Ce n'est pas faire injure aux Francais d'Eltharia que de dire que leur premier disque,
Legend of a Forgotten World, sorti en 2004, souffrait de quelques carences et de quelques défauts qui, sans le condamner véritablement à la vindicte populaire, aura rendu sa défense difficile.
Innocent sera le nom du successeur de ce premier pas hésitant. Il aura mis 10 ans à sortir et le groupe nous le promet plus violent et agressif.
D'emblée, un excellent premier titre,
Third World War, dont on regrettera simplement certains riffs à la parenté allemande (
Helloween - Eagle Fly
Free) un peu trop évidente, nous renseignera déjà pleinement sur le contenu de ce nouvel effort. Effectivement plus incisif et brut, c'est surtout du côté de la production que cet
Innocent aura grandement progressé. Clair et précis, incisif et équilibré, riche et nuancé... voilà autant d'adjectifs qui, désormais, peuvent qualifier le son de ce collectif.
Dans une volonté compréhensible de simplifier à l'extrême l'explication de texte concernant l'art de ce quintette, les critiques patentés parleront ici de
Power Metal. Si, évidemment, Eltharia puise l'essentiel de son travail de cette mouvance-là, il sera essentiel, pour le chroniqueur objectif, d'insister sur l'aspect, souvent, très Heavy de ce propos. Les guitares sont donc mises très en avant et les synthés cantonnés souvent aux seconds plans en des nappes subtilement présentes sans être envahissantes (les séduisants Spite
Still Remains ou encore My Own
Justice et son remarquable refrain à l'accélération délicieuse).
Parlons également du travail vocal qui est ici très appréciable. Evoluant principalement en des contrées médiums-aigu du plus bel effet (et notamment parce que loin des poncifs désespérément aigus, stéréotypés et fatigants de nombres d'autres se singeant les uns les autres), Pierre Carabalona n'hésitera cependant pas à s'adonner à quelques variations salutaires. En empruntant, par exemple, les chemins de ces voix gutturales "
Death" (Spite
Still Remains, My Own
Justice ou par exemple
Black Hole) ou encore ceux de ces rugissements aigus dignes des plus grands vocalistes du genre (l'entame de
Third World War).
En outre, au-delà de cette capacité à composer des refrains souvent superbes et de ce don pour capter l'attention de son auditoire, Eltharia jouit aussi d'un talent de composition remarquable. On pourrait même oser l'impensable et affirmer crânement qu'il y a ici plus d'idées intéressantes, de rebondissements et de reliefs que sur certaines des dernières sorties italiennes, suédoises ou finlandaises pourtant largement encensées. Un pas que seule la légendaire retenue et l'objectivité mythique de votre humble serviteur lui refuseront de franchir. Quoique...
Pour clore ce pamphlet aux allures de plébiscite mérité abordons trois des titres les plus réussis de cet
Innocent. À savoir The
Dark Passenger et son refrain entêtant, Faster than the
Reaper à l'accélération brillante, inattendue et splendide, mais aussi Keys of Underworld. Sur ce dernier les pianos sublimes, et subtils, de Laure Girard sortant enfin de sa réserve viennent mettre en exergue guitares et chants. Ce morceau, au break, de surcroît, superbe, apparaît comme un condensé de ce que nos cinq musiciens savent faire de mieux. L'auditeur exigeant ne pourra être que comblé.
La vie de chroniqueur est souvent faites de tâches ingrates, de disques médiocres, de périodes mornes où de piètres albums ternes succèdent à d'autres blafards. Et lorsque enfin la lumière jaillit là où ce travailleur besogneux ne l'attendait pas, son labeur prend tout son sens. Un grand merci à Eltharia, et à son
Innocent, d'avoir illuminé des heures obscurcies par tant d'
Astralion,
Legend,
Silent Knights,
Soul Of Steel et autres
Galderia.
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