Pendant ce temps-là en
Europe …
Korpiklaani nous ressert chaque année le même plat,
Eluveitie ne retrouve plus le succès de
Spirit, et Týr s'enfonce peu à peu avec des albums de plus en plus décevants … Certes, le tableau est un poil assombri ; il nous reste tout-de-même
Moonsorrow et
Myrath, qui s'engage avec brio dans la direction du Folk oriental ; mais nous sommes en positions de nous poser quelques questions sur l'avenir de ce genre de musique. Pour nous redonner de l'espoir, je vous propose là un groupe nommé
Bellfast, qui vient, comme son nom l'indique, du Japon. Serait-ce du
Metal sauce folklore japonais ? Et bien non pas du tout, le groupe semble d'ailleurs assez focalisé sur l'Irlande :
Insula Sacra désignais le pays des Leprechauns en latin et les références à l'île d'émeraude dans leurs textes sont assez nombreuses.
Petit groupe local sans réelle ambition,
Bellfast, qui avait déjà sorti un E.P. en 2003, a soudainement commencé à prendre de l'ampleur, jusqu'à sortir un full-lenght en 2010. Le line-up semble cette fois être définitif (il n'y a quasiment aucun musicien en commun entre l'E.P. et le full-lenght). Pour un premier album, on peut noter la longueur totale de la galette, assez conséquent, soit près d'une heure de musique. On a droit à une petite intro, puis à une dizaine de titres tournant autour de cinq minutes chacun. Je parlait d'ambition en début de paragraphe, c'est vraiment cette fois ce qui caractérise leur musique : l'enregistrement c'est passé en
Europe, ainsi que la production (il s'agit du même producteur que
Therion), et aussi un site internet tout beau tout propre.
Mais passons à la musique, car c'est avant tout ce qui nous intéresse. L'album s'ouvre par un morceau doté d'une pêche incroyable,
That's Ireland, qui met avant tout la puissance de la guitare (en la personne de Nisino Kouichiro). Cette même guitare reviendra plus tard dans le morceau pour un solo endiablé digne des plus grands de la scène européenne. On pourrait se demander si les instruments plus traditionnels (violon et flûte) ne sont pas noyés sous le poids de la six-cordes, mais en fait non, le cocktail est savamment dosé, chacun trouve sa place et la machine
Bellfast devient une mécanique bien huilée.
Les titres s'enchaînent ensuite, certains s'orientant plus vers une musique de style
Viking (Deadly
Oath), mais toujours dans ce même rythme effréné avec à chaque fois une composition très réussi, accrocheuse, sans pour autant tomber dans la facilité. Le cinquième titre, Beautiful Mind, est cependant (un peu) plus calme avec au milieu une bonne partie de basse puis un solo qui se rapproche assez de la démonstration technique.
Puis vient le tour de The Lone Horseman, qui vient à lui seul d'inaugurer un nouveau genre, le folk metal progressif. Bon d'accord c'est pas nouveau,
Myrath et Mägo de Oz savent très bien le faire, mais le morceau dont il est question ici vaut le détour, avec une guitare parfois lancinante, parfois puissante, parfois mélodique. On peut remarquer des voix plus sombres (on aime ou on aime pas) qui font de temps en temps une apparition. Le morceau passe vraiment par différents styles sans choquer l'oreille de l'auditeur, et c'est du beau travail (ça m'a quelques fois fait penser à du
Pain of
Salvation).
On arrive ensuite à ce qui a servi de promo à l'album, Sail Under the
Midnight Sun, qui est tout comme son confrère du paragraphe précédent un morceau à tiroir où les émotions se succèdent à la vitesse des vaches regardées depuis la fenêtre du TGV (mais où je vais chercher ça ?). Le tout est accompagné d'une flûte en pleine forme pour un final très folk.
Winter of Death est un très bon morceau, qui ravira les cages à miel de toute personne appréciant le metal à tendance folklo-mélodique, mais ne nécessite pas d'explication ou de remarques particulières.
Puis vient le tube de l'album. Enfin le tube … on se comprend, restons modeste, le titre-phare on va dire … Celtic Drum. C'est le seul morceau ancien du groupe, celui qui lui a valu sa renommé quoique assez modeste. La prestation de la guitare est remarquable, ainsi que celle de Hiroshi Sakakima, derrière ses fûts. L'album se termine enfin sur le très mélodique
Winds of Time, où j'apprécie particulièrement le chanteur, c'est d'ailleurs le titre sur lequel il officie le mieux.
Bien sûr tout n'est pas parfait dans l'album, par exemple The Druid Song, un peu faible, non pas parce qu'il es plus doux que l'ensemble mais il manque un petit quelque chose qui en aurait fait un break bienvenu. Mais dans l'ensemble il s'agit d'une très bonne galette, qui sort de l'ordinaire, pourvue de bon riffs, de soli endiablés la technique prenant parfois le pas sur la mélodie (un peu comme du
Jeremy, pour continuer dans le metal asiatique), et de mélodies folk incomparables ...
Le chant n'est pas parfait, il arrive que le tout manque de temps en temps de cohérence, certains instruments traditionnels (le violon) sont parfois un peu noyé sous la puissance de la guitare (et quelle guitare !!!), cependant, il se peut que dans quelques années, avec un peu de publicité, on attendra le prochain album du groupe comme le prochain
Ensiferum.
Ils viennent de loin, mais la baffe qu'ils sont venu nous mettre n'a pas perdu de son élan, bien au contraire. Leurs yeux sont bridés, leur peau est jaune, mais ils ont montré à toute une génération de folk métalleux viking blonds aux yeux bleus ce qu'on sait faire chez les mangeurs de sushis.
Merci! Je vais écouter!
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire