Illusiopolis

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14/20
Nom du groupe Calvaire (FRA)
Nom de l'album Illusiopolis
Type EP
Date de parution Janvier 2013
Style MusicalBlack Avantgardiste
Membres possèdant cet album1

Tracklist

1. De Profundis 04:13
2. Éreintante Malversation 07:45
3. Apogée (Route de l'Éternité) 02:18
4. Simulacre 04:15
5. Ad Vitam 02:30
Total playing time 21:01

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Calvaire (FRA)


Chronique @ ZnzL

20 Mai 2013

... Une routine névralgique, et force à atteindre la destruction de toute individualisation.

Je ne sais pas vraiment par où commencer la chronique de Calvaire.
Peut-être par le commencement, l'instant où Mr. Calvaire me faisait écouter quelques riffs, avec un quelconque acharnement qui rentrait dans une oreille pas toujours au cœur d'une sobriété absolue, ou me présentait quelques structures que je regardais d'un œil plus ou moins vitreux. Parce-que oui, ce n'est pas toujours facile de d'établir une chronique d'un skeud d'un ami, faute d'une objectivité dérisoire ou au contraire, d'une subjectivité tellement vache que les liens chutent à vitesse proportionnelle à la note donnée. C'est pourquoi, j'évite la plupart du temps de les chroniquer, pour garder un tant soit peu un lien avec le milieu social pas toujours très conventionnel des musicos. Mais sur "Illusiopolis", il y a tellement de choses à dire, de points à soulever, de tâches à balayer, et de visions à colporter.
Car, encore une fois oui, c'est bien de visions et d'illusions dont cette chronique sera question. Commençons.

En premier lieu, parlons de la production. Un mot pour la définir : PLASTIQUE. Elle n'est pas mauvaise, loin d'être inaudible (au contraire, même) chaque instrument et chaque changement de riff y est mis en valeur par celle-ci. Elle représente à elle seule le concept "Illusiopolis", une ville, ce n'est pas que des banlieues sales, des rues sombres et crasseuses comme on a nous a tant apporté par le passé, c'est aussi des MacDo colorés et suintant la graisse, des buildings scintillants aux milliers fenêtres renfermant l'éternel homme de bureau enchaîné à son "Metro boulot dodo", c'est cet espèce de culte maniaque à limite du malsain que nous apporte ce XXIe siècle sur le "toujours plus lisse, toujours plus propre, toujours plus parfait". Au delà de la production générale, il y a cette batterie, elle aussi, collant à l'image générale qu'apporte cet album, variant entre la boîte à rythme et la batterie entièrement triggée, car dans "Illusiopolis", TOUT est absolument assumé : que ça soit les beats techno sur "Ereintante Malversation" ou encore les doubles croches furieuses et décalées accompagnant un synthé plutôt léger sur "Ad Vitam", tout possède un complet décalage avec ce que à quoi on pourrait s'attendre, sans jamais laisser transparaître une quelconque dérive de la ligne directionnelle qu'est donnée dans cet EP.
Pour parler composition, il n'y a généralement structurellement pas d'enfreinte apportée à la règle du rondo traditionnel "refrain/couplet/refrain", un leitmotiv est à peu près apporté dans chacune des chansons, que cela soit le riff quasi recto-tonal de "Ereintante Malversation", la mélodie assez entraînante de "Simulacre" ou encore la ligne mélodique double crochée du refrain de "De Profundis". L'avantage de ces leitmotivs est qu'ils ont la particularité de rentrer profondément dans notre crâne, et pour la plupart avec un certain apport nostalgique et mélancolique, comme si le Calvaire voulait nous suivre avec sa désillusion manifeste jusque dans le métro parisien ou encore devant notre pile de paperasses et de factures dans notre 33m² moisi sans connexion internet. Les points positifs à souligner en matière de composition et de construction des riffs, sont notamment le caractère des riffs des fois entièrement alambiqués, ou au contraire des fois leurs côtés assez simplistes, faisant ressortir un fort côté assez industriel, notamment sur "Ereintante Malversation" (d'ailleurs bien appuyé par des beats technos pas désagréables pour qui est habitué au genre), où cela s'enchaîne avec un refrain extrêmement bien travaillé harmoniquement et une partie clavier sur la fin frôlant la limite du Ligeti improvisant sur son piano. La plupart des harmonies restent par ailleurs dans un univers assez tonal voire modal, l'arpège de "Apogée (Route de l'Eternité)", centre de cet EP, amène par ailleurs toute la magnificence d'un certain savoir-faire en matière de conception harmonique (ensuite très bien rappelé par le très bon morceau "Simulacre"), qui est loin d'être déplaisant et amène un certain ressenti rappelant des artistes comme Peste Noire ou Emperor.
Ce qui nous amène maintenant à discuter du chant... alors, le chant, ou plutôt cette voix. Un bon adjectif pour la qualifier serait de "vrai", même s'il n'y a pas énormément de mot pour la décrire, utilisant toutes les formes de l'art du guttural, tantôt dans le grave, tantôt dans l'aigu, apportant une certaine façade Death sur les riffs plutôt obsessionnel de "Ereintante Malversation", et des fois au contraire s'enfonçant dans le Black Dépressif à la Silencer à l'exemple du dernier riff méchamment névrosée de "Simulacre". Mais la véritable touche originale apportée par ce chant, est à l'instant où le Calvaire use de sa voix simple, à la limite de Jean-Louis Costes et de Diapsiquir, entièrement chanté dans tout un contexte dissonant qui prend aux tripes et laisse dans un état plutôt second, particulièrement dans l'instant techno (à la limite de la pop !) de "Ereintante Malversation" ou encore le refrain ultra-accrocheur de "Simulacre". Cette voix est et restera l'ultime image d'une certaine névrose apportée par la ville, le quotidien qu'elle nous apporte, cette constante illusion à la gloire du paraître qui au final transporte sur un caractère complètement psychotique, oppressant, malveillant, et qui nous emporte dans une routine névralgique et force à atteindre la destruction de toute conscience et individualisation.
Attaquons les points négatifs de cet EP. Par négatif, entendons "bancal". Sur les compositions "De Profundis" et "Simulacre", deux soli font place, deux soli relativement mal placés, et surtout à caractère relativement inutile, n'apportant pas grand chose aux compositions, faisant plus perdre en intensité qu'autre chose, particulièrement sur "De Profundis" où la ligne mélodique est plutôt constante, et où le solo n'apporte pas vraiment quelque chose, sans renversement quelconque qui pourrait apporter une touche de dynamisme. Par ailleurs, un autre point négatif, concerne la composition "De Profundis", qui suite à ce sample d'introduction relativement bien choisi pour ouvrir "Illusiopolis", perd en intensité en ayant pour cause ce morceau qui n'est pas forcément le point central de cet EP, et est à mes oreilles le moins percutant de l'ensemble. S'enchaînant à "Ereintante Malversation", la déception s'entrave vite fait et laisse place à toute l'originalité (marginalité ?) du Calvaire.

Pour conclure, je m'aventurerai sur le fait que cet EP est un bon essai, auquel il faudra bien accorder un véritable intérêt et quelques écoutes pour vraiment apprécier la production et l'ensemble des compositions, où se mêle le concept qu'apporte Calvaire et sa vision qu'il a de cette ville, nouvelle du XXIe siècle, où un regard se pose sur cet espèce de vénération du faux, de l'idolâtrie du lisse et du parfait, et nous plongera dans une torpeur au cours de ces 20 minutes où se mêlent mélancolie et passages psychotiques, pointant du doigt une société où le culte du paraître a main mise sur toute chose existante.

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