Les clichés, c’est bien pratique, surtout dans le metal. Une chèvre et quelques croix inversées sur une pochette d’album et on pense avoir affaire à un groupe de death/black ou de black tout court. Du moins à quelque chose d’occulte. Grave erreur…
Fisthammer nous vient de Pennsylvanie et avait déjà défrayé la chronique il y a de cela deux ans, en proposant en guise de premier jet un «
Devour All You See » surpuissant, alliant brutalité et sens de la mélodie avec une facilité déconcertante pour un groupe aussi jeune (6 ans au compteur). Après quelques changements de line-up, le groupe se retrouve donc en 2014 sous forme d’un trio mené par son frontman Max Svargald et nous livre sa dernière offrande « Infaillible ».
Ce nouvel opus n’a rien d’occulte, malgré une pochette pourtant éloquente à ce sujet comme je le disais précédemment. Exception faite du morceau d’ouverture, "Arithmos Tou Theriou" qui frôle le plagiat de
Behemoth,
Fisthammer évolue toujours dans un registre death brutal mélodique, voire même technique. Ce dernier aspect est tout de même plus présent que sur le précédent effort des Américains. Autre élément de comparaison avec «
Devour All You See », le chant a également évolué, Greg Hesselton ayant quitté le navire depuis. C’est donc Max qui s’y colle, éructant un guttural hélas bien moins convaincant, alterné avec un scream proche de la scène deathcore (la première partie de "
The Coven" lorgne d’ailleurs plus vers ce genre que vers le death brutal). Globalement, il manque à ce « Infaillible » quelques points d’orgue, d’apogée, certains morceaux donnant l’impression qu’ils ne sont là que pour le remplissage comme "Evocking the Wrath of the Revenants" qui se révèle trop linéaire et conventionnel.
Du côté du mix, rien à signaler. Malgré le fait que la formation ait produit son disque par elle-même, le résultat est plus que convaincant, quoiqu’un poil trop synthétique, mais l’effet rouleau-compresseur est bien là en témoigne le terrible refrain de "
Conjuration of the
Fire God" qui marie à merveille mélodie épique typée black metal et breakdown brise-nuque démentiel. On retrouve d’ailleurs ces deux éléments tout le long de la galette ce qui, couplé à l’anecdotique interlude placée en 7ème position, permet d’aérer les compositions des Philadelphiens et de rendre le tout facilement assimilable. Soulignons également le niveau technique des musiciens officiant sur cet album. Même si les plans proposés par Max de ce point de vue là n’ont rien d’original, ils permettent une mise en valeur des thèmes plus aériens et mélodiques comme sur "
Dismal Inveracity" à la première partie saccadée et aux riffs alambiqués qui débouche sur un break tribal groovy et planant. Danny Piselli, marteleur du groupe, n’est pas en reste et livre une performance de qualité en proposant des plans variés et permettant de dynamiser l’ensemble ("Thousand Yard Stare").
« Infaillible » se révèle donc être un album très versatile, preuve que le groupe ne se pose aucune contrainte vis-à-vis du style pratiqué. Il en résultat un disque à l’identité certaine mais qui n’égale tout de même pas l’impitoyable «
Devour All You See » paru 2 ans auparavant. Alors certes, il est fort à parier que les fans de la première heure seront déroutés par les vocaux du nouveau frontman qui se révèlent bien moins impressionnants que ceux de son prédécesseur, mais cette dernière offrande des Américains n’en est pas moins un disque riche et aux bases solides.
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