It Was a Night

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17/20
Nom du groupe Zaratustra (BGR)
Nom de l'album It Was a Night
Type Album
Date de parution 20 Janvier 1999
Style MusicalBlack Metal
Membres possèdant cet album4

Tracklist

1. The Colour of Your Soul 08:01
2. Holder of a Chest 05:41
3. About the Poisonous Spider 06:11
4. Moon Brother 09:13
5. Kisses of the Ice Craving 04:20
6. A Night Song 14:14
7. With the Black Horse 07:13
8. Loneliness of the Givers 09:03
9. ...It's Day 05:42
Total playing time 1:09:38

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Zaratustra (BGR)


Chronique @ LaBalafre

27 Mai 2007
Les Bulgares possèdent trois ascendances barbares : slave pour moitié, germanique pour le premier quart, mongole pour le second. Je les soupçonne aussi de cacher quelque sang grec suite à différents viols et rapts, mais bon, respectons un silence circonstancié.

ZARATUSTRA est un groupe bulgare qui ne faillit pas à ses pères. Qu’attendre d’autre d’un pays dont la capitale se nomme « Sagesse » (Sofia) ?

Car le lecteur l’aura deviné : ZARATUSTRA, par son nom, se référence expressément au livre phare du philosophe poète Friedrich Nietzsche : « Ainsi parlait Zarathoustra ». Trois des textes, sur dix, sont directement repris et à peine adaptés du livre (les troisième, septième et neuvième poèmes). À croire que Nietzsche est sinon le dieu, du moins le prophète élu du Black Metal.

Le plus beau morceau de l’album, le troisième, intitulé « About the poisonous spider », chante que le silence du père parle à travers le fils. Ce qui signifie que la mort épure l’homme, que son moi disparaît, et que le fils hérite du soi, c’est-à-dire de l’essence de son père. Il en est donc, en puissance, un dépassement. Ce qu’un concept métaphysique ancien nomme le sang.

C’est pourquoi, il faut étudier la musique de ZARATUSTRA à travers son ascendance.



Le sang germanique, et plus précisément ostrogoth, ressort à l’évidence puisque la musique du groupe se classe dans le Black Metal. Un vent de Norvège semble en effet avoir soufflé jusqu’à la Mer Noire, poussant sa croisade aux portes de Constantinople. La Marche bulgare de l’Europe, frontière menacée et menaçante, a donc hissé pavillon germanique.

Ainsi, les guitares ressemblent à une cavalcade, une chevauchée furieuse comme personne n’en entendit depuis le « Blood Fire Death » de BATHORY. D’autres fois encore, elles grésillent comme une étincelle permanente, flamme fuligineuse, plein d’une clarté sombre. Enfin, elles savent agresser comme une muraille de lansquenets contre l’ennemi s’il se rebiffe contre l’imperium.

Le défaut est purement bulgare : leur son est exécrable. Non qu’elles sonnent de ces résonances de garage du « True Black Metal », ni même de cette audition sale qu’affectionnait le grunge et surtout le NIRVANA d’« In Utero ». Non. Les guitares semblent simplement dater du début des années 1980, jouet de supermarché soviétique en cadeau bonus d’une Trabant ! Jamais un son si…minable n’avait à ma connaissance émané de cet instrument magique. Gloire à ZARATUSTRA qui arrive cependant à sauver son honneur, dans une grande traversée, sur un radeau.


Le sang mongol ensuite, héritier des fils et autres bâtards du terrible Gengis Khan. Certains airs de basse, certains chants, par leur coté étrange, imprévu, semblent issus d’un Orient sauvage, du vertige horizontal de la steppe.


Peut-être est-ce d’ailleurs à travers son sang slave que ZARATUSTRA exprime le mieux cet infini. Car c’est lui qui se ressent le plus.

