Liste des groupes Black Death Lihporcen Illuminate

On le sait, c'est pas nouveau, le Black Metal n'a jamais été le style le plus facilement abordable de la musique Metal. La grande diversité de sa scène impose d'être particulièrement ouvert pour prétendre pouvoir écouter et apprécier toutes les subtilités qu'elle nous offre. Lihporcen ne facilite pas forcement l'écoute avec ce premier album sobrement intitulé "Illuminate" qui se révèle être un véritable casse-tête musical. Alors ? Allez-vous trouver la solution ?

Allons-y, parlons premièrement de la pochette. Modeste, jouant seulement sur des nuances de gris... pas de doute c'est du black metal qu'on a là. Ceci dit je lui trouve un (petit) quelque-chose d'Insomnium. Les corbeaux de "One For Sorrow" et les branches mortes de "Across the Dark".. comment ça je vais loin? C'est vrai que malgré l'extrême simplicité de l’œuvre elle accroche l’œil et au final elle est plutôt jolie. Peut-être cet effet de contraste entre le premier et second plan. Quoi qu'il en soit, à défaut d'être mémorable, cette pochette est tout de même séduisante. Pour ma part, je regrette seulement la présence du texte, elle enverrait certainement bien plus sans le logo et le nom de l'album.

Pour l’esthétique, c'est ok, mais alors, qu'en est-il du contenu de ce premier rejeton? On peut déjà dire que l'introduction est pour le moins... originale. En effet, pas de guitare sèche, pas de violon, pas d'orchestration, pas de solo de xylophone non, non... des Japonais. Et là si tu n'a pas écouté l'album tu te dis que le chroniqueur n'a pas bu que du sans plomb 95". Et oui, Lahtia a choisi, pour introduire la première track du disque, de jouer à quitte ou double avec pas moins de deux minutes de voix d'animé japonais (les connaisseurs auront reconnu, il s'agit du célèbre manga Death Note). On est d'accord, d'un point de vue purement musical ça n'a rien de grandiose, mais c'est dans la symbolique que tape cette ouverture car ce passage du fameux animé annonce le début de la fin dans la trame de l'histoire et ce premier morceau, "Once Dead, They Can Not Come Back", symbolise un départ vers la mort. Bon, ceci-dit je dois avouer que c'est d'office un point négatif pour cet "Illuminate", deux minutes c'est beaucoup trop long et on s'ennuie bien avant. Mais quand arrive ce moment où l'introduction s’éteint pour laisser place à un arpège distordu, à un rythme de caisse claire au pas et une ligne de basse lourde, on comprend vite où on met les pieds. Pas de super-production américaine ici, c'est un véritable retour aux sources Trve.

Oh je te vois venir toi, monsieur le Trve avec tes grandes bottes cloutées et ta cartouchière, je n'applique le terme qu'à la production pour décrire un son saccadé et sale. Oui, car avec "Illuminate" on touche plutôt à un black à tendances mélodiques à la limite de l'ambiant. Si ça va en étonner plus d'un je tiens à noter qu'une réelle personnalité dégage (déjà) du son de Lihporcen. Il est impossible de comparer réellement l'album à d'autres productions du genre tant l'ensemble est personnel. C'était une petite aparté, on revient sur le morceau. Et là je dois avouer que j'ai été terriblement déçu à la première écoute... car quand la voix entre enfin, elle est bien trop au dessus des autres instruments et la technique n'est absolument pas maitrisée. Étonnant quand on voit que sur le reste de l'album elle passera beaucoup mieux. D'ailleurs tant qu'on y est il est important de noter un vrai problème d'irrégularité sur le mixage de l'album. C'est particulièrement flagrant sur la cinquième piste, "Illuminate (interlude)", qui est bien au dessus de toutes les autres tracks. Et puisqu'on dit jamais deux sans trois je me dois d'ailleurs de signaler la parfaite inutilité de cette interlude qui n'est ni particulièrement plaisante à l'oreille, ni riche musicalement. Si le principe de l'interlude est de relancer l'album de plus belle alors c'est pas encore vraiment ça.

Parmi toutes les pistes de ce premier album on se souviendra de "Pray (II)" comme d'une track à part pour son côté très Thrashy. La toute fin du morceau peut même évoquer un bon vieux Sepultura période "Chaos A.D.". Ceux qui ont pu poser une oreille sur la première démo de Lihporcen et qui ont apprécié le "Pray" premier du nom s'y retrouveront sans aucun doute. Quelques différences minimes sont toutefois à noter entre les deux tracks. Car si l'arpège d'introduction reste la même, Lahtia a appliqué sur celui de "Pray (II)" un effet de distorsion et la fin diffère de celle de la version démo. Et alors on va en profiter pour parler de l'ovni de cet album. J'ai nommé "Sadness Factories (II)". Parce que, si on avait noté la présence du morceau "Pray" sur "Lihporcenia" ce qui peut expliquer la présence d'un (II) pour la nouvelle version, "Sadness Factories", elle, n'y était pas présente. Pour trouver la réponse à ce mystère ineffable, je me suis rendu en Égypte pour rencont... non je déconne j'ai demandé à Lahtia. En fin de compte, "Sadness Factories" première du nom devait être présente sur un split CD qui a malheureusement été annulé. Le morceau à donc été récupéré pour "Illuminate" d'où la présence d'un (II) à côté du nom. Voilà, ça c'était la minute culturelle, maintenant j'aimerais passer brièvement sur la quatrième track, "Crucifix". Il était important d'en parler car elle est l'un des véritables points forts de cet album. D'office on sent une vraie empreinte Celtic Frost et on découvre un nouveau visage à ce premier album, Lahtia nous a simplement offert là une track purement expérimentale tout en restant parfaitement digeste. C'est totalement anecdotique mais ça m'a sauté aux oreilles, sur la sixième piste, "I Am", les lignes de basses rappellent vraiment celles d'un certain morceau du groupe Pink Floyd appelé "Comfortably Numb". Encore de quoi illustrer la variété des ambiances proposées sur cet "Illuminate".

Il est évident que l'album ne plaira pas à tout le monde et sera reçu très différemment selon le public tant il est difficile à apprivoiser. Il m'aura d'ailleurs fallu deux écoutes intégrales avant de commencer à entrer dedans et m’apercevoir de la richesse des morceaux. Mais attention, je parle de richesse purement émotionnelle, de ressenti, et pas de démonstration technique car si "Illuminate" est simple il est très loin d'être simpliste. Il ne sera pas donné à tout le monde de comprendre ce disque mais ceux qui auront la chance de se voir illuminés par les ténèbres de Lahtia se souviendront certainement de ce premier essai comme d'une agréable surprise présageant le meilleur pour la suite. Malheureusement, il est vrai qu'il y a beaucoup de défauts et que l'album aurait gagné à être plus travaillé, en particulier au niveau de la production et des nombreuses irrégularités sonores. Mais, qu'on se le dise, il ne s'agit plus de juger de ce qui a été fait mais de ce qui aurait pu être fait avec plus de moyens.

Tu savais toi que Lihporcen c'était Necrophil(e) à l'envers ? Moi pas.

__/20
Nemphis.

PS: Je ne connais pas personnellement Ma2x, ma chronique est donc objective et non polluée par un rapport amical avec l'artiste. Je tiens à le souligner car on dirait bien qu'on ne peut plus penser par soi même en ce moment sans être accusé de "suçage de bite".