Il y a deux possibilités pour découvrir un nouvel album. Soit il s'agit d'un groupe connu de l'auditeur et la comparaison avec les œuvres passées sera inévitable, soit c'est l'occasion de rentrer dans l'univers d'un groupe établi sans préjugé avec l’insouciance du néophyte. Dans le cas qui nous intéresse ici, le verdict dépendra fortement de la position dans laquelle le lecteur se situe.
Urn est un trio (ou plutôt un one-man band devenu tel quel au fil des années et des changements de personnel) Finlandais, apparu dans les années 2000, avec quelques sorties black/thrash extrême, souvent poussé à Mach3. Fort d'une signature chez Season Of
Mist, et suivant un
The Burning qui accusait un ralentissement certain du tempo général, et un assagissement manifeste après un hiatus de 9 ans,
Urn revient en cette fin d'été 2019, deux ans après
The Burning.
Première façon de considérer la chose : Le fan des premiers albums de la formation tels
Dawn of the Devastation ou
666 Megatons, déjà circonspect par la tournure de
The Burning, ne se fera guère d'illusions. Considérant un titre d'album volé à
Grand Magus, voire à
Manowar, et illustré par une pochette n'ayant pas grand chose à voir avec celle, blasphématoire, de Souls
Destroyers, le fan de riffs effrénés et de blasts pourra tout juste se consoler avec une ouverture virevoltante ("Downfall Of
Idols", accrocheuse et agressive), ou un "
Will Of
Triumph" final conquérant qui voit quelques blasts enfin se déchaîner. La voix de
Sulphur, menaçante, est placée judicieusement, laissant la musique s'implanter facilement et déverser ses hymnes guerriers. Souffrant d'un mid-tempo majoritaire sur l'album, il est à parier que nombre de fans rejette en bloc cette orientation plus propice au headbanging ou au poing levé qu'au pogo/moshpit ultra-violent, d'autant que le sentiment d'étirement et de trop-plein de sucreries ("Spears of Light"" qui rebutera certainement le die-hard fan) se fera du coup bien ressentir sur le troisième quart du disque.
A l'inverse, celui qui découvrira
Urn avec cet album, très bien distribué en France grâce à son label, aura affaire à un groupe en place, avec un séquencement de morceaux judicieux, plein de titres entraînants, portés par une qualité d'écriture ne souffrant guère de faiblesse, au fil de refrains musicalement réussis ("Malignant Strange
Visions", "Prayers" "
Demonlord"), globalement construite sur des mid-tempi parfaitement lisibles. La touche heavy metal, très palpable sur l'album, à la fois dans les soli et dans la plupart des morceaux est donc, chacun l'aura compris, très majoritaire. Notons un bref instrumental à rapprocher d'un "Choir of the Damned" de
Kreator pour aérer un disque un brin inutilement, tant les compositions, inspirées, dament le pion à nombre de groupes du style. Les leads, breaks et riffs offrent ainsi globalement un niveau élevé assurant probablement une durée de vie intéressante à l'auditeur sans préjugés, avec quelques chœurs séduisants flirtant allègrement avec le heavy épique ("Spears of Light"). Surprenant, mais réussi. Et un bon palliatif pour quiconque trouvera trop redondante la scène heavy traditionnelle et n'ayant pas peur de franchir le pas d'un vocaliste au timbre éraillé.
D'une durée idéale (41 minutes),
Iron Will of Power aura sans doute autant de fans que de détracteurs. Suivant en cela la vague actuelle des groupes majeurs du genre tels
Desaster ou Deströyer666, qui ajoutent une grosse dose de musicalité à leurs œuvres récentes au détriment de la sauvagerie établie sur leurs premiers émois,
Urn accouche ici d'un album sentant bon le heavy metal couillu et menaçant, mais n'ayant plus grand chose à voir avec ses débuts. Un dilemme que nombre d'autres groupes ont traversé avant lui, et connaîtront après. Reste à voir si le public suivra. Forcément, la note et l'appréciation finale dépendront fortement du positionnement de chacun, mais
Iron Will of Power, pris pour ce qu'il est, est un bon album rempli de bons morceaux, venant d'un groupe jadis adepte du char d'assaut qu'on n'attendait pas trop l'épée à la main
T'as bien tourné ta chronique, en effet on accueillera cet album différemment selon si on a connu le groupe avant ou pas. De mon côté, je pense trop aux albums des débuts pour pouvoir apprécier celui-ci.
Bonne chronique et contrairement à Goatphoenix j'ai découvert ce groupe avec cet album que je trouve excellent ! J'ai écouter plusieurs extraits de leur premiers albums mais j'ai un gros problème avec la batterie qui est mixée trop en avant. Pour ma part je préfère ce qu'ils font maintenant mais c'est mon avis ...
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