Face à la nullité sonore des guitares, qui malgré des mélodies puissantes, manque de punch, face à une basse obnubilée dans sa propre hypnose et parfois inaudible, le groupe a harmonisé sa musique par les claviers. Des claviers omniprésents. Non les claviers « symphoniques » classiques du Black Metal norvégien, mais un rêve de contrebasse et de violons graves, si graves. Ils percent et crèvent les nuages, voguent sur le ciel étoilé, et accordent un tempo étrangement ralenti à une musique électrique rapide. Comme tout défile plus lentement du ciel, lorsque l’on vole si vite. Ces claviers sont omniscients, cordes d'acier ! Puis, ZARATUSTRA a encore ajouté un hautbois, flûte grave, ironique et maligne, mais franche et joyeuse, dansante, sautillante, parfois mélancolique, mais d’une mélancolie heureuse, comme regardée à la troisième personne. Leçon de courage nietzschéen.

Pourtant, l’originalité de la culture slave est cette mélancolie infinie, ce vertige horizontal des steppes infinies, justement. Que ce soit par Chopin le Polonais ou le Russe Dostoïevski, ZARATUSTRA appartient aux pays de l’Est. Et les synthé sont portés et portent le Black Metal électrique, parfois true, parfois mélodique, avec ses solos de basse (géniaux) et de guitares. Ces claviers sont, encore une fois, l’harmonie supérieure de tout l’album. Un rêve passif et contemplatif ; ou plus exactement une action dans la contemplation.

Il vole comme l’Aigle, sinueux comme le Serpent.

De nombreux chants clairs agrémentent et approfondissent cette tristesse, cette nostalgie slave, aux cotés d’un chant black caverneux.


Enfin, peut-être le sang grec inavoué a-t-il initié ce romantisme impénitent et nocturne, byronien oriental, qui se répand à travers le concept philosophique de l’album. Le Metal grec affectionne souvent cela.



Alors certes, « It Was a Night » souffre de quelques longueurs. Mais lorsque l’on voit la qualité musicale, l’on comprend qu’il s’agit de la joie du néophyte, publié pour la première fois. Elle n’affecte d’ailleurs jamais que la ou les deux dernières minutes de la chanson : péché véniel. En outre, et surtout, la durée de l’album est généreuse : 70 minutes ! Et l’on ne s’ennuie pas.

L’on ne s’ennuie pas en effet, car cet album fut écrit avec tout le sang, toute l’âme de ses deux compositeurs. Il est d’une grande générosité. Au contraire des poseurs, il se révèle immédiatement d’une sincérité rare.

« Maints joyaux dorment ensevelis » chantait Baudelaire. Si vous aimez l’Est et sa musique, Metal ou non, ou bien si vous êtes portés vers l’originalité, je vous conseille vivement de jeter l’oreille sur cet album unique, non seulement dans la discographie du groupe, mais aussi dans l’Histoire du Black Metal.

Un joyau enseveli.

4 Commentaires

3 J'aime

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HolleDamon - 17 Juillet 2007: Pour avoir écrit un si beau texte, c'est surement que l'album doit en valoir la peine.
Jvais devoir m'y mettre...
LaBalafre - 17 Juillet 2007: Tu y gagneras. C'est une expérience, une quatrième dimension du Black Metal. Personne n'a fait ça avant eux. Ni après.
Franchement, si tu as des nouvelles d'eux, n'hésite pas à m'en faire part dans un message personnel. Cela s'adresse aussi au lecteur de passage.
J'adorerais écouter cette musique bien interprétée avec de beaux et bons instruments. Elle a une résonnance. C'est peut-être le mot qui les caractérise.
HolleDamon - 17 Juillet 2007: Tu me donnes encore plus l'eau à la bouche.
Des infos seront transmises si l'opportunité se présente.
A plus...
Ensifer - 30 Octobre 2011: Voilà maintenant plusieurs années que j'essaie de me le procurer, mais je ne l'ai vu nulle part, que ce soient dans de grands disquaires, des plus petits et plus spécialisés, sur Internet, en France ou ailleurs, et je n'ai pu que l'écouter sur Youtube... si quelqu'un a une idée de la façon dont je peux l'avoir (en original, pas en téléchargement, même légal), je suis tout ouïe !
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