Liste des groupes Hard Rock Adam Bomb Je T'Aime Cergy... Souce Ma Bite!

Lorsque vous achetez, écoutez, devisez musique tous les jours depuis plusieurs décennies, et que c’est devenu votre raison de vivre, il vous arrive à un moment donné de vous poser cette question : et moi, quelle forme prendra ma contribution ? Monter un groupe ? Lancer un fanzine ? Organiser des concerts à la maison ? Développer un jeu de société pour initiés ? Les idées se bousculent au point de ne rien écarter jusqu’au moment où l’étincelle jaillit : et pourquoi ne pas créer un label ? C’est comme ça qu’est né GFR, par envie, et aussi par nécessité. Parce que la musique est toute notre vie, et que cette dernière est bien trop courte pour se fixer des limites.

Pour bien commencer l’aventure, il fallait une légende, vivante. Une personnalité qui incarnerait l’élan et la chute de notre univers. Un talent au panache indiscutable, qui aurait traversé toutes les périodes sans jamais se renier, ni décevoir. Une personne que l’on peut regarder avec admiration chaque fois qu’on la rencontre. Il n’a pas fallu tergiverser 10 ans pour que le choix s’impose de lui même : Adam Bomb est et a toujours incarné ce modèle.

Folie ? Forçat du Rock, survivant à toutes les drogues, y compris le mariage, vétéran de la piste, véritable icône d’un courant dépassé, Adam Brenner est en passe de devenir immortel par abnégation, tellement le bonhomme ne sait faire que jouer, jouer et encore jouer peu importe le pays, la taille de la salle et le nombre de convives. A bord de son van accompagné de son fidèle Pip, Adam poursuit son road movie à bientôt plus de 60 piges sans jamais désarmer. Par ailleurs son palmarès parle pour lui avec 40 ans de carrière solo, une dizaine d’albums au compteur, des milliers de concerts de par le monde, une attache particulière avec la France, et surtout à deux doigts d’atteindre le graal en auditionnant pour Kiss, Hollywood Rose et j’en passe : « ecce homo ».

Le plan est simple, rendre hommage à une gloire chère à notre cœur, gardien de la flamme, en produisant l’un de ses concerts, certes a son insu, mais pour lui. Il sera mis au courant du processus à la sortie de l’objet, qui espérons-le, le ravira. Voilà l’intention première de GFR. Mais la réalité du terrain allait receler un paquet d’obstacles inattendus qui rendirent l’aventure exceptionnelle.

Rendez-vous est pris le jeudi 29 juin 2023 au Pacific Rock de Cergy, antre qui accueille sans distinction des grands noms oubliés depuis 2008. D’une capacité initiale de 200 places, un soir de semaine il est plus difficile de faire le plein en 2023. La salle est tout simplement vide. Personne ne se battra pour le premier rang. Les seuls fous à ma connaissance à avoir enregistré un live dans une salle vide sont les SUP pour l’album To Live Alone, mais c’était un parti pris, ici c’est inattendu. La retranscription sonore allait en être altérée en profondeur. Dieu merci des petites mains habiles, doublées d’oreilles expertes, et un bon outillage allaient transformer un fan en apprenti ingé son.

C’est l’épreuve du feu pour tout artiste que de monter sur scène et d’envoyer son répertoire devant une poignée d’anciens combattants. C’est dans ces moments-là, que l’intention profonde se révèle, ainsi que la confirmation du bon choix du candidat pour le projet. Adam ne décevra pas. Guitare illuminée comme un sapin de Noël, chapeau vissé sur son épaisse chevelure, tenue de rockstar, ce gars ressemble trait pour trait à une ancienne star du catch du temps de la WWF qui serait redescendue de ligue juste pour le plaisir de continuer à faire l’amour avec son public. Pas moins de 21 titres vont être placés parmi lesquels des brûlots de la star, tirés de Get Animal 1 et 2, entrecoupés de covers brassant large de Frank Sinatra à Mötley Crüe (Brownsville Station pour être exact) en passant par Kiss, AC/DC et Bing Crosby. Adam Bomb, organisé en power trio avec Kozzy Havokk à la basse et Leo Cakolli à la frappe, ne se refuse rien, ni les excentricités pyrotechniques avec sa guitare magique, sur Rock Like Fuck, ni ses échanges avec le public sur Je t’aime bébé. Le bonhomme enchaîne avec bonheur et continue son combat pour exister dans un monde de strass et de paillettes qui chaque jour passant tire un peu plus le rideau.

Si le son fluctue suivant les titres, l’élan et la générosité de l’artiste sont bien perceptibles. Des titres comme New York New York, SST, et Je t’aime Bébé en attestent sans discussion. L’avantage, car il y en a au moins un, d’une très faible audience, c’est que le son ne souffre d’aucun obstacle de type clapping, bribes de conversation ou hurlement en tout genre. Une forme d’intimité apparaît même sur l’ultime titre Rock n’ Roll Suicide. Le support rend hommage à Adam Bomb, couleurs flashy, photos de chaque membre et pochette en écho à celle de l’emblématique Pure S.E.X., tout a été pensé et exécuté à la gloire de l’artiste. Le choix du pro-cdr pourra effaroucher à tort les inconditionnels du silver cd, qui finiront bien un jour par se rendre à l’évidence que la différence est de plus en plus minime, n’empêchant en rien le plaisir de couler à flots. La cohérence du projet passait par un tirage à un nombre limité d’exemplaires, 30 pour être précis, pour éviter de passer de la glorification à la spéculation.

Pour conclure, non seulement le choix s’est confirmé, mais ce soir-là Adam Bomb a justifié l’existence même du projet en prouvant que ce n’était pas le nombre qui faisait la force mais le cœur que l’on mettait à l’ouvrage. Un pari audacieux pour les deux parties qui ouvrait en grand le champ des possibles et lançait une aventure qui ferait rentrer le nom des Goules dans l’histoire de la musique.