Pas moins de 4 années ont passé depuis la sortie de leur premier album "
Silent Cries for Help" avant que ce groupe vénitien ne vienne nous proposer ce petit opus. C'est dans une ambiance résolument mystique que nous assoit le combo, celui-ci nous immergeant volontiers dans une atmosphère gothique aux touches délicatement colorées. On se situe à mi-chemin entre l'influence d'
Autumn, sur le plan de la rythmique et des accords, et celle de
Armonight, par son empreinte vocale et son univers instrumental en demi-teinte.
A priori, rien d'innovant au niveau du style par rapport aux standards habituels du genre : Riffs épais de guitare, rythmique imposante mais jamais tranchante, claviers doux-amers, basse assez énergisante, parfois ronronnante, le tout en réponse à une partie vocale puissante et fragile à la fois. Et pourtant, il y aurait un heureux alliage entre cette sombre ambiance, plutôt tourmentée et parfois en proie au déchirement, et quelques notes bien habillées, inspirant paradoxalement un brin de jovialité à l'italienne.
Pas de démonstration instrumentale tapageuse certes, mais l'orchestration témoigne d'un beau travail de cohésion et de solides compétences techniques. Quelques rondelets soli de guitare viennent d'ailleurs à point nommé sur certaines pistes pour le prouver. Sur le plan vocal, la jeune diva offre quelques belles envolées lyriques, sans effluves cependant, mais surtout de séduisantes oscillations, jouant ainsi sur le plan du clair-obscur acoustique avec délectation.
Alors, que recèle au juste ce modeste opus de 35 minutes s'égrainant le long des 9 plages proposées ?
Tout d'abord, un patchwork atmosphérique. En effet, celui-ci nous octroie essentiellement des morceaux vocalisés, mais aussi des parties instrumentales, à l'instar de la très brève mais agréable entame "Tuska" et de "
Imperial Outro", roborative mais répétitive conclusion.
Ensuite, parmi les morceaux chantés, la rythmique s'avère plus ou moins prégnante selon le message qu'a voulu faire passer le combo. Ceux qui subjuguent nos émotions semblent les plus intenses vocalement et les plus authentiques harmoniquement. Aussi, l'ambiance sulfureuse que revêtent ces titres nous plonge dans un état de semi-conscience propice à l'évasion de nos sens. Ainsi, le pénétrant "
Frost*" nous convie à une mélodieuse et progressive ballade où l'orchestration se déploie en finesse. Et ce, suivant les inflexions de la voix, d'abord écorchée, puis devenue cristalline et délicieusement ondoyante de l'interprète. Même sentiment de transcendance pour la seconde ballade "Whispering
Voice". Cette fois, sur une ligne mélodique toujours cohérente, la voix de la chanteuse s'intensifie pour finir par une montée en puissance des plus remarquable. De plus, au coeur du morceau, un affriolant solo de guitare vient nous chatouiller encore un peu plus l'oreille, comme pour nous inciter à ne pas lâcher l'écouteur. Comme rien ne vient entraver notre plaisir, on aura tendance à remettre le couvert.
Par ailleurs, s'ils me sont apparus un poil moins immersifs, l'émotion n'est pas absente non plus pour les titres rythmiquement plus enveloppants. A commencer par l'entraînant "Awaking" qui, par la fluidité de sa rythmique, nous installe dans un confort acoustique permettant d'apprécier la qualité de l'instrumentation. Couplets et refrains s'enchaînent prestement et emballent par leur mélodicité sans failles. En outre, d'intéressants jeux d'échos de voix complètent ce tableau déjà richement coloré sur le plan orchestral. Tout aussi enjoué, le frétillant "He's Not Speaking In My name" nous place dans une ambiance gothique où se bousculent de palpitants riffs de guitare et un piano endiablé. De truculentes harmonies permettent à la chanteuse d'y placer une voix aérienne et savamment modulée, s'autorisant même quelques confondantes montées en puissance. Sur une base rythmique plus massive, à l'image d'un triste "When She Decided to
Die", les refrains se font plus sombres, les riffs plus lourds, les graves vocaux plus présents. Malgré ces noirceurs atmosphériques, les couplets contrastent par leurs couleurs pastel, ces dernières résistant bravement grâce aux caressantes ondulations vocales de la diva.
Pour le reste, rien qui n'entache la cohérence de cette oeuvre, si ce n'est qu'on aurait aimé un peu plus d'emphase sur "The
Grief" et surtout moins de platitude mélodique sur "My Secret
Tragedy". Le message contenu dans ce dernier ne pousse pas non plus à l'extase, il aurait gagné à ne pas nous embarquer sempiternellement dans des profondeurs abyssales d'une noirceur infinie.
Au final, on adhère avec aisance à la plupart des plages de cet opus. Cela tient à la fois à son accessibilité mélodique, à ses parties techniques bien dosées et à des qualités vocales stimulantes. A aucun moment, l'oreille n'est malmenée ni par une grinçante distorsion, ni par quelques rédhibitoires fausses notes. Simplement, il faudra encore retravailler quelques accords imprécis, davantage fluidifier les morceaux instrumentaux et ne pas céder à de lunaires harmonies eu égard à la tristesse du message contenu dans certains passages.
On conseillera cet album aux amateurs de metal gothique à chant féminin. Malgré une concurrence sévère dans ce registre spécifique du metal, ce groupe pourra tout de même faire l'objet d'une bonne écoute. Le charme de cette oeuvre peut, en effet, éveiller en nous d'authentiques plaisirs.
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