Fondé en 2010 par Fares, Azmo (Al-Lat) et Ahmad,
Chalice Of Doom est un des plus « gros » groupes de melo doom/death au Moyen-Orient, là où la plupart se focalise davantage dans le black, le death ou le thrash. Avec la sortie de son premier opus «
Immemorial Nightfall », le combo a attiré l’attention de nombreux labels, et finalement le deal s’est conclu avec les Espagnols de
Memento Mori pour l’arrivée du second opus «
Into Hypnagogia ». Les Jordaniens malgré leurs trois années d’activité montrent une réelle maturité de composition et un professionnalisme indéniable. On comprend alors pourquoi cet album risque de faire parler de lui.
L’intro « Lucid
Incubus » écrite par Maria Zvyagina (Immensity, ex-
Wine From Tears) montre une facette sombre et épique de
Chalice Of Doom avec ces nappes et ces chœurs tout en annonçant la couleur. Il s’agit de doom à claviers porté par une atmosphère très mélancolique, voire gothique, influencée en partie par des groupes comme
Swallow The Sun,
October Tide ou
My Dying Bride, sans oublier le
Katatonia des débuts. Sur « Death Gown », les notes de piano sont très sensibles, le growl caverneux résonne, les chœurs et le chant clair de Giampaul (session), guidés par les guitares plaintives, montrent un certain désespoir.
La mixture est d’autant plus touchante sur « Shaheed » (
Martyr), sur laquelle les influences orientales se font beaucoup plus ressentir. Une chanson dédiée à “tous ceux qui ont perdu leur âmes pour l’amour de la paix lors des derniers événements du Moyen-Orient”, comme le disait une annonce lors de la sortie du single il y a quelques mois. Le growl de Fares est écrasant à mesure que les guitares et le tempo lent apportent beaucoup de mélancolie. Les claviers distillent une ambiance inquiétante, certaines mélodies orientales font leur apparition, sans oublier le chant clair en arabe d’Azmo qui nous ferait presque tirer une larme.
Il faut dire que
Chalice Of Doom sait particulièrement bien faire véhiculer des sentiments, que ce soit le désespoir, la tristesse, la peine et j’en passe. « Dyers of
Dusk » le montre bien avec son alternance de passages en mid tempo et de passages lents. Quelques influences black se font même entendre au milieu avec sa légère accélération et son chant typique. Tous les instruments restent en tout cas en accord et les notes de piano permettent d’apporter un côté dramatique. « Profound » renforce la sensibilité, avec son chant clair prenant, et « Against the
Winds » frappe fort avec ses riffs monolithiques, ses claviers perturbants, sa flute et la pluralité des chants : les voix de Fares, de Christinia Kroustali, de Marius Strand et d’Azmo se marient à la perfection.
L’album, malgré sa forte dose d’émotions, souffre légèrement de sa longueur puisque huit voire neuf titres auraient largement été suffisants. On perd un peu l’attention au fil du temps à cause de plusieurs linéarités même si on ne peut qu’apprécier le style de
Chalice Of Doom. L’outro reste tout de même délicieuse, dans un style proche de celui de
Bilocate, ambient, sombre, chaleureux et enveloppant. En un mot : magnifique.
Un coup de maître pour ce petit groupe jordanien qui semble avoir un bel avenir devant lui, ce qu’on espère, au vu de la difficulté qu’ont les groupes du coin pour se faire reconnaître. A noter que
Chalice Of Doom a pu, en
2012, livrer le premier concert impliquant des growls depuis 2007, à cause des problèmes avec les autorités.
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