La chronique du jour nous emmène dans les contrées perdues du Japon et plus précisément sur les terres glacées du pays du soleil levant. Il faut faire un véritable retour vers le passé et un saut de plusieurs siècles pour trouver les premières origines de valeureux et fidèles guerriers au service d’un seigneur, souvent vêtus d’une tenue traditionnelle et armé d’un sabre appelé katana : les samouraïs. Aujourd’hui, même si ces hommes ont disparus, ils ont forgé la culture de leur peuple. Leurs faits d’armes, leurs histoires et leurs vies sont désormais retranscris dans le monde entier sous forme littéraire, artistique ou même plus récemment jeu vidéoludique.
En musique, outre quelques rituels, il n’est pas évident de retrouver des traces de cette civilisation. C’est pourtant ce précepte qu’a voulu mettre à l’honneur
Abiotic. Le quintet, malgré sa dizaine d’années d’existence et malgré le passage de deux grandes figures du deathcore actuel, à savoir Dickie Allen (
Infant Annihilator) et Aaron Stechauner (ex-
Rings Of Saturn), reste plutôt méconnu dans le paysage core. De plus, il y a maintenant cinq ans et après la sortie de deux albums, la formation avait annoncé sa séparation suite à des problèmes financiers ainsi que de multiples tensions au sein de l’unité.
En 2018, le groupe annonce finalement sa résurrection et un an plus tard, les musiciens écrivent leur premier single
Emerald. Ce n’est qu’après deux longues années synonymes de pandémie que nos américains présentent leur troisième toile du nom d’
Ikigai, une philosophie japonaise qui permettrait de trouver notre raison d’être. Selon le quintet, chaque titre de l’opus symbolise une nouvelle approche de cette notion. Pour cette parution, après deux précédentes publications sur le label
Metal Blade Records, les américains ont décidé de faire confiance à la maison de disques The Artisan Era. De plus, cette nouvelle toile présente une longue liste d’invités parmi lesquels Trevor Strnad (
The Black Dahlia Murder), Chaney Crabb (
Entheos) ou encore Scott Carstrairs (
Fallujah).
Le groupe nous initie directement dans le tableau nippon avec l’intro Natsukashii, qui signifie le passé, la nostalgie. La mélodie est douce et nous transporte immédiatement dans cet héritage culturel, notamment par l’utilisation d’instruments typiques. Le titre éponyme préserve cette ambiance classique et ces passages atmosphériques mais amorce un death(core) technique extrêmement soigné, de par une production très travaillée et étonnement fluide. L’esprit hardcore demeure assez limité et nous avons plutôt affaire à un death technique et parfois à tendance progressif. Nos musiciens ne tardent pas à exprimer leur savoir-faire avec une palette vocale excessivement riche et une technique assez impressionnante, spécifiquement lors des blastbeats.
Pourtant, passé ces quelques bonnes impressions, un constat se fait peu à peu sentir. En effet, le quintet néglige lentement ce qui faisait son intérêt, à savoir la personnalité nippone et ses touches traditionnelles. Les compositions restent néanmoins d’excellente facture mais on aurait aimé que nos musiciens persistent dans leur caractère authentique. De plus, la cohésion entre les morceaux n’est pas toujours évidente et à force de vouloir travailler sur l’aspect technique, le groupe en aurait presque oublié la mélodicité.
Fort heureusement, nos américains peuvent compter sur des pièces fortes. Smoldered, en featuring avec Chaney Crabb, puise dans un death plus moderne, qui ne serait sans rappeler par moments les dernières œuvres d’
Entheos. Le chant growlé de la vocaliste, toujours impressionnant de maîtrise, intensifie la véhémence, même si le morceau soumet un passage plus aéré et bienveillant. Le schéma du titre est également moins complexe, ce qui lui permet entre autres d’être moins désordonné.
Grief Eater, Tear Drinker exprime également une évolution contemporaine et nous offre le chant clair de Jonathan Carpenter harmonieux et planant.
Ikigai aurait pu sonner comme la pièce maîtresse de la discographie d’
Abiotic. Malencontreusement, ce troisième album ne se contentera que d’être bon, la faute à une exécution parfois trop approximative et un concept au final assez peu mis en avant. Cependant, peut-on vraiment en vouloir au groupe, qui signe un retour après cinq ans d’absence, une séparation prématurée ainsi que des complications économiques ? Avec autant de facteurs, il faut voir cette toile comme le début d’une renaissance du quintet et nous ne pouvons que nous réjouir de l’écriture d’une nouvelle page.
La vidéo est superbe, musicalement, ça me rappelle un peu The Faceless, ça joue...
Oui, j'ai vu beaucoup de comparaisons avec The Faceless mais vu que je ne connais le groupe que de nom, je ne me suis pas engagé dans un chemin inconnu. Mais à force de revoir ce nom, il va bien falloir que j'y plonge un moment donné.
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