"2014 ? Vraiment ?"
Telle a été ma première pensée lors de la première écoute de cet «
Inoculation » qui semble tout droit sorti des années 88-89. Difficile de ne pas faire le lien entre ce premier album des Californiens et les offrandes du Morrisound Studios durant l’âge d’or du death metal américain. Tout ce que vous trouviez dans les premiers
Death,
Gorguts ou
Morbid Angel a été parfaitement assimilé par les gus de
Morfin qui ne cherchent pas à cacher leurs influences en prônant l’originalité ou en cherchant à faire évoluer le death metal, loin de là…
… Mais l’exercice du revival n’en est pas aisé pour autant. Il y a ceux qui se contentent de copier riff par riff les légendes, sans saisir l’essence même de leur musique, et il y a ceux qui tirent leur épingle du jeu en proposant tout de même une œuvre certes, codifiée par les standards de l’époque, mais avec un brin d’originalité.
Morfin tend à se rapprocher du premier cas tout en réussissant à insuffler à leurs compositions l’énergie et la rage nécessaire à ce type de réalisation. En effet, l’authenticité et la hargne de leur death metal, jamais très éloigné du thrash, est très perceptible sur des morceaux comme "
Inoculation" ou "
Dark Creator" où Romero vocifère le titre de chaque morceau avec une conviction inébranlable.
Un autre atout de
Morfin est le marteleur de fûts Miguel Hernandez, qui se permet de compléter les traditionnelles rythmiques death old school empruntées au thrash par des parties blastées bien senties, qui accroissent l’impact des compositions, surtout lorsque celles-ci sont jouées en guise d’introduction ("Cryostasis"). Les 10 pistes de l’album s’enchaînent sans baisse de régime, excepté sur "
Primordial" (judicieusement placée au milieu du disque) où Michael Gonzalez, bassiste de la formation, livre un solo de basse délectable de plus d’une minute avant de redémarrer la machine
Morfin sur l’éponyme de l’album.
Enfin, « Innoculation » surprend par sa production qui réussit également le pari de sonner old school, avec une basse parfaitement audible, ce qui ajoute une profondeur non-négligeable aux ambiances mortuaires développées par la formation. Dès "
Evil Within", après une courte introduction aux samples inquiétants, on est littéralement plongé à la fin des années 80, avec un son très proche de celui de
Leprosy (
Death), le côté ultra-saturé en moins. Les comparaisons avec la bande à Schuldiner ne s’arrêtent pas là car Jesus Romero possède un timbre de voix quasi-similaire à celui de Chuck ! Il suffit d’écouter la reprise de "
Leprosy" pour s’en convaincre : le groupe ne change rien à l’originale, reproduisant le morceau au millimètre près.
Morfin vient ainsi compléter l’écurie montante de FDA Rekotz (
Dehuman Reign,
Sulphur Aeon, Revel in
Flesh) qui commence à se constituer une base solide aux formations prometteuses. La première offrande des américains apparaît comme une synthèse du death old school d’il y a maintenant plus de 30 ans, possédant toutes les caractéristiques du style, sans fioritures aucunes. Certains crieront au plagiat, d’autres n’en auront cure et s’injecteront ce
Morfin avec grand plaisir, savourant ainsi un retour vers le passé particulièrement appréciable…
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