés. Ainsi, passée la dispensable entame instrumentale, « Prólogo del Destino », on entre dans le vif du sujet avec l'entraînant et ''delainien'' « Sálvame ». Si la seyante ligne mélodique s'avère convenue, on restera happé aussi bien par les refrains catchy que par les sémillants gimmicks guitaristiques essaimés sur l'offrande. Dans cette tourmente glissent les angéliques et soyeuses volutes de la sirène. Dans cette dynamique rock'n'metal symphonique, et véritable hit en puissance dans la veine de Sirenia, on retiendra également « Juntos » au regard de ses arrangements nightwishiens et son flamboyant solo de guitare. Enjolivée, là encore, par les claires impulsions d'une frontwoman bien habitée, cette ogive encensera sans jambage le tympan du chaland.

Dans une énergie pop symphonique, le résultat ne se révèle pas moins à la hauteur de nos attentes dans ce registre. Ainsi, on n'éludera ni « Estamos Presentes », ni « Paz », deux tubesques propositions dans l'ombre d'Abrasantia. Et ce, à la fois pour les tranchantes accélérations rythmiques, le délicat legato à la lead guitare et les insoupçonnés changements de tonalité du premier effort ; pour les couplets bien ciselés que relayent des refrains immersifs à souhait, les nombreuses variations atmosphériques et rythmiques et le magnétique solo de guitare parsemant le second. Bref, deux moments de pure jouissance auditive, qui devraient rencontrer un écho favorable auprès d'un auditorat déjà sensibilisé aux travaux de leurs maîtres inspirateurs.

Quand nos acolytes nous livrent leurs mots bleus, ils le font avec une rare élégance et une enchanteresse fibre latino, parvenant d'un battement de cils à nous toucher. Ainsi, on ne résistera que malaisément aux soyeuses modulations mélodiques de « Déjame », capiteuse ballade romantique dans la lignée d'un Sirenia, seconde période. Dispensant de somptueux arpèges au piano, suivant un infiltrant cheminement harmonique, et mis en habits de soie par les caressantes inflexions de la maîtresse de cérémonie, l'instant privilégié gagnera assurément le cœur de l'aficionado du genre.

Mais s'il est un secteur qui sied parfaitement à nos quatre gladiateurs, ce sera assurément celui des pièces en actes rock'n'metal symphonico-progressif. D'une part, de bout en bout, on restera sous le joug des sensibles gammes au piano et du fin picking de « Perdición » ; sulfureuse fresque ''sirénienne'', avec quelques relents de Daemon Lost, délivrant plus de 8 minutes d'un spectacle aussi poignant que fort en contrastes rythmiques. Voguant sur un envoûtant duo mixte en voix claires, le subtil manifeste réserve son lot de surprises, oscillant entre espaces épiques et romantiques, pour un rendu tenant toutes ses promesses. D'une nature plus frondeuse, « Honestidad », pour sa part, se dote d'une sente mélodique des plus nuancées, et ce, sans pour autant tomber dans les travers de l'extrême accessibilité, loin s'en faut. Et comment ne pas être aspiré par les soyeuses patines de la déesse que suit un fringant convoi orchestral, ce dernier sachant lâcher les chevaux aux moments opportuns ?

A l'issue de notre parcours, force est d'observer que, de la première note à l'ultime mesure de l'opus, le quartet sud-américain est parvenu à maintenir l'attention constante. Et ce, en dépit du caractère éminemment prévisible de la plupart de ses sillons mélodiques, d'un cruel manque de prise de risques et d'un mixage encore sujet à controverse. Toutefois, diversifié sur les plans atmosphérique et rythmique, parfois chargé en émotions, cet effort a parallèlement su varier et bien agencer les exercices de style. Etat de fait qui n'est pas sans renvoyer à une certaine habileté compositionnelle de la part de ses auteurs. Cependant, si la technicité du corps instrumental demeure difficile à prendre en défaut, et si les prestations de la jeune interprète ont de quoi séduire les pavillons les plus exigeants, on aurait peut-être espéré une densification de l'espace vocal par l'octroi de choeurs et davantage de joutes oratoires. Peut-être à l'aune d'un second album full length ?...

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