Liste des groupes Black Viking Mistur In Memoriam

Une légende, ça s'entretient et ça fait parfois des petits. Tout le monde metal a eu une pensée ou une écoute consacrée au norvégien "Windir". "Windir" est mort, enterré dans le linceul de son créateur Valfar. Ses compagnons vont agir comme des apôtres à l'égard d'un prophète, perpétuer la lignée de ce qui a disparu. On ne va pas rappeler les différentes formations créées par ceux-ci, on va seulement s’attarder sur "Mistur" de l'ex-lead guitariste de "Windir", Stian Bakketeig. Ce combo n'aura sorti qu'un seul album depuis tout ce temps. Et quel album. "Attende" sorti en 2009, est peut-être ce qui s'est fait de mieux dans le lignage de feu-Valfar. L'ouvrage a d'ailleurs été encensé par la critique et comporte son lot de fans, mais le projet ne semblait pas être la priorité des différents membres.

Pourquoi? Parce que ceux-ci ont leurs à-côtés avec différentes autres formations, et ils ont aussi envie de ne pas se retrouver enfermés dans un héritage trop lié à "Windir". L'instabilité de la troupe a aussi joué. On assiste à plusieurs changements de line-up. Et passé l'année 2012, "Mistur" se fait étrangement silencieux. Quelques shows sont à répertorier, mais symboliques. En 2014, tout change avec l'arrivée d'un nouveau batteur et l'annonce d'un enregistrement d'album, qui sera vraiment lancé un an plus tard dans le propre studio du claviériste Espen Bakketeig, et à Bergen chez Conclave & Earshot Studios, très lié à leur nouveau label Dark Essence Records, pour ce qui est de l'enregistrement de batterie et le mixage. Comme nous le verrons, suite à une longue pause, "Mistur" se distancie de son passé. Toute trace de Valfar a été effacée, seule la nature norvégienne tend à subsister.

L'ouvrage composé de six morceaux commence avec un "Downfall" très mélodique. L'ensemble est finement bien construit. "Mistur" se présente sous une forme délectable, subtile et élégante. Certains auront noté le caractère envahissant des claviers. L'instrument est une des pièces les plus pertinentes de l'ouvrage. Et c'est sur celui-là en plus que se repose le gros des mélodies. On aura a ajouté une dimension éloignée à "Windir". Les contours plus modernes et le substrat mélodique et parfois progressif vont rapprocher "Mistur" d'un certain "Borknagar". Le très harmonieux "Matriarch's Lament" ne va pas nous démentir, en plus d'une entame moderne, presque cybernétique, et de quelques influences d'"Enslaved" qui viennent se rajouter par la suite dans cette extraordinaire mise en trombe au feu nourri et grandiose dans ses mélodies.

Antérieurement, "Distant Peaks" s'était lui aussi distingué par son rythme soutenu, à perte d'haleine. Les claviers n'ont qu'un rôle de soutien atmosphérique au roulement de coups. C'est comme s'il s'agissait de croiser l'autrichien "Golden Dawn" à du "King Of Asgard". Le résultat est plutôt relevé, mais on s'attache à un rendu classique, sans trop d'agréments. On s'attardera avec plus d'entrain sur le grave et ombrageux "Firstborn Son", proposant des flux nerveux et anxieux, un sérieux emballement même, où on doit saluer la parfaite maîtrise du batteur. "The Sight", qui avait été à l'origine créé en 2012, d'où un single sorti à cette période, n'est pas en reste niveau force. Toutefois, celle-ci est martelée et s'en tient à une rythmique plus tempérée et concassée. C'est un poil redondant cela-dit, malgré l'intervention momentanée de l'orgue Hammond venant étoffer l'affaire. On a quelque chose de plus appliqué en revanche sur le morceau suivant, "Tears of Remembrance". Glaçant, presque romantique du fait de la mélancolie et des notes de piano qui y traînent, mais on reste dans un black mélodique proprement redoutable.

De toute évidence, "In Memoriam" n'est assurément pas "Attende". l'effort se défend rudement bien. C'est clair qu'il y a peu de choses à reprocher d'un point de vue qualitatif à la formation "Mistur" pour ce travail. Cependant, on devine déjà les espoirs déçus de nombreux fans qui s'imaginaient encore que le groupe continuerait à porter le flambeau du sogna-metal. Au lieu de cela nous avons un black mélodique aux accointances parfois modernistes, avec une profusion de nappes de claviers. Ainsi Espen Bakketeig, plus que les autres membres, est le véritable maître de l'oeuvre. Peut-être au détriment de l'esprit et des valeurs traditionnelles que "Mistur" avait véhiculé il y a quelques années. Les années d'absence exigeraient que rien ne soit laissé en l'état. Le combo croit bon de tourner une page en continuant avec une formule remaniée. L'héritage était probablement trop pesant. "Mistur" a repris sa route ses bagages allégés.

15/20