Checkmate est un groupe de
Metal français fondé du coté de
Paris en 2007. La bande, composé de Julien Lebon au chant, Fabien Gagnière et Franklin Dumas à la guitare, Simon Cotier à la basse et Marc-Anthony Marchand à la batterie, a respectivement sorti en 2008 ainsi qu’en 2009, une démo (Exercice de l'
Apocalypse) suivi d’un EP (D'Or et D'Acier). Ces deux premières galettes aux sonorités originales et au chant en français alliaient des éléments Thrash, Metalcore, Néo (avec l‘influence particulièrement remarquable de
Pleymo et Aqme sur Exercice de l‘
Apocalypse), Groove et Progressifs garantissant un avenir radieux pour ce jeune groupe au fort potentiel. Toutefois il faudra attendre quatre ans avant que
Checkmate finisse par accoucher de son nouveau bébé répondant au doux nom d’
Immanence. L’album est dorénavant signé par les deux labels Klonosphere et Season Of
Mist et compte des personnalités de renom dans sa création dont Lucas D’
Angelo (
Betraying The Martyrs) pour l’enregistrement des guitares, de Guyom Pavezi (Deviansz,
The Prestige) pour le mixage et d’Alan Douches (
Mastodon,
The Dillinger Escape Plan,
Whitechapel) pour le mastering. L’autre fait notable de cet album est l’abandon total de la langue de Molière au profit de celle de Shakespeare. Une question se pose maintenant : l’attente valait-elle le coup ? Réponse : Oh que oui !
Checkmate n’aime pas les étiquettes (ça tombe bien, moi aussi), et refuse toute classification. La déclaration peut paraître présomptueuse, mais lorsqu’on jette une oreille sur le disque, une chose est certaine :
Checkmate ne sonne comme personne et personne ne sonne comme
Checkmate. C’est d’ailleurs un phénomène assez rare de se forger une identité personnelle lors d’un premier album. L’opus commence donc sur les chapeaux de roue avec trois tueries : le rouleau compresseur Day By Slip, le très Hardcore et entraînant Fake Golden
Kingdom et l’abrasif
Invictus. Comme dans tout album dont l’étiquette « Metalcore » trône sur le front, les Parisiens nous servent une musique massive et brute dans la forme. En effet,
Immanence ne fait pas dans la dentelle enchaînant les morceaux dans une veine
Metal Hardcore. On y retrouve toute la bonne recette pour faire un Metalcore ravageur, diablement efficace avec des breakdowns, étouffants par leur lourdeur, bien ancrés dans la composition, une musique dynamique axée vers des prestations scéniques hautes en couleur, un chant hargneux oscillant entre des hurlements nerveux et des growls caverneux ainsi qu’un chant clair naturel et sans superflu pendant les refrains.
Toutefois
Immanence ne se limite pas simplement à ça, la formule du quintette étant beaucoup plus élaborée et complexe. Le groupe joue ainsi la carte du
Metal Progressif avec des morceaux dont la durée dépasse les cinq minutes, des plans syncopés qui rappellent le géant Suédois
Meshuggah et un riffing inspiré et orignal dont l’ambiance malsaine parfois lugubre (A
Maze) qui s’en dégage colle parfaitement à la musique. Le groupe use également d’atout convaincant en accrochant facilement l’auditeur à l’aide de riffs mélodiques situé dans le fond d’une rythmique entraînante de premier choix aux nombreuses variations donnant à la musique des sonorités très Groove
Metal. D’ailleurs ce Groove imparable que l’on retrouve sur tout l’album et plus particulièrement sur I.M.A. et
Despite The Year dû à une instrumentation bien orchestrée et maîtrisée de bout en bout qui n'est pas sans rappeler les Américains de
Lamb Of God.
« S’inspirer pour mieux créer », voilà la phrase qui définirait assez bien cet album aux multiples influences. En effet lorsqu‘on l‘écoute, des sonorités typiquement française (
Gojira et
Hacride) viennent à l’esprit. En effet, il est impossible de ne pas passer à coté de ce Thrash très
Gojira flagrant sur l’instrumental Fragements, l’intro de Day By Slip et la fin d‘
Invictus. La multiplicité stylistique se recoupe finalement pour créer une musique au caractère personnel et authentique. Et c’est avec cette idée en tête que l’on finit l’écoute avec le chaotique By Any
Means Necessary, un morceau du même acabit que Day By Slip qui synthétise tous les éléments rapportés précédemment.
Je tiens tout de même à souligner que cet album n’est hélas pas exempt de faiblesse. On retrouve alors au banc des accusés une linéarité qui tire l’auditeur vers la monotonie. Il fallait s’en douter avec des titres de plus cinq minutes, la fin de certains morceaux se fait parfois attendre et l'enchaînement sur une chanson à la structure semblable casse un peu la magie fracassante qui s‘était installée en début d‘album. De plus l’opus, en dépit de son efficacité redoutable, reste inégal avec des morceaux magnifiques proche de l’excellence et d’autres bons, mais n’arrivant pas au niveau du trio infernal constitué de Day By Slip, Fake Golden
Kingdom et
Invictus.
Le talent de
Checkmate est observable dans sa capacité à allier une panoplie de styles et d’influences dans une seule chanson. Cette complexe alchimie contribue à créer une musique nouvelle et personnelle qui ne ressemble à aucune autre. Bien sûr il reste des indices nous indiquant quels ont été les ingrédients de départ, mais la manière dont ils ont été travaillé et assemblé laisse un gout unique dans l’oreille.
Immanence n’est pas un simple album qu’on a jeter dans la fosse au lion afin de se faire dévorer par des amateurs de musique bruyante.
Immanence est d’abord un album-concept à portée philosophique et poétique (les paroles d’
Invictus sont tirées du poème de William Ernest Henley). Ce premier opus aux structures complexes, aux ambiances saisissantes et à l’originalité surprenante donne de la profondeur et une âme à la musique.
Checkmate a réussi à faire avec un seul album ce que de nombreux groupes peinent à faire : trouver une identité. Échec et mat !
En tout cas, merci pour ton travail ;)
Par contre dire que Checkmate se noie dans la masse est absolument faux. Tu dis peut-être ça parce que tu es déçu par le chant en anglais qui tend à les rapprocher des autres groupes anglophones. Mais au sujet de la musique Checkmate reste lui-même et livre une musique au caractère personnel et inspiré.
Ensuite si on essaie de comparer Immanence et D'Or Et D'Acier, Immanence ressort facilement vainqueur avec des titres cohérents qui suivent tous la même ligne directrice mais perdent moins de puissance (grâce aux interludes notamment) comparé aux titres de D'Or Et D'Acier dont la dynamique de départ s'essouffle assez rapidement (je pense à des titres comme Symbiose, Le Champ des Martyrs : ça en devient long et monotone avec ces petits beatdowns fades). Immanence a corrigé les erreurs du passé et la structure des pistes est bien meilleure, les breakdowns mieux placés. D'Or Et D'Acier est un EP très inégal avec seulement deux très bons titres (Profil Bas et Unsaid). Immanence sonne plus mature et plus structurée.
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