Faute à des structures inadaptées, la Hongrie compte parmi les pays de l’Europe de l’est où peu de formations extrêmes sont parvenues à émerger en ces temps où le tape-trading dominait l’underground. Formé en 1990 à Szombathely à quelques kilomètres de la frontière autrichienne,
Extreme Deformity emprunte d’ailleurs son nom à un titre de son homonyme viennois
Pungent Stench. Il compte parmi les pionniers du deathmetal de Hongrie, à quelques pas de son compatriote et précurseur
Monastery, auteur du bien bon album
Far From Christ, paru en tape en 1992 (qu'il vous faut absolument découvrir !)
Sa démo autoproduite de 1992 permet le rapprochement avec le label LMS Records, fondé par l’ancien bassiste de
Lord, vieux groupe de heavymetal traditionnel originaire de la même ville, le deal se concrétisant par la sortie du debut-album
Internal en 1993. Articulé autour de 8 titres pour une durée totale de 29 minutes,
Internal paraît toutefois uniquement en cassette, tout comme nombre de productions de l’est à l’époque, s’exportant difficilement hors de ces contrées. Il faudra attendre 2011 pour une première édition en CD issue du petit label hongrois Neverheard Distro, assortie non seulement d’une nouvelle pochette plus indiquée, mais aussi de la première démo de 1992 en bonus.
Musicalement, on peut comparer grossièrement
Extreme Deformity à un mélange entre
Sinister et
Illdisposed, possédant l’incision du premier et la lourdeur du second, l’originalité et la finesse des riffs en moins. Le chant guttural d’Andreas Kalmar est gras à souhait, s’accordant idéalement au martelage rythmique et à la lourdeur des guitares, le tout servi par une production sauvage et étonnamment claire, en considérant les faibles moyens. Si les 8 morceaux composant
Internal sont globalement du même acabit, sans instants particulièrement mémorables, il faut néanmoins reconnaitre combien notre quintette maîtrise honnêtement son sujet, carré sur ses nombreux passages bourrins & tapageurs, à l’aise lors des décélérations propices à de bons riffs largués en pleine face, et également adroit sur ses soli de guitares, à l’image du bon
Forgotten Thought impeccablement calibré.
Si
Internal reste bien sûr dans la masse des albums deathmetal de l’époque, il présente néanmoins un groupe solide (et malheureusement éphémère), ayant en plus le mérite d’être parmi les pionniers dans son pays. Les sept morceaux supplémentaires de la réédition, issus de la demo-tape de 1992, n'ont point à rougir et devraient enfin décider les historiens & nostalgiques les plus indécis.
Fabien.
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