Apparu à la toute fin des années 80, s'inspirant largement d'une scène doom prometteuse popularisée par
Solitude Aeturnus et autre
Candlemass,
Sorcerer voulut, comme d'autres groupes de l'époque, égaler les maîtres du genre. Hélas pour eux, le succès ne vint pas. Après deux démos au très gros potentiel, plus rien ou presque, excepté deux compils sorties chez leur pote John Perez de
Solitude Aeturnus (justement) au début de chaque décennie, n'apportant pas grand chose de neuf.
Plus rien ne laissait présager d'un avenir. D'ailleurs, le groupe était plus ou moins en "stand by" depuis le milieu des années 90. Puis, en 2015, un miracle se produisit.
Le groupe renaît de ses cendres autour de deux membres du groupe initial, à savoir, Johnny Hagel à la basse (ex-
Tiamat) et Anders Engbert (ex-
Therion) au microphone, accompagnés par trois autres nouveaux comparses. Mieux, le quintet arrive à signer enfin chez une grosse maison de disques, à savoir
Metal Blade Records, profitant du 80's revival actuel. Alors, fini les auto-productions très approximatives des débuts. Là, le groupe s'est donné les moyens.
Ce premier album est donc nettement plus travaillé. La production est résolument moderne, étonnamment claire, puissante et lourde. Quant à la pochette, elle tranche avec les couleurs chaudes utilisées par le passé. Ici, le noir et blanc prédomine avec, pour cadre, un château d'où s'envolent des oiseaux procurant une ambiance très gothique.
La musique est très orientée vers un doom épique uniquement à voix claire qui s'est plutôt peaufiné avec le temps, un peu comme le bon vin. Les Suédois ont, par conséquent, gardé leurs racines scandinaves s'inscrivant dans une tradition où le heavy/doom pratiqué est toujours largement inspiré par les maîtres incontestés
Solitude Aeturnus ou
Candlemass. Mais ici, pour s'en singulariser,
Sorcerer renforce leur côté heavy.
Pas de chichi, un peu de synthés pour créer une ambiance mais pas plus. Côté prestations vocales, Anders Engbert nous distille une voix claire et très puissante, accompagné occasionnellement de chœurs finalement assez discrets. Son timbre de voix n'est pas aussi théâtral que celui de
Messiah Marcolin ni aussi plaintif que celui de Robert Lowe. Il pourrait aisément être décrit comme "romanesque" sans toutefois en faire des tonnes, permettant ainsi au chanteur de faire étalage de toute l'étendue de son talent.
Dès les premiers morceaux tels que "
In the Shadow of the Inverted Cross" ou "The
Dark Tower of the
Sorcerer", tout l'
ADN artistique du groupe est retranscrit. On retrouve en intro les synthés mystérieux auxquels le groupe nous avait habitués, les guitares saturées dictant la cadence, et surtout la batterie qui nous hypnotise en permanence par son côté martial.
Mais tous les morceaux ne se ressemblent pas, comme "
Lake of the
Lost Souls", débutant sur un tempo heavy, qui rompt brutalement en plein milieu du morceau pour adopter une ambiance beaucoup plus mélancolique.
Par contre, "Exercice the
Demon" et "The
Gates of
Hell", qui sont sensés être les morceaux les plus catchy, sont des titres un peu moins réussis.
Malgré ces quelques défauts de cohésion, l'album reste plutôt abouti et le fan de doom traditionnel saura qu'il est confronté à un groupe qui a de la bouteille.
Sorcerer revient de loin. Après avoir disparu de la circulation, leur doom traditionnel et épique renaît de ses cendres tel un phénix. Certains diront "Ouais, ça ressemble vachement aux maîtres du genre quand même!" Certes, mais au moins, la copie est propre et le groupe, par cette offrande inespérée, comble un vide existant depuis un petit moment. Et leur récent EP "
Black" ne fait que confirmer leur immense talent que l'on a failli laisser tomber dans l'oubli.
Merci pour la chronique , j'ai découvert ce groupe grace à ce disque et je le trouve très bon .
C'est vrai que ça a un petit air de déja entendu chez les deux groupes que tu cites mais c'est bien fait et son plus gros défaut est de paraitre en 2015.Il serait paru en 1990 Sorcerer serait peut-etre un groupe plus reconnu.
C'est vrai, on va dire qu'aujourd'hui le groupe profite de ce petite revival ambiant. Puis le doom classique à voix uniquement claire se fait rare.
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