Avec toutes les dernières sorties mais aussi les nombreuses déceptions, il est clair que ce n'est pas vers le death mélodique qu'on se tourne le plus en ce moment, la plupart des groupes étant tombés dans la facilité et les relents core. Pour changer d'air, on passe en général son chemin et on se dirige vers quelque chose de plus innovant ou a contrario, de simple mais efficace. Et pourtant, si on suit cette logique, on risque de passer à côté d'un petit groupe français originaire de la région de Lyon. Il s'est formé il y a trois ans et a déjà deux sorties à son actif, «
Hegemony », paru en 2009, et la démo dont je m'apprête à vous parler, «
Imeria ».
Bien que l'enregistrement ait été effectué l'année dernière sous la houlette du chanteur guitariste Olivier Girard et de la bande, elle-même, c'est cette année que nous arrive ce «
Imeria », sensiblement dans la même veine qu' «
Hegemony » mais certainement plus travaillé et personnel. En dépit de fortes influences
Dark Tranquility dans les riffs typiquement melo death,
Aesmah a réussi à ne pas tomber dans les stéréotypes et à se forger un univers, grâce à un concept musical et parolier atypique.
De ce fait, le quatuor a puisé dans son imagination pour nous offrir un petit monde sensible et harmonieux, quelque part entre le melo death, le folk, l'électro et le prog. Sa musique est à l'image de cette pochette où siège une île flottante dont s'émerveille un voyageur. On se retrouve avec quelque chose de naturel et de spontanée, embarqués par des riffs qui font mouche, des changements de rythme inattendus et plaisants, emmenés par des guitares aux touches plus acoustiques et des voix claires et mélancoliques (« Colorless Mind »), parfois féminines comme sur «
Inside Indestructible », effectuées par
Charlotte Kouby.
Le prog se fait largement ressentir sur la longueur des morceaux (jusqu'à plus de huit minutes) ainsi que sur leur avancement. On progresse réellement dans l'esprit mélodique d'
Aesmah, qui arrive à ne pas trop en faire, tout en installant une ambiance quasi onirique, à l'image de «
Chimera » et son duo clavier/guitare entêtant.
De ce côté là, les claviers apportent beaucoup à la musique des frenchies. On retrouve autant de nappes que de touches de piano, que d'éléments symphoniques ou folk, ou même de légères sonorités électroniques pas trop pompeuses. Dans ce sens, « The Deceptive
Haven » apporte la hargne nécessaire, tant dans le growl et le riffing que dans le jeu des claviers et ce côté « moderne ».
On regrettera certaines linéarités, notamment sur « Wasted by Suen », le titre le plus court, et c'est un comble ! Malgré sa bonne ambiance, il semblerait qu'
Aesmah soit plus à l'aise sur les morceaux les plus longs, à l'image de «
Endless Wrench », qui résume à lui tout seul l'opus du groupe, tantôt brute et rapide, tantôt harmonieux et doux, tantôt atmosphérique et envoûtant.
Si on est un temps soit peu sensible à ce mélange, on passe un très bon moment avec ce «
Imeria » dans les oreilles, qui nous immerge dans un melo death travaillé et tout en finesse, avec des mélodies touchantes, des ambiances parfois sombres, une alternance de voix loin d'être ennuyante, pas loin de la mélancolie d'
Anachronaeon. Une démo servie avec un package de qualité en prime. A se mettre sous la dent pour les amateurs.
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