Fin 1991,
Izzy Stradlin décide de quitter Guns N’ Roses, après la première partie du Use Your
Illusion Tour. Fatigué des excès de
Slash & Cie et des exigences égocentriques d’Axl, le guitariste rythmique s’éloigne d’un groupe avec lequel il ne se sent plus en symbiose comme en 1987.
Izzy Stradlin… Izzy me fait souvent penser à John Paul Jones. Si son talent de multi-instrumentiste n’égale peut-être pas celui de l’homme de
Led Zeppelin, lui aussi préféra rester dans l’ombre médiatique des autres membres du groupe. Je me rappelle d’une vidéo où une journaliste demandait à Axl ce qu’il pensait des groupes d’un festival auquel ils participaient. Elle se tourna ensuite vers Izzy pour lui demander s’il voulait rajouter quelque chose : il lui répondit, verre à la main, un simple « non ». Comment incarner la nonchalance de manière plus parfaite?
Après son départ du groupe, Izzy retourna dans sa ville natale de Lafayette pour y enregistrer cet album. Il s’entoura de Charlie Quintana, batteur issu du milieu punk, de Jimmy Ashhurst (plus tard bassiste de
Buckcherry) et de Rick Richards à la guitare lead, qui l’accompagne toujours dans sa carrière solo. Il s’attacha également les services de deux musiciens des Faces,
Ian McLagan à l’orgue Hammond et Ron Wood.
Ce qui m’a marqué à la première écoute de ce disque, c’est son côté frais et chaleureux. Somebody Knockin’ est certainement la chanson la plus à même d’ouvrir l’album : un bon riff rock n’ roll ensoleillé, soutenu par une guitare acoustique du plus bel effet. Et la voix chaude d’Izzy, qui semble s’épanouir particulièrement dans ce genre d’atmosphère. D’autres chansons de la même trempe forment la majeure partie de l’album, comme Time Gone By, Shuffle it All (notons sa superbe ligne de basse d’intro), How
Will it Go, ou Come On Now
Inside. Ce dernier titre est peut-être le plus exotique : il allie mandoline, piano et chœurs gospel, et offre une fin cachée sur laquelle le batteur s’en donne à cœur joie!
Dans ces morceaux, Keith Richards n’est jamais bien loin dans le jeu du guitariste partageant son patronyme, bien que Rick ait une sensibilité plus sudiste.
Izzy sait également s’adonner à un style plus
Hard Rock, comme dans Train Tracks, Cuttin’ the Rug ou Take a Look at
That Guy, dans lequel joue Ron Wood. Sans être aussi furax que ceux qu’il a pu composer avec les Guns, ces morceaux montrent à mon sens à quel point Izzy a été essentiel à ce groupe.
Deux morceaux m’ont cependant laissé une impression mitigée :
Pressure Drop et Bucket O’
Trouble, d’un esprit punk rock. Si la guitare rythmique est irréprochable, le chant d’Izzy ne me semble pas vraiment correspondre à ce style plus nerveux.
Toutefois il ne s’agit que de deux chansons sur un album bien assez séduisant pour lui pardonner cette petite faiblesse. Non il ne s’agit pas d’un album à la Guns N’ Roses, mais la sensibilité rock n’ roll de son compositeur ne laisse pas de doute sur le fait qu’il en fût un membre à part entière.
Izzy Stradlin & the Juju Hounds est à l’image d’Izzy : décontracté et enthousiaste.
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