Einstein affirmait, non sans raison, que la bêtise humaine n’avait pas de limites. À mon humble niveau, je dirais qu’il en est de même pour les groupes de brutal death metal. Dans ce genre tellement foisonnant, il est difficile de faire un tri judicieux, étant donné le nombre de formations se cantonnant à un ensemble riffing/compositions/son similaire.
On peut alors se fier à un label de confiance, un artwork accrocheur, un nom de groupe plus ou moins croquignolet. C’est ainsi que mon intérêt a été attiré par
Delusional Parasitosis, formation made in Detroit intégrant l’écurie compatriote New Standard
Elite. Avec un patronyme relatif au syndrome d’Ekbom (délire qui convainc le malade d’être infesté de parasites), sa « superbe » pochette à l’avenant signée Daemorph, le groupe coche les cases qu’il faut pour moi. Cependant, l’essentiel demeure dans ce que vont nous proposer les 4 compères au long des 7 titres proposés sur ce
Ingurgitating Intestinal Rot (on est au niveau de l’EP avec à peine 22 mn de musique), paru en 2014.
Fait assez remarquable, le groupe développe, dès l’entame
Dehumanized Ontogenesis, une identité sonore particulière, loin du son aseptisé qui trop souvent enferme le style. Une belle sensation de charnier putride émane de l’ensemble avec des guitares grasses comme un américain savoyard, une batterie bien puissante, des vocaux ignobles et bien rythmés et une basse audible et groovy. La musique semble embourbée dans une couche de fange que n’aurait pas renié
Autopsy par exemple. Félicitations à Christian Rudes qui s’est occupé de l’enregistrement et du mixage.
Niveau composition,
Delusional Parasitosis reste ancré dans les standards du genre. Gros riffs ravageurs et lourds, accélérations supersoniques à grands coups de blast-beats et gravity blasts qui montrent les belles capacités du batteur Alex Mitsch, des parties slammées de rigueur et une méchanceté exacerbée qui fait plaisir à entendre. Point fort, les vocaux dégoulinants et gras de James Shuster, qui évitent avec brio la tentation du pig squeal et amènent une belle dynamique.
Objectivement, il n’y a rien d’exceptionnel ni de novateur sur des titres comme Insectile
Torture Macabre ou Assemblage of Necrotized
Flesh. La relative linéarité de l’ensemble est cependant contrebalancée par la volonté manifeste des musiciens de ne faire aucun quartier. En cela, Gluttonous Consumption of Prenantal Malformation s’impose comme le titre le plus convaincant à mon goût, avec cette partie centrale aux riffs bien sentis.
Il me faut signaler que les 2 derniers titres sont issus d’une autre séance d’enregistrement et, même la qualité globale demeure, ils perdent la coloration amenée par cette production sale et suintante.
Voici donc un bon album (EP ?) d’un groupe qui a su se démarquer quelque peu de la masse. Dommage alors de voir qu’hormis un split en 2017,
Delusional Parasitosis n’a plus rien proposé. Mais, comme les musiciens ici présents officient actuellement dans d’autres groupes, l’espoir demeure d’écouter dans l’avenir un successeur à ce
Ingurgitating Intestinal Rot, tout aussi sale et sans compromis.
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