Et vous, si vous aviez eu la chance d’être un middle classe kid à la fin des 80’s en Californie, à quelle tribu rock n’ roll auriez vous appartenu ? Celle des Thrash
Metal maniacs vénérant les immuables
Slayer,
Possessed et autres
Dark Angel plus que de raison sur un fond d’occultisme bon marché ; celle des Sleaze Rock motherfuckers travaillant quotidiennement et soigneusement un look à la Nikki Sixx pour pouvoir enfiler à coup sur des donzelles peroxydées et mammairement avantagées comme des perles de nacre sur des «
Ten Seconds to Love », « Lay It
Down » et autres « Talk Dirty To Me » ou encore celle des punk skaters de l’extrême séchant la Junior High pour aller des heures durant sauter des spots dans les environs de Venice Beach sur le rythme effréné d’hymnes basiques mais terriblement efficaces signés des légendaires
Suicidal Tendencies, NOFX et autres
Bad Religion ? Quelque soit votre réponse à cette question des plus existentielles, sachez que quelques individus troquaient régulièrement leur planche à roulettes contre fard à joues et lipstick rouge cerise à l’instar des dénommés Chris
Gates et Brian Baker…
Junkyard, baptisé d’après le titre du deuxième album du premier groupe de Nick Cave The Birthday Party, voit le jour à
Hollywood en 1987 autour du vocaliste David
Roach, du bassiste Clay Anthony, du batteur Patrick Michael Muzingo et de la paire de guitaristes et accessoirement punk rockers Chris
Gates (ex The Big Boys) et Brian Baker (
Dag Nasty, ex
Minor Threat, futur
Bad Religion). Après de nombreuses prestations scéniques dans le greater
Los Angeles leur valant notamment un article louangeur dans l’hebdomadaire culturel gratuit local LA Weekly et l’amitié de l’acteur Sean Penn,
Junkyard signe un record deal avec Geffen Records suite à un gig décisif partagé avec
Jane’s Addiction et
Green River à peine quelques semaines avant la sortie d’un certain «Appetite for
Destruction » sur le même label. Ayant choix du producteur chargé de donner forme au premier album, David
Roach et ses bandmates choisissent le légendaire Tom Werman (
Ted Nugent,
Cheap Trick,
Molly Hatchet, Mötley Crüe,
Twisted Sister,
Poison…) pour diriger les recording sessions aux Conway Studios et Studio 56. Le premier opus du combo californien sort ainsi en 1989 sous l’appellation sobre et éponyme de «
Junkyard ».
Tout comme les premières secondes s’avèrent être on ne peut plus cruciales lors d’une rencontre à finalité sentimentale, le premier morceau d’un album n’est il pas primordial quant à l’appréciation globale que l’on va imputer au disque en question ?
Junkyard a certainement fait sien de ce rudiment de psychologie conditionnante à 2 francs 50 en proposant un sleaze rock d’influence sudiste de bonne facture à travers l’introductif «
Blooze ». Groove rock n’ roll imparable légèrement teinté de blues, vocaux empreints d’un accent californien à couper au couteau, riffs bien sentis garants indéniables d’une séance de air guitar face au miroir le plus proche une Lucky
Strike aux lèvres et une bouteille de
Jim Beam au ¾ vide à moins d’un mètre ; tels sont les ingrédients permettant à l’auditeur de s’attendre comme il se doit à un opus bien sympathique qui lui rappellera très certainement les chefs d’œuvre du genre que sont les indétrônables et mystiques « L.A. Guns » et «
Faster Pussycat » même si il convient de ne pas mélanger les torchons et les serviettes malgré l’immense considération du par votre dévoué chroniqueur au légendaire
Junkyard. Bien que force est de constater que la galette ne respire pas franchement l’originalité en une année 1989 ou il s’avère être plus de mise de regarder dans le rétroviseur que véritablement droit devant question sleaze rock et hair metal, impossible de ne pas prendre un malin plaisir à remuer les hanches en très charmante compagnie sur les excellents ou plutôt très efficaces « Hot Rod » et ses divines parties de cuivres, « Shot in the
Dark » et «
Hollywood » ; le tube incontesté du groupe dont la légende raconte par l’intermédiaire d’une confidence de Chris
Gates que le riff principal du morceau s’avère être très largement influencé par une mélodie sifflotée innocemment par un certain Anthony Stoner, glandeur fini et fumeur invétéré de marijuana dans le film « Up in
Smoke » (
Cheech & Chong, 1978).
Rappelant parfois AC/DC à l’instar d’un
Rhino Bucket notamment sur le relativement mid tempo « Can’t Hold Back » ou encore le
ZZ Top des débuts sur le très bien nommé «
Texas », «
Junkyard » semble également puiser ses influences sur certains de ses contemporains tel que le mythique L.A. Guns dont le premier album éponyme aurait pu tout à fait accueillir un titre à l’image de l’énergique «
Life Sentence » sur lequel David
Roach semble prendre volontairement ou involontairement des intonations vocales à la
Phil Lewis. Années 80 et cahier des charge de tout album de sleaze rock/hair metal qui se respecte obligent, «
Junkyard » fait également la part belle à des morceaux plus lents et mélodieux, chargés d’émotion et dès lors à même de briser le cœur d’un Hells Angels entre deux braquages de saloon et d’attirer l’auditorat du sexe faible ; il s’agit bien évidemment des fameuses ballades au nombre de deux sur la galette et étonnement inspirées. N’ayant rien à voir avec la complainte éponyme de
Lynyrd Skynyrd malgré une classe comparable toute proportion gardée, «
Simple Man » accentue et confirme la facture qualitative de «
Junkyard » notamment grâce à des parties de piano valant leur pesant d’or, des bottleneck riffs divins et un petit solo signé Chris
Gates ayant l’avantage de faire son petit effet. Tout aussi efficace, l’ultime «
Hands Off » s’avère être, avouons le, une vraie fausse ballade tant la cadence change notablement après une introduction qui aurait pourtant laissé croire à une complainte mélancolique bluesy sur laquelle verser une petite larme en se remémorant l’ignorance et l’authenticité d’un premier amour certes perdu mais à jamais gravé en mémoire. Véritable antithèse thématique du « Touch Me » de Samantha
Fox, «
Hands Off » narre autobiographiquement les déboires sentimentaux d’un David
Roach en proie à une compagne portée visiblement sur les sévices physiques et dont la violence conjugale semble constituer la seule et unique façon de pacifier certaines situations en apparence des plus inextricables.
Inspiré et efficace bien que peu novateur et original malgré une vision du sleaze rock on ne peut plus intéressante dont l’inspiration du rock sudiste s’avère être la caractéristique la plus pertinente et visible, le premier album de
Junkyard s’avère être un disque qui satisfera quasi incontestablement les trop rares amateurs du genre notamment grâce à des compositions de bonne facture permettant de faire connaissance avec un combo qui comme beaucoup d’autres aurait certainement mérité de profiter d’un peu plus d’exposition hier et de bien plus de reconnaissance aujourd’hui. Ayant honorablement atteint en son temps de gloire le spot 105 du Billboard 200 et objet d’une histoire jonchée d’anecdotes fascinantes, «
Junkyard » ne demande qu’à investir les étagères poussiéreuses et fournies de votre discothèque pour la poignée de dollars nécessaire à son acquisition. A apprécier un vendredi soir en sirotant un bon whisky après une dure semaine de labeur.
Retour au Sleaze je vois, bravo pour cet article toujours aussi complet. Sur ma liste pour un futur achat, comme d'habitude.
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