Ah les productions Cogumelo Records ! Objets difficiles à dénicher, venus du Brésil et amenés par la déferlante initiée par les tous premiers
Sepultura, disponibles à l'origine qu'en import dans notre beau pays, ces disques font encore aujourd'hui le bonheur des collectionneurs et autres fans de musiques extrêmes. Totalement représentatif d'une scène qu'il contribua grandement à faire connaître, le label a promu nombre de formations obscures issues des tréfonds du Brésil dès 1985.
Chakal,
Explicit Hate,
Vulcano,
Overdose, Sarcofago,
Attomica eurent ainsi, entre autres, les honneurs du label.
Mutilator qui voit ici son premier album réédité par Greyhaze Records fit partie de cette clique, dont les pressages d'origine s'arrachent au prix d'une dinde de Noël.
A l'origine nommé
Desaster,
Mutilator se fit un peu connaître du public par sa participation à la compilation
Warfare Noise I avec ses compatriotes
Chakal et
Holocausto. Puis, en 1987 sort
Immortal Force, premier album aux influences marquées tant par les tous premiers
Slayer que par l'influence grandissante de
Possessed et de tout le metal sombre de cette époque. Déjà réédité à de nombreuses reprises (dont une fois par
Osmose en 2014), l'album immanquablement évoquera dès son introduction le rythme inquiétant qui ouvre
Hell Awaits.
Mutilator développe un thrash à la fois vif et débridé, sans sacrifier à l'approche occulte incarnée par les aboiements vocaux et les nombreux soli inquiétants empruntés à
Slayer (la fin de "
Blood Storm").
L'ensemble des neuf titres du disque d'origine propose donc, comme il se doit en 1987, une course à la rapidité d’exécution ("
Butcher"), entrecoupée de ralentissements bienvenus censés relancer la machine entre deux speederies de bon aloi. Le remaster proposé par Greyhaze Records n'enlève guère le grain de l'enregistrement d'origine (tant mieux), et les rythmiques thrash, à l'allemande (les premiers
Darkness voire
Necronomicon sont bien proches) ne font guère de quartier (l'implacable "
War Dogs"). L'album n'a rien perdu de sa pertinence, considérant la place des influences citées ici. Les breaks, nombreux et bien agencés s'entrecroisent dans une ambiance totalement estampillée 1987, rêche et rugueuse à souhait.
Pas toujours carré, et c'est aussi ce qui fait son charme,
Immortal Force puise dans son urgence pour déployer un thrash rugueux et simple d'approche (le très
Exumer période
Possessed By
Fire "Paranoic Command" qui clôt impeccablement le disque d'origine). Greyhaze Records a rajouté deux titres issus des démos du groupe ("
Evil Conspiracy" et "
Visions of
Darkness") à la fin de l'album, au chant totalement possédé, et où l'influence du
Bathory des deux premiers albums se fait plus présente. Soit dit en passant, l'ensemble des démos a été compilé récemment chez F.O.A.D. pour les intéressés (
Evil Conspiracy en 2016 qui propose aussi des enregistrements live de 1986 extraits de deux concerts locaux).
Ceux qui possèdent déjà l'album dans la version d'origine apprendront avec plaisir que le label (qui se spécialise en ce moment dans ce type de rééditions avec
The Mist et Sarcofago) a semble t-il retrouvé quelques exemplaires du premier pressage Cogumelo (15 exemplaires mis à la vente via le label en état neuf). Intrinsèquement efficace, et d'une qualité sensiblement égale aux premiers
Necronomicon,
Immortal Force saura convaincre les fans des vieux
Slayer (
Hell Awaits) ou
Possessed (
Seven Churches) tout autant que les fans de la frange la plus rêche du thrash allemand.
Immortal Force n'a pas à rougir face aux sorties de ses compatriotes d'époque, justifiant sa place prépondérante alors dans le petit monde de l'extrême de l'autre côté de l'hémisphère.
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