Innate Passage

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18/20
Nom du groupe Elder
Nom de l'album Innate Passage
Type Album
Date de parution 25 Novembre 2022
Style MusicalStoner Doom
Membres possèdant cet album3

Tracklist

1.
 Catastasis
 10:51
2.
 Endless Return
 09:55
3.
 Coalescence
 09:47
4.
 Merged in Dreams - Ne Plus Ultra
 14:43
5.
 The Purpose
 08:38

Durée totale : 53:54

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Elder


Chronique @ JeanEdernDesecrator

29 Janvier 2023

Abandon et rêverie

S'il avait continué sa carrière comme il l'avait commencé, Elder aurait eu du mal à se démarquer avec un doom/Stoner sabatthien aux relents de Kyuss, comme masse de groupes du genre. Cependant, avec leurs troisième et quatrième LPs "Lore" et "Reflections of a Floating World" en 2015 et 2017, le groupe est sorti du bois, en prenant un virage prog psyché, et de manière plus radicale à l'occasion de l'EP "The Gold And Silver Sessions" (2019), s'éloignant du fuzz outrancier en développant tous ses aspects les plus psychédéliques.

Elder a conjuré l'enfermement de la pandémie en sortant leur cinquième album "Omens" fin 2020, avec leur nouveau batteur Georg Edert, puis en se joignant à Kadavar pour former Eldovar, le temps d'un album collaboratif, "A Story From Darkness And Light".

C'est donc deux petites années après "Omens" qu'est sorti ce sixième LP, le 25 novembre 2022, chez Stickman Records. Avec une pochette aussi énigmatique et arty, et un nom cérébral, "Innate Passage", il y de quoi interroger l'auditeur.
En effet, Elder échappe maintenant à toute classification hâtive, tellement il emprunte à différents genres musicaux : stoner, prog, Space rock, psychédélique, et même post hardcore. Certaines influences dont néanmoins évidentes, comme Steven Wilson (ces claviers chevrottants qu'on croirait sortis de "The Raven That Refuses to Sing").

Autant prévenir, les morceaux sont longs, dépassant parfois les dix minutes, et pourtant on ne voit pas de temps passer, tellement ils sont bien développés et construits. Chaque pièce est un voyage qui se déroule comme un fil de vie, avec son inconstance et des réminiscences tenaces.
On alterne des passages contemplatifs magnifiques avec des riffs moteurs qui font taper du pied dans un midi tempo nerveux ("Coalescence").
Avec des durées aussi généreuses, parfois un morceau prend une direction totalement différente de celle entrevue dans son introduction, comme "Merged In Dreams -Ne Plus Ultra " qui pousse à un rythme binaire et soutenu, après avoir débuté dans la mélancolie ciselée.

Les guitares de Nick DeSalvo et Michael Risberg tricotent patiemment arpèges angéliques et riffs lourds, avec les lignes de basse montagneuses de Jack Donovan. Cela donne des entrelacs chatoyants de mélodies qui ne sont pas sans m'évoquer Oceansize. Les harmonies s'enchaînent s'entrecroisent, et font se succéder les émotions au fil des minutes.

Il faut dire qu'on est en présence d'un album de musiciens pour les musiciens, avec des instrumentistes qui se font plaisir. C'est une friandise pour guitaristes, avec une orgie de sons inventifs et travaillés. Il suffit de voir l'indécent pedalboard de Nick, avec pas moins de vingt deux pédales dont trois wah, pour se dire que les effets ne sont pas juste cosmétiques, et ils participent à l'ambiance onirique de l'opus .
La basse a une grande importance, comme pour un power trio, en squattant les bas médiums à la façon d'une guitare rythmique, comme pour contrebalancer le caractère très aérien et évanescent des six cordes.
A la batterie, Georg Edert n'est pas en reste pour faire monter la pression, avec un jeu énergétique et volubile.
Le chant semble presque accessoire, comme une intervention divine ayant la bonté de descendre sur terre pour donner du sens à ce paysage ininterrompu de mélodies idylliques. Le timbre de voix claire de Nick DiSalvo me rappelle Yes ou plus encore The Ocean.
Quant aux interventions des synthétiseurs, elles sont parcimonieuses, dans un esprit proche du Space rock, sans en avoir les excès.

Alors que le groupe a longtemps pâti d'enregistrements au son pâteux et pas très flatteur, la production de "Innate Passage" est exemplaire et parfaitement adaptée au mélange de rusticité vintage et de sophistication mélodique proposé par le quatuor. Le son est chaud, précis dans les aigus et contenu dans les graves, quand on le compare à leurs enregistrements précédents.

Si je me rends compte que j'ai utilisé pas mal de superlatifs pour décrire la musique d'Elder, on peut objecter qu' il n'est pas évident de différencier et de mémoriser les morceaux tellement ils sont riches, mais c'est comme refaire le même voyage et se perdre à chaque fois, en acceptant ce que l'infortune peut apporter.
En outre, il va de soi que ces rêveries presqu'instrumentales laisseront beaucoup de marbre. Un esprit d'abandon est nécessaire pour pouvoir s'abîmer ainsi dans la contemplation. Et pour ceux qui connaissaient déjà Elder, cet album ne manquera pas de surprendre car il fait passer leur musique dans une autre dimension.

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