Ilion

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14/20
Nom du groupe Slift
Nom de l'album Ilion
Type Album
Date de parution 19 Janvier 2024
Style MusicalStoner
Membres possèdant cet album6

Tracklist

1.
 Ilion
 
2.
 Nimh
 
3.
 The Words That Have Never Been Heard
 
4.
 Confluence
 
5.
 Weavers' Weft
 
6.
 Uruk
 
7.
 The Story That Has Never Been Told
 
8.
 Enter the Loop
 

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Slift


Chronique @ JeanEdernDesecrator

09 Mars 2024

Tellement loin, comme une autre planète

Lorsque j'ai comparé les Tops de notre site bien aimé, j'ai constaté que, plus encore qu'ailleurs, les albums marquants pour les fans n'étaient pas forcément ceux portés aux gémonies par les flux médiatiques. Un petit tour sur le forum au rayon doom stoner et sables mouvants, m'a fait découvrir Slift, un trio français mélangeant complexité prog, ambiances psychédéliques et une composante plus brutale qui lorgnerait entre sludge et post hardcore. Après avoir été sur Howlin'Banana et Vicious Circles, les Toulousains ont mine de rien atterri sur Sub Pop Records, l'iconique label de Seattle où ont éclot parmi les plus beaux fleurons du grunge, Nirvana et Soundgarden, mais aussi TAD, Mudhoney ainsi que Sonic Youth pour la noise. Le genre de chance qui n'arrive pas par hasard.
Les frères Jean Fossat (guitare, chant) et Remi Fossat (basse), et leur meilleur pote Canek Flores (batterie, piano, vibraphone) jouent ensemble depuis le collège. Slift a sorti deux Eps "Spacetrip for Everyone" en 2016 et "Space Is the Key" en 2017, puis son premier album "La Planète Inexplorée" (2018), dans un style plutôt garage débridé option stoner. 2020 a marqué un tournant sur "Unmon" (2020), un concept album sci-fi inspiré de l'lliade d'Homère où leur palette s'est considérablement alourdie et assombrie.

Pour leur troisième disque, ils ont passé un cap en développant des morceaux bien plus longs, où les parties instrumentales ont pris plus d'importance, sonnant parfois comme une improvisation au long cours ; ils incluent d'ailleurs largement les jams dans leur processus de composition. Ont participé à l'enregistrement le saxophoniste Etienne Jaumet, la chanteuse Clémence Lagier, et Olivier Cussac aux synthés. L'album a été produit par Jean Fossat et Olivier Cussac.
Le groupe accorde de l'importance aux versions physiques de ses disques ; le cd de "Illion" est d'un format peu usuel, on va dire packaging cd cartonné mis au carré, 13,4cm par 13,4cm, mettant en valeur le superbe artwork de Philippe Cazaumayou dit Caza, dessinateur et illustrateur pour les magazines Metal Hurlant et Pilote, qui avait aussi fait la pochette de l'album précédent."Illion" est un concept album autour de la fin de l'humanité, dont une partie quitte la Terre à bord d'un vaisseau à la recherche d'autres mondes, et plus largement du cycle des civilisations.

La première chose à appréhender avec Slift, c'est la façon dont il occupe l'espace sonore : la reverb et les différentes couches démultiplient ce que joue chacun des musiciens. Il se dégage une impression de puissance chaotique qui vous assaille de tous côtés. Des notes de guitare interrogatives vous plongent dans un univers d'étrangeté. Pour ceux qui ne l'auraient pas identifié, on nage en plein psychédélisme, électrifié par des lignes de basse frénétiques, des rythmiques de batterie qui sautillent sur des mesures pas catholiques.
Comment décrire une musique si foisonnante, qui se déplace comme un serpent prog dans une jungle psychédélique, qui emprunte des sentiers jazz rock, et explose en sludge, plus à la manière de DVNE que d'un Mastodon. De longs passages instrumentaux, peuvent échouer sur des plages tranquilles ou des soli dont les sursauts orgasmiques semblent ne pas pouvoir s'arrêter. Il y a aussi une patte noisy survoltée des années 90 qu'on trouvait chez des groupes comme Deity Guns. Leurs compositions se développent sur la longueur, aux alentours des dix minutes chacune, de manière vivante, spontanée et imprévisible. Le groupe prend parfois le temps de nous laisser flotter, suspendus, dans de lents courants contemplatifs. La violence qui se décharge serait comparable à celle d'un Neurosis, surtout si on pense à la voix hurlée de Jean, sur "The Words That Have Never Been Heard" par exemple. Slift agît avec sa musique un peu comme une secte, qui essaie d'affaiblir vos défenses cognitives en ensorcelant vos sens, incante dans la sérénité ou la rage, fait tournoyer ses rythmiques d'une tribu d'outre espace. D'ailleurs, assez souvent, si les plaintes rageuses et adolescentes partent dans des aigus zeppeliniens, même les gueulantes sont douces d'une certaine manière, presque rassurantes, vous intimant de rester captif de leur musique englobante. Malgré son exigence et sa complexité, le trio sait être simple, comme sur le début de "Weaver's Weft".

Je profite de ces notes de saxo pensives pour me retourner vers le début de l'opus, déjà tellement loin, comme une autre planète. On verra bien où cela nous emmène... Alors que je suis à la moitié du voyage, je sais que je referai le périple, et que je me perdrai dans des endroits que je n'avais pas vus au premier passage. Tiens, "The Words That Have Never Been Heard" commence par des percussions boisées qui m'ont rappelé le début de "The Art of Dying" de Gojira. Le groupe joue sur un sens de la répétition hypnotique, qui évolue à la faveur de mutations mélodiques et rythmiques, et se rompent brutalement dans un ouragan de distorsions et de fuzz.
Les compositions dépassent pour la majorité les dix minutes, pour près d'une heure heure vingt au total, ce disque s'écoule comme un fleuve tempétueux dont on suit les rapides, méandres et eaux tranquilles. La fin de l'album, cependant, sur ses deux dernières pistes, accuse une petite baisse d'intérêt à mon sens, plus répétitive à dessein et moins riche, d'autant plus que "Enter the Loop" serait plus un outro, voire une transition vers la fin, le silence. Qui a dit la mort ? Si le temps long passe relativement vite dans leurs épopées erratiques, il est clair qu'il faut en trouver, du temps pour s'y plonger, sans que rien ne vienne déranger. Pourquoi prendre des drogues, je vous le demande, lorsqu'on peut faire un tel trip par la toute puissance des oreilles ?

C'est encore un pas de géant que Slift a fait depuis l'album précédent, leur évolution les amène à un niveau d'élévation tel que je me demande bien ce qu'ils proposeront la prochaine fois, un triple album encore meilleur et plus perché ? En attendant, au vu de leur réputation sur scène, je ne saurais trop vous conseiller d'aller les voir en chair et en os, s'ils passent près de chez vous.

6 Commentaires

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mechant - 17 Mars 2024:

Une sorte D'ALLER en somme?

JeanEdernDesecrator - 12 Avril 2024:

Mechant : il y a un groupe qui s'appelle Aller ?

mechant - 13 Avril 2024:

Désolé pour cette monumentale faute de frappe....et ce telephone qui corrige sans avertir!

Je parlais de ce groupe US Elder !

 

JeanEdernDesecrator - 13 Avril 2024:

Mechant : ah je comprends mieux ! Oui, Elder et Slift ont pas mal de choses en commun, mais sonnent très différemment, et je dirais qu'Elder est plus prog. En tout cas les deux groupes ont sorti un grand disque ces derniers temps.

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