La Chine, cette civilisation plurimillénaire, cette lointaine contrée asiatique qui sublime autant qu'elle effraie, son système d'écriture complexe, cette masse populaire qui fait d'elle le pays le plus peuplé du monde, ses habitants tellement dévoués à leur travail qu'ils n'hésiteraient pas à mourir sur place pour prouver leur dévotion… Non là je vais un peu trop loin… Vous l'aurez compris, il sera question d'un groupe chinois dans cette chronique, et plus particulièrement des Shanghaiens de "
Screaming Savior".
Bien que formé en 2001, le groupe ne sort son premier album qu'en
2012. Difficile d'expliquer les raisons de ce retard, bien que l'on puisse émettre plusieurs hypothèses à ce sujet, à savoir : la difficulté de la musique rock en général à percer en Chine malgré sa dépénalisation dans les années 80, le parti unique qui n'apprécie pas que l'on sorte du moule politiquement comme culturellement. On pourrait en débattre pendant longtemps, là n'est pas la question, passons donc à la musique sans plus attendre.
Avant même de commencer l'analyse, je vais vous révéler un secret de Polichinelle : savez-vous que les Chinois ont basé la totalité de leurs capacités industrielles sur du copiage ? Non sans blague !!! Pourquoi une telle précision ? Parce qu'après avoir écouté ce disque, il est clair qu'en musique comme en industrie, les Chinois sont d'excellents copieurs, mais de très mauvais inventeurs. Je m'explique : dans le cas de ce disque, le copiage de la technique des Norvégiens de
Dimmu Borgir saute aux oreilles dès le premier titre "Star of
Fatality", que ce soit dans le jeu des guitares ou dans la forte présence de l'orchestre, à cheval entre le majestueux et le grandiloquent. En revanche, au niveau des paroles, les Chinois misent plus sur la thématique astrale que sur l'antichristianisme. Copiage sur
Arcturus peut-être ?
Alors oui, on préférera toujours l'original à la copie, mais il faut reconnaitre qu'à défaut d'être originale, la copie peut proposer des services de qualité. En effet, la production est correcte, le son est clair, et tous les instruments sont audibles. Quant aux musiciens, ils ont beau avoir copié sur leurs "lointains" voisins, force est de reconnaitre qu'ils savent bien s'y prendre, que ce soit au regard des solos de guitare, à l'image de "
Ode to the Expedition"., ou de la batterie qui, à aucun moment, ne faiblit, comme le prouve "Sanguinary
Salvation".
Le chanteur représenterait le seul point d'originalité de l'opus, et pas seulement parce que son chant diffère de celui de son compère norvégien, bien qu'il reste quelque peu classique pour le style. Il s'en distingue surtout par des paroles entièrement chantées en chinois. Sinon, on aurait aimé percevoir davantage d'éléments chinois sur ce disque ; pas seulement au niveau de la langue, mais en général. Par exemple, malgré la présence d'un Erhu (violon chinois) sur "Star of
Fatality", ne vous attendez pas à du
Chthonic bis, sa présence est plus anecdotique qu'autre chose puisque, sur le reste, nos Chinois ont préféré mettre l'accent sur des schémas musicaux très occidentaux, sans doute par conservatisme. Toujours sur les éléments traditionnels, on pourrait aussi citer le passage de "Sanguinary
Salvation" avec un couplet chanté à la manière de l'opéra chinois. Le problème, c'est que le chant ici est mal maîtrisé, et peut même paraître quelque peu ridicule en raison de cette carence…
Voilà donc un disque qui séduira davantage par sa qualité que par son originalité, mais qui, malgré tout, a le mérite de nous faire comprendre que même dans les contrées les plus lointaines, on a le goût de la bonne musique, et ce, en dépit du fait que ce mode d'expression soit encore plus mal vu dans cette aire culturelle que dans la nôtre.
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