Rien qu’en imaginant la salle de répète dans laquelle Odcult évolue me donne le sourire. On ne peut que s’imaginer un local tapissé par bon nombre de posters directement échappés des années 80 et si vous me demandez « NWOBHM ? », je vous répondrez « oui, avec toute l’imagerie qui en découle… mais pas seulement ! ». Laissons nous porter par l’odeur de bières, de transpiration, de clous, et, (premier indice…) par celle dégagée par les tonnes de bombes de laques nécessaire pour tenir les crêtes bien droites, et faire sombrer un peu plus Karl Lagerfeld dans l’alcoolisme. Côté matériel, du Vintage, du simple et usé jusqu’au trognon… Après tout, peu importe la qualité quand on a les idées et une grande benne extérieure où ranger claviers, triggers et autres multi-effets.
Odcult est un jeune groupe totalement méconnu, formé par de jeunes gens ayant participé à quelques projets qui ont alourdi un peu plus le dossier des « sans suites ». « Into The
Earth » succède à «
Descending », sorti en 2014, soit un an après la formation du groupe, album passé totalement inaperçu. Les voilà donc embarqués dans un projet
Hard Rock qui devra montrer une couleur différente s’il veut se démarquer dans un univers peuplé de nombreuses et talentueuses formations.
La pochette interpelle le futur acheteur, tout de contrastes colorée, avec, en son antre, une représentation composée de noir et de sang, terriblement vintage, à l'image d'un bon vieux film fantastique des années 70’s et des décors sentant le carton pâte... risibles aux yeux de certains aveuglés par la perfection qu’offrent les nouvelles technologies. Mettons de suite la galette dans le mange disque en espérant que la musique n’ai pas sombré dans le Kitch.
« Unhallowed » ouvre cet album dans lequel Vintage semble être l’un des mots d’ordre, auquel nous pourrions ajouter « simplicité », celle qui est chargée d’accrocher l’auditeur, quelque soit son univers musical. Ne tournons pas autour du pot, c’est chose faite grâce au hard rock pêchu de la formation, accessible, proposant des lignes vocales intéressantes et dynamiques et des refrains chargés de faire parler la poudre. Odcult montre cette détermination qui pourrait le faire devenir un sérieux challenger, même s’il lorgne terriblement du côté d’un
Twisted Tower Dire, d’un
Audrey Horne ancienne version ou encore d’un
Night Demon.
Le groupe possède la spontanéité et n’a pas oublié d’ajouté sa petite touche personnelle qui rend son oeuvre presque magnétique… Et la créativité s’étale sur plus d’un titre alambiqué avec une bonne dose de simplicité déconcertante, d’influence 70’S, de Stoner, de Heavy
Metal rugueux rendant le breuvage inspiré et énergique. «
Luna » confirme le goût pour le minimalisme, allant jusqu’à employer un son brut de décoffrage qui pourrait presque ravir les amateurs des démo tapes tant il est saturé, travaillé dans les médiums, avec un son de guitare très creusé, une voix éraillée chargé en ions positifs et en bons souvenirs. Un son horrible condamnant la qualité de l’album ??? Non car ce son fait partie du concept, s’intégrant parfaitement à l’Histoire que l’album nous raconte, lui donnant cette aura particulière. Le mixage reste fidèle au 70’S/80’S, caisse claire, guitare et voix en avant… basique mais efficace. Les premiers
Anthrax,
Slayer,
Venom ont-ils une qualité sonore parfaite ? Ce son n’a-t-il pas contribué à les rendre cultes ? Les avis seront partagés mais les Remasterisations ont parfois engendré des résultats catastrophiques, soit en enlevant ce charme suranné ou au contraire laissant apparaître de nombreuses failles purement « techniques » pourtant normales pour l'époque.
Ces arguments sont-ils décisifs pour affronter la quantité pléthorique de groupes « authentiques» qui se lancent dans l’aventure ? Odcult ne sort-il pas son album au plus mauvais moment, au risque de ne pas en laisser une empreinte durable ?
Ce qui fait l’authenticité d’Odcult c’est le paradoxe, celui d’être à contre courant au regard d’autres groupes qui « campent » en studio et qui peaufinent méticuleusement les petits détails de mastering, d’arrangements… « Into The
Earth » est cru, à la limite d’un enregistrement live et sans fioritures, avec les qualités et les défauts qui font le charme de cette formation.
Concernant les structures, ne vous attendez donc pas à du progressif ou à des touchent bluesy, jazzy ici et là. Même si le groupe se réclame de la scène 70’S, il s’agit plutôt de la version sombre du psychédélisme, notamment retrouvée sur «
Bleed For Me ». Rythmique plombée, plans mélodiques simples ne s’étalant pas en longueur, tout aussi énervés et mélodiques que sur l’excellent « Black Oak » nous offrant même des rythmiques teintées de Wah Wah et d’improvisations réussies. Les lignes vocales sont à l’image des riffs employés : directes et efficaces sans apparaître trop redondantes.
L’ami Coffe, Fransson de son nom, également guitariste de la formation, se montre un chanteur diamétralement opposé ce qu’on trouve dans le milieu professionnel, faisant de ses limites une force. Très bon amateur, il est aussi très éloigné du professionnalisme et de ses codes, son registre est loin d'être celui d'un énuque, la technique et la justesse des notes semblant être le cadet de ses soucis. Cependant, tel le chat balancé du troisième étage, il sait retomber sur ses pattes, et ça aucune technique ne l’apprend. Son chant dévoile un aspect punk indéniable qui transparaît également sur les plans instrumentaux. Vociféré avec la plus grande des convictions, ses capacités vocales, bien que limitées techniquement parlant, ne seront pas un frein sur ce « Into The
Earth », il sait donner cette spontanéité et ce regain d’énergie sur les perles telles que « Turn
To Dust ».
L’emblématique « The
Realm » qui nous permet de cerner le potentiel de la bête. C’est de ce titre mid-tempo que naît la véritable surprise, alliant des influences NWOBHM à la sauce Punk/Hardcore Ouest parfaitement combinées pour le rendre groovy et pour apporter ce quelque chose de novateur que l’on retrouve que trop rarement sur ce genre de production, le seul élément de comparaison qui me vient à l’esprit serait le titre «
Hell Hath No
Fury » sur l’album Le Fol d’
Audrey Horne. Vous voulez quelque chose de plus Stoner joué avec la désinvolture du punk? Portez une oreille attentive sur «
No One Gets out alive » et surtout l’excellent « Prevail » et sa rythmique effrénée qui enfonce le clou profondément. Avec chaque note interprétée comme si leur propre vie en dépendait, on ne peut qu’adhèrer à 300% à ce « Into The
Earth..
.
Voilà donc ce qui rend ce « Into The
Earth » unique : Odcult nous propose un produit totalement à contre courant, à la fois basique dans sa conception mais avec ce qu’il faut de mélodies et de maîtrise instrumentale pour qu’on s’y intéresse. Il est à la fois dynamique, constant et terriblement encré dans ce que doit incarner le rock en général : créatif, énergique, spontané au travers d’une identité affirmée qui ne se préoccupe pas de ce que fait le voisin.
Chro qui donne envie, du Audrey Horne en plus cru.... Des touches Stoner
A l'occasion j'essaierai d'y jeter une oreille
Sinon que fout un groupe danois desanées 2010 dans le stye NWOBHM, qu'on fasse référence au style ne me gène pas mais de là à ce que ça devienne un foure tout ça devient débile. Comme tu maitrise le groupe essaye de modifier la fiche pour le remettre dans la bonne case (Hard Rock???)
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