Rien n'est permanent, sauf le changement – Héraclite
Cette phrase résume bien la carrière d'
Amoral, groupe finlandais qui au fil de sa carrière a souvent fait évoluer son style musical. Du Death Technique à ses débuts en 2004 le groupe a glissé vers un mélange Death/Thrash. Puis le départ du chanteur Niko Kalliojärvi, remplacé par
Ari Koivunen au chant clair à la
Kotipelto, a irrémédiablement fait évoluer le groupe vers un
Power Metal plus mainstream au grand dam des fans de la première heure comme on pouvait s'y attendre, plutôt interloqués du choix de vocaliste effectué par le groupe. Le combo continue néanmoins son bout de chemin et après
Beneath sorti en 2011 dans la même veine que le précédent,
Amoral sans perdre son énergie, profite des qualités techniques de ses membres et se pare cette fois d'atours prog pour
Fallen Leaves & Dead Sparrows, un très bon succès critique sur lequel
Ari Koivunen se débrouillera bien mieux. En 2015 avec le retour de Niko à la fois en tant que vocaliste et guitariste rythmique, le groupe est maintenant armé de trois gratteux et deux chanteurs. La période de doute de la fin des années 2000-début 2010 est passée et
Amoral semble donc posséder en main toutes les cartes pour approfondir le travail du précédent opus.
C'est donc ainsi qu'arrive
In Sequence et la pochette donne déjà un indice positif concernant la musique du sextet. Le style graphique de l'artwork est en effet très proche de celle du cd précédent, visuels similaires, colorés et travaillés, on peut légitimement s'attendre à une continuité stylistique.
Que propose donc ce release ? Sans détours, de l'excellent prog, travaillé, sobre, classieux mais évitant le pompeux. Les titres sont variés, proposant aussi bien des titres puissants et incisifs comme
Defuse the
Past où Niko livre une partition rageuse et un refrain dantesque à des titres vraiment intimistes comme la magnifique ballade Sounds of
Home combinant de beaux et graves arpèges au chant intimiste et sensible d'Ari. Les deux vocalistes, aux antipodes l'un de l'autre se marient très bien à l'image de The
Betrayal, un titre bien Heavy où Ari voit son timbre clair et doux (mais manquant tout de même de puissance) porté vers le haut par les interventions growlées de Niko.
Côté instruments, c'est évidemment technique comme on est en droit d'en attendre de la part d'un prog digne de ce nom. Les breaks et changements de signature rythmique sont nombreux, les riffs sans être transcendants sont toutefois marquants (
Rude Awakening en tête) et les soli de gratte sont plutôt courts mais inspirés, sans fioritures ni excès de démonstration qui serait mal à-propos. Côté batterie, le jeu est vraiment excellent, diversifié tout au long des pistes. On notera la très bonne copie de The
Betrayal menée par une double pédale que je trouve excellemment gérée et une belle descente de toms pour lancer The
Next One to Go. Quant à la basse, comme souvent le mixage ne lui est pas profitable même si elle se distingue à quelques reprises (The
Next one to Go et Helping
Hands). Elle fait le job sans être des plus notables.
Ce que j'ai dit plus haut à propos des solos de guitares est également vrai pour l'utilisation d'instruments additionnels :
Amoral ne tombe pas dans l'excès.
Les ornements instrumentaux, la diversité des influences, par essence une des marques de fabrique du prog sont bien présents mais disposés avec parcimonie, et intelligence : choeurs féminins sur le titre éponyme et la conclusion, intro orientale et un peu de cordes sur The
Betrayal, clarinette (ou saxo?) sur Sounds of
Home, guitare classique sur From the Beginning (sublime!) ainsi que quelques claviers çà et là. Au premier abord cela peut sembler peu mais évite à l'album un travers dans lequel pas mal de groupes versent assez souvent (DT en tête), la grandiloquence, le trop plein d'arrangements qui certes ajoute à la palette d'influences d'un cd mais peut aisément rendre ce dernier indigeste.
Pour leur dernier album il semble donc que les Finlandais aient tenu à nous livrer un album certes fouillé et élaboré mais surtout plein de sobriété qui leur fait honneur. C'est un album efficace, qui ne redéfinit clairement pas le genre mais parfaitement exécuté et plein de maîtrise.
Un bémol tout de même, le chant d'Ari manque clairement de force, l'exemple le plus probant étant à mes yeux Helping
Hands qui malgré un bon refrain est un peu mou. Les membres du groupe le reconnaissent eux-mêmes : « Ari sings super clean. There is no rock’n’roll in his sound on the new album ». De ce fait, si contrairement à moi vous n'êtes pas sensible à son timbre de voix et aux émotions qu'il transmet, je pense qu'il est assez évident de dire que votre écoute de l'opus sera quelque peu gâchée.
Meilleurs titres : La conclusion From the Beginning grandiose et
Defuse the
Past, titre bien speed séparé en deux par une magnifique instru des gratteux.
Titre passable : Helping
Hands, coincé entre The
Next one to Go bien meilleur et
Defuse the
Past la bombe qui le suit.
Par contre et ayant écouté plusieurs fois l'album, ça ne passe toujours pas. Pourtant, la musique n'est pas dénué de sens, mais ce chant préfabriqué plat et sans conviction, ...rien à faire, je ne peux pas!
12/20 pour la musique et je suis gentil.
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire