Liste des groupes Death Metal Psychomancer Inject the Worms

Lorsqu'on se penche sur la discographie de Psychomancer, quelque chose peut frapper. Après quasiment vingt ans d'existence (le groupe américain est né en 1997), elle ne compte, en plus du disque qui nous occupe aujourd'hui, que deux albums, plutôt mou pour le premier (« Si-ko-man-sur »), plus lourd et agité pour le second (« Butchered »)... Mais à la qualité de production moyenne pour les deux. La faute à des changements de line—up assassins, Psychomancer ne revient stabilisé que cette année chez Orchestrated Misery Recordings.

Comme une petite caresse qu'ils se feraient pour se rassurer, ou un tour de chauffe, "Inject the Worms" n'est qu'un EP. Et bien leur en a pris car, en plus de monter une échelle supplémentaire dans la violence et la cadence, la menue galette concrétise une carrière qui, malgré les splits, parvient à aller crescendo.

Le coup est donné dès « In Schakles Insane » avec un death metal old school assez brutal, bénéficiant d'un son de batterie très clair et surtout d'une basse claquante et squelettique. Ce n'est pas de refus parce que c'est assez rare que cet instrument ait une vraie texture sur les productions ! Les phrasés de guitare rythmique sont, pour leur part, assez groovys (impression renforcée par cette basse auditive justement). Ce qui contentera les pros du headbanging qui ont joué de la nuque sur les deux premiers albums de Unleashed ou encore sur Demilich, dont Psychomancer est proche aussi (en plus énervé et plus actuel dans la production). Sur cette première dynamique suit «Just Another Victim», avec un blast particulièrement virulent et des changements de rythmes brusques.

Jusqu'à « Chant of the War Demons », dernière piste, le groupe table grosso modo sur la même recette que les deux morceaux initiaux, avec lourdeur, efficacité, headbanging imparable. Psychomancer dans l'ensemble sait donc y faire, donnant l'image d'un combo énergique, investi, qu'il sera appréciable de voir en live. Du genre de ces petits groupes qu'on découvre en festival et dont on garde un bon souvenir...Sans pour autant laisser passer d'autres ambitions.

En effet, connaissant la disco de nos petits gars de l'Illinois et se fiant au début de l'EP, une surprise surprenante (appréciez le pléonasme) nous attend sur le morceau éponyme « Inject the Worms ». L'intro est plus douce, aérienne, avec un rythme ternaire modéré et une ligne mélodique assez jolie, sans se la jouer attention-je-vais-vous-transporter-dans-votre-propre-vous-même-tellement-ce-sera-beau. La mélodie finit brisée par un bon gros riff en milieu de morceau qui fait passer à une énergie pogo, puis par un breakdown redoutable. Cela dit, ce n'est pas du tout ce à quoi on s'attendait.

D'ailleurs, Psychomancer ne se contente pas que d'un seul « écart » mélodique. Une piste plus tard, dans « Bastards Burn », on a une belle ouverture acoustique sur cette ballade intimiste et mélancolique. Le morceau est, lui aussi, court-circuité par du brutal. Mais, premièrement, du brutal avec des chœurs (!), ce qui n'est pas du tout l'ambiance du disque jusque là ! Et, deuxièmement, du brutal assez court qui repasse, en fin de composition, sur une ballade qui rappelle celles des groupes de thrash qui permettaient de pécho dans les boums des années 80-90. C'est cool de se dire que si ça se trouve, certains d'entre nous sont nés grâce à « Nothing Else Matters ».

Si le death metal est déjà allé assez loin pour qu'une ballade sur un disque de death brutal ne soit pas la claque de notre vie, on ne peut que remarquer que Psychomancer se bonifie avec le temps, livrant un travail de plus en plus intéressant et plus soigné (ce n'est pas désagréable d'entendre enfin le groupe avec un mixage propre...).

Il convient de dire que l'album ne contient pas assez d'âme ou coups d'éclats pour être réellement marquant, d'où une note très moyenne. Cependant, on espère que le combo est maintenant stabilisé pour de bon et que le prochain full length verra le jour dans moins de dix ans !