Farsot est un groupe de Black
Metal teuton qui roule sa bosse dans l’underground depuis plus d’une dizaine d’années, déjà. C’est avec son troisième album (celui que les chroniqueurs ont l’habitude d’appeler connement "l’album de la maturité"),
Insects, que le groupe s’est révélé à moi alors que je faisais mes emplettes trimestrielles chez Those Opposed. Après une brève écoute d’un titre sur Youtube, je suis emballé, et j’achète l’objet, sans trop savoir toutefois à quoi m’attendre.
Signé chez le label de Black
Metal allemand Lupus Lounge (
Secrets of the
Moon, Hellrunar…), les allemands de
Farsot se cachent derrière des pseudonymes énigmatiques composés de chiffres et de lettres comme des codes informatiques dont je n’ai pas eu le courage de chercher les significations. Quoiqu’il en soit, ces pseudos entourent de mystères les artistes participants à ce groupe, si bien qu’on ne peut faire que des suppositions. J’y verrais bien, sans en être sur, quelques membres de
Secrets of the
Moon.
L’objet en lui-même est très beau. Livret de quelques pages au papier épais avec un grain assez agréable, magnifiques illustrations dessinées d’opérations chirurgicales à l’ancienne de différentes parties de l’anatomie, et travail assez original sur la typographie pour les paroles. En somme, un livret assez agréable visuellement.
Mais qu’en est-il de la musique ?
Commençant par quelque chose d’un peu ambiant, les riffs surgissent d’un coup. Si les premiers titres sont rapides, voir un peu Thrash/Black, le tempo se ralentit radicalement dans le reste de l’album, ne laissant que peu de passages aux blasts. Lourd, un brin old school, à la production pas toujours parfaite, on semble avoir à faire à un black piochant parfois dans le mélodique mais ne faisant pas de concession. L’ajout épisodique de samplers imitant des discours radiophoniques des années 40 rajoute à cette ambiance faisant référence à de vieilles années. Mais la description de l’album est loin d’être si facile, puisque
Farsot joue avec des ambiances multiples, et surtout, des sonorités peu communes, prouvant qu’Insect est un disque moderne. On se retrouvera ainsi parfois confrontés à des passages blues où des arpèges sont joués tandis qu’un piano pose quelques notes disharmoniques en fond sonore. Difficile toutefois de parler d’avant-gardisme, terme employé souvent à tort et à travers ces derniers temps, puisque ces disharmonies n’apparaissent qu’à quelques moments de l’opus, pas comme chez
Slagmaur, par exemple.
Farsot ne prétend de toute façon pas faire partie d’une nouvelle vague, restant résolument Black malgré l’ajout de quelques expérimentations.
L’ambiance rappellera parfois
Mayhem sans le plagier, loin de là. Tantôt on pourra penser à Grand Declaration of
War, tantôt à De
Mysteriis Dom Sathanas. D’autres fois, on sentira l’influence de la scène Black Allemande (fait logique), avec des arpèges mélodiques pouvant faire penser à
Dark Fortress, ou des riffs d’une lourdeur à l’efficacité mortelle à la
Secrets of the
Moon. Mais j’insiste : Insect est un album unique, réellement intéressant, et à la richesse de composition qui outrepasse largement la simple reprise de grands noms du Black
Metal. Son style est assez perturbant pour ne pas lasser l’auditeur, et les différentes ambiances de l’album donnent à l’écoute du CD tout un panel d’atmosphères allant de l’inquiétant au ritualiste. La voix est parfois gutturale, mais se fait plus lancinante et plus surnaturelle, voir déprimante, lors de certains passages en voix claire.
Surprenant, ce disque duquel je n’attendais rien de particulier, puisqu’acheté sans attente particulière, m’a vraiment botté le cul par ses compositions. Sa lourdeur opaque, ses ambiances multiples, et ces quelques expérimentations disharmoniques prouvant une certaine modernité dans la conception, m’auront convaincus. Le livret, d’excellente qualité, ne peut que m’obliger à faire une critique positive de l’objet. À chaque écoute supplémentaire, on l’apprécie de plus en plus, tout comme on apprécie les grands crus que sont ceux cités ci-avant. Un groupe peu connu, à tort, qui plaira aux amateurs de Black, quels que soient leurs préférences.
Je pense vraiment que ce disque devrait plaire à n'importe quel fan de BM. Magistral et très particulier, vraiment difficile à décrire par des mots (je suis pas si satisfait que ça de ma chro)
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire