En dépit de plusieurs années d’existence, Gaiden n’a jamais fait parler de lui outre mesure. Deux ans après sa formation en 2007, le groupe sort un premier EP de qualité, «
Joker Business », qui passe relativement inaperçu. Il faut dire que le métal progressif n’a jamais été synonyme de terre d’opportunité pour les formations françaises, qui ont beaucoup de difficultés à se faire connaître quand, dans le meilleur des cas, elles ne sont pas tuées dans l’œuf. Gaiden est néanmoins parvenu à donner suite à l’aventure, même si le second EP survient un peu tardivement. A la clé, un changement de chanteur et deux nouveaux titres.
Pas grand-chose à se mettre sous la dent après cinq ans d’attente. Certes les fruits sont maigres, mais ils témoignent d’une réelle existence.
Comme le laisse présager le titre de l’EP, «
Joker Business II » s’inscrit globalement dans la continuité de son prédécesseur. On retrouve sans surprise et avec plaisir un métal progressif aux accents mélodiques. « Twenty Thousand Leagues » ouvre le bal sur des nappes sonores mystérieuses, avant que ne survienne un premier riff de guitare. L’aspect expérimental laisse donc place à des moments plus mélodiques, qui permettent de prendre goût au chant d’Ego, nouvelle recrue. Si Ivan nous avait habitué à une voie dynamique et poussée, Ego montre une plus grande douceur, qui colle parfaitement avec la production, plus claire que dans l’opus précédent. «
Awake » suit le même schéma. Gaiden s’attache à l’aspect mélodique des compositions, qui sont assez traditionnelles. Le grain de folie de «
Joker Business » semblant s’être perdu au profit de compositions plus réfléchies mais moins novatrices. Quant au titre éponyme, il est intéressant de le comparer avec la version du premier EP. Cette nouvelle version se veut là aussi plus mélodique, même si Ego montre qu’il est capable de produire un chant agressif. L’ensemble reste néanmoins très soigné, avec des sonorités plus propres que dans la première version, qui se rapprochait de ce qu’a fait
Helloween dans leurs derniers albums. La dernière partie du morceau a aussi changé. Le rire démoniaque et dérangeant ainsi que les rafales de vent laissent place à une fin nette et puissante, comme si Gaiden mettait un point final à l’épopée de notre
Joker…
S’il ne révolutionne en rien le genre, «
Joker Business II » est une réussite sur le plan musical comme sur le plan technique. Gaiden propose des morceaux sympathiques et faciles d’accès interprétés par des musiciens qui maitrisent parfaitement leur instrument. Alex, le compositeur, a laissé une large place à la guitare, avec de beaux soli, dans « Twenty Thousand Leagues » comme dans «
Joker Business ». On regrette seulement que le groupe n’innove pas. Si le premier EP contenait quelques trouvailles intéressantes, le second est nettement moins engagé. Il n’y a qu’à voir la différence entre les deux pochettes. L’une est lumineuse et complètement déjantée, l’autre est sombre et magistrale. A ce stade, il est difficile de dire s’il s’agit d’un manque de créativité ou d’une volonté délibérée. Quoiqu’il en soit, Gaiden maîtrise bien son sujet et l’on prend plaisir à écouter ces compositions sincères et honnêtes.
Malgré les années d’ancienneté, l’aventure ne fait que commencer pour ce jeune groupe, qui a encore du chemin à parcourir avant d’entrer dans la cours des grands. C’est une prestation encourageante, mais il est difficile de se prononcer avec si peu d’éléments. Rappelons que Gaiden n’a pas fait l’expérience de la longueur. Le premier album, s’il voit le jour, nous éclairera quand au devenir du quintette. La graine pourrait bientôt germer.
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