Dans une Autriche très attachée à ses traditions et ultra conservatrice, ce n'est pas le folklore local qui attire le jeune Hannes Wuggenig sur le plan musical. De la démarche d'enrichir ses connaissances en
Metal extrême et d'agrandir sa collection de disques va déboucher sur une rencontre fortuite avec Harald Bezdek (
Disharmonic Orchestra/
Disastrous Murmur) qui va donner à Hannes tous les éléments pour appréhender la scène dans son ensemble. Chaperonné par ce musicien expérimenté, le jeune apprenant achète une guitare et commence à travailler son instrument. Fasciné par l'univers du gore et sous l'influence des groupes
Carcass et
Autopsy, mais également par les compatriotes de
Pungent Stench et
Disastrous Murmur, Hannes Wuggenig a une vision très précise de la dimension qu'il veut donner à sa musique et au visuel qui va l'accompagner.
Il recrute rapidement un premier line-up, se charge du growl en plus de la 6 cordes et 2 premiers morceaux sont mis en boîte en 1991 en guise d'essai, l'entité
Visceral Evisceration est née. Étonnamment, si le contenu du cahier des charges regorgeant d'hémoglobine et autres fluides corporels pouvait laisser suggérer une musique particulièrement crue et brute, il n'en est rien du tout.
Visceral Evisceration pratique plutôt un
Doom Death teinté d'ambiances sombres à l'instar d'un "As the Flower Withers" de
My Dying Bride. Convaincu du potentiel de son projet, Hannes Wuggenig déménage pour la capitale afin d'y recruter des musiciens plus expérimentés. Par un habile jeu de relations, un second line-up au complet est constitué dès 1992.
Avec des fonds relativement réduits (1000€ de nos jours), le groupe enregistre en février 93 sa première démo au
Jack Daniels Studios à Vienne. L'ambivalence entre le sujet du message et la forme choisie pour le transmettre est de rigueur à nouveau : les 5 titres de "
Savour of the Seething Meat" font référence à des thématiques résolument gore alors que musicalement on est plus proche des sonorités du
Gothic de
Paradise Lost. La progression est notable par rapport à l'essai de 91, les titres sont très ambitieux avec des orchestrations recherchées et la présence de chants lyriques. Le groupe écoule plus de 600 exemplaires de sa démo en un an, il n'en faut pas plus pour éveiller l'intérêt d'un tout nouveau label national :
Napalm Records. Dans un premier temps, il est envisagé de rééditer "
Savour of the Seething Meat" sur un support CD en réenregistrant les vocalises mais ce projet n'aboutira pas. Déjà des désaccords internes voient le jour et Hannes doit procéder à des changements de musiciens avant la série de concerts prévus à l'automne 93 en Allemagne pour soutenir
Belphegor et
Disharmonic Orchestra. A l'issue de la mini-tournée, le groupe se rend de nouveau au
Jack Daniels Studios à Vienne pour enregistrer son premier album sous la direction de
Jakob Grabmayer, un producteur de groupes autrichiens de Punk et de Rock.
Les 7 titres d' "
Incessant Desire for Palatable Flesh" sont capturés en janvier
1994… Il s'avère qu'il s'agit en réalité du réenregistrement de l'intégralité des morceaux issus de la démo auxquels s'ajoutent 2 nouveaux : "(I Am) Enamoured of
Dead Bodies" et "Chewing Female Genital Parts". Mis à part une production un peu plus claire, on ne constate pas de différences notables sur les nouvelles versions des titres repris de "
Saviour of the Seething Meat". Le concept cher à Hannes Wuggenig s'articule toujours autour d'une iconographie 100 % gore et qui tranche véritablement avec les mélodies mélancoliques et l'ambiance gothique qui émanent de la musique de
Visceral Evisceration. La pochette représentant une jeune femme jetée dans un broyeur à viande est suffisamment évocatrice.
A l'instar de la démo, le travail sur les orchestrations est remarquable et une chanteuse soprano ajoute une dimension lyrique à cet album de
Doom Death peaufiné et racé. Le duo de guitaristes Hannes Wuggenig/Jürgen Hajek fait monter graduellement l'intensité des morceaux pour aboutir sur un final magique à l'image des excellents "(I Am) Enamoured of
Dead Bodies" et "Chewing Female Genital Parts". Sur les passages les plus lourds, le growl d'Hannes se mue en complaintes instillant une atmosphère suffocante et inquiétante, gonfler ses poumons devient assez difficile à l'écoute d'un "Tender
Flesh… On the Bier" notamment. Chaque instrument a bien sa place et est parfaitement audible : la basse (tenue par Dominick Lirsch) et la batterie (Stephan Strand), mais aussi quelques passages de claviers utilisés de manière parcimonieuse.
La pièce la plus ambitieuse se situe idéalement à la dernière piste de l'album, le majestueux "Gangling Mentrual
Blood Brooth for Supper". Un véritable dédale, où l'on se plaît à se laisser porter jusqu'à une ultime envolée musicale qui vient clore les 55 minutes d' "
Incessant Desire for Palatable Flesh". Le CD est ajouté en avril 94 au catalogue de
Napalm Records.
Début 95, le groupe continue sur sa lancée et compose deux nouveaux morceaux, "Tampon Gourmet" et "Heartbeat", mais un changement commence à s'opérer, bouleversant les fondements même de
Visceral Eviceration : Hannes Wuggenig est las de cette imagerie à base de corps mutilés et d'hectolitres de sang. Encore des mouvements au sein du line-up et le nom du groupe est remplacé par un
As I Lay Dying moins stéréotypé. La musique quant à elle ne subit pas de modifications en profondeur, on reste sur du
Doom Death de très grande qualité où Hannes peut s'exprimer à présent sur d'autres sujets plus personnels. Afin de démarcher un nouvel label, 3 titres inédits sont enregistrés au Cosmix Studios à Vienne. Une signature est rapidement obtenue auprès de
Wicked World, nouvelle branche d'Earache Records. Malheureusement, ce nouveau départ va plonger le groupe dans une phase de doute et de vide artistique, Hannes Wuggenig est fatigué et ne parvient plus à composer le moindre riff. Le split est inévitable, scellant à jamais le destin de ce groupe de
Doom Death atypique avec sa musique si attachante.
Merci Armel, on aura jamais fait le tour !
Merci Dom', ta chro avait échappé à mon radar stratosphérique jusqu'à aujourd'hui.
Evidemment, je ne connais pas ce groupe. Du doom death, hum pas sur que ce soit ma came. Quoi que j’aime bien le « Gothic » de Paradise Lost donc pourquoi pas s’il y a des sonorités proches.
Ceci dit, de ta chro, je retiens en priorité qu'il existe donc un studio à Vienne nommé le Jack Daniels. Vive l’Autriche
Le groupe n'est pas retourné dans le même studio pour réenregistrer les titres de sa démo (ce qui aurait été stupide vu leur qualité), mais uniquemement pour enregistrer deux nouveaux morceaux afin de les faire figurer sur l'album avec ceux de la démo (le tout sera remixé).C'est ce qu'explique le groupe dans cet entretien :
https://www.doom-metal.com/interviews.php?entry=1544
Je suis surpris qu'un remixage puisse changer autant le son des guitares et de la batterie. De plus, ça ne correspond pas à ce que j'ai traduit de la bio du groupe. Dans le doute je préfère laisser ma chronique en état.
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