Ia Pazuzu (The Abyss of the Shadows)

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17/20
Nom du groupe Diabolicum
Nom de l'album Ia Pazuzu (The Abyss of the Shadows)
Type Album
Date de parution 29 Mai 2015
Style MusicalBlack Industriel
Membres possèdant cet album10

Tracklist

1. Baxxar Ehl Uhza
2. The Void of Astaroth
3. The Silent Spring
4. Genocide Bliss
5. Salvation through Vengeance
6. The Abyss of the Shadows
7. One Man's War
8. Angelmaker
9. Ia Pazuzu

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Diabolicum


Chronique @ Icare

04 Juin 2015

Si Ia Pazuzu (The Abyss of the Shadows) doit être la bande son de la fin du monde, vivement la troisième guerre mondiale

Diabolicum est un groupe dont tout amateur de black indus a forcément entendu parler : se formant en 1999 sur les cendres d’Imperia, le combo de Sunsdvall sort en 1999 et 2001 deux bombes incandescentes mêlant black suédois et sonorités synthétiques qui l’imposent d’emblée comme l’un des groupes à suivre de la scène black indus. En 2005, après un split avec Angst, c’est le silence radio, et la formation qui a depuis intégré Kvarforth en tant que vocaliste travaille sur un nouvel album, maintes fois annoncé et maintes fois repoussé. C’est donc après dix ans d’absence que le combo suédois nous revient, toujours sous le giron de Code666, nous présentant enfin son troisième full length, Ia Pazuzu (The Abyss of the Shadows).


Après la courte intro de rigueur trahissant les pulsations d’une machine que l’on allume, Void of Astaroth nous explose aux oreilles, véritable rouleau compresseur, compact et destructeur, armé de cette rythmique impitoyable et mécanique dont la rapidité et la violence nous enfoncent six pieds sous terre. Le choc est extrêmement violent, on est prostré par l’impact de ces percussions électroniques, coupé de tous repères, et le mur de guitares, massif et abrutissant, achève de nous entraîner dans cette transe avilissante qui nous abrutit de force. Le tout est sombre, très sombre, et la voix de Kvarforth, impérieuse et haineuse, quasiment inhumaine, aboie ses imprécations avec une rage furieuse qui nous viole les tympans et s’imprime dans notre cortex.

S’ensuit Silent Spring, lourd, et militaire, au rythme hypnotique qui rappelle la marche d’une armée, et aux vocaux proprement terrifiants, totalitaires et décadents. La double pédale renforce un tempo lourd et lent qui contraste avec le morceau précédent, appuyant les guitares, inquisitrices, poisseuses et obsédantes, nous harcelant de leurs notes sournoises comme des milliers de drones bourdonnants. Et au loin réonnent ces samples industriels et oppressants, bruits d’une usine où l’on solderait l’âme et es derniers débris dérisoires du monde humain pour construire un futur entièrement mécanique. Même le chant clair, désabusé, habillé d’un cynisme mordant, fait froid dans le dos, semblant faire état d’une société à l’agonie et sonnant comme le glas de l’espèce humaine, larvant une violence sourde qui ne manquera pas d’éclater sur le titre suivant.

Car Genocide Bliss porte bien son nom, extrêmement rapide, à la fois chaotique et dansant, ces percus indus résonnant dans notre boîte crânienne lobotomisée, avec ce solo hystérique ajoutant à 1,30minutes un brin de folie psychédélique et acide. Dès 3,15 minutes un son technoïde jaillit de nos enceintes, crachant un mélange diabolique de hardteck et de psytrance, à la fois, sombre, puissant et hypnotique, bande son idéale d’une fin du monde programmée. L’ambiance est très présente tout le long de cet opus, de par ces samples indus, ces quelques voix lointaines et robotiques, ces parties technos (Salvation through Vengeance aux relents de Thunderdome) et ces claviers extrêmement froids et glauques qui créent une ambiance malsaine de décadence et de désespoir.

Les images nous assaillent au fur et à mesure que défilent ces 39 minutes : on imagine d’immenses flammes rouges montant à l’assaut du ciel, immolant de leur rage purificatrice les déchets de béton et d’acier jonchant les rues à l’abandon d’une mégalopole plongée dans le chaos. On voit défiler un monde agonisant, le désarroi et la sauvagerie d’une humanité bestiale livrée à elle-même, en proie à la panique car sentant sa fin imminente. On croit presque entendre le claquement des bottes qui martèlent le pavé, héraut d’une armée mécanique et sans pitié qui, une fois la nuit tombée, vient rétablir l’ordre d’une main de fer en éliminant les déchets matériels et humains restés sur le trottoir. Ces grosses basses dansantes, ces coups sourds qui semblent vouloir nous assommer, ces percus aliénantes, comme tapées sur les immenses forges incandescentes d’une usine à ciel ouvert, ces riffs froids et hypnotiques, tout se mêle en une transe qui nous fait tituber, tout s’allie pour prendre le contrôle de notre âme et de notre corps, surtout cette voix omniprésente qui semble nous traquer, nous tourmenter de ses hurlements autoritaires qui exigent soumission et obéissance.

C’est pourtant sur deux titres apaisants que les Suédois terminent leur entreprise de destruction auditive et neuronale, avec un Angelmaker lent et mélancolique qui nous sert de belles envolées oniriques via une guitare soliste très inspirée, sorte de calme après la tempête de décibels qui nous a violemment ravagé le bulbe, et un la Pazuzu feutré et ambiant, incarnation du silence qui suit irrémédiablement la furie et le carnage, retranscription sonore du néant, de ses ombres et de ses mystères.

S’il est musicalement quasiment parfait dans son style, Ia Pazuzu (The abyss of the shadows) n’en est pas pour autant exempt de défauts, la deuxième partie de l’album marquant une baisse nette de régime, la faute à un découpage des pistes peu judicieux, plaçant les trois titres ambiant en toute fin d’album. Pourquoi ne pas placer plutôt ces interludes entre deux brûlots, afin de laisser l‘auditeur reprendre son souffle et ses esprits avant la prochaine mitraille? De même on déplorera la durée un peu courte de l’album, car avec près de 15 minutes de musique atmosphérique, certes importante pour la cohérence et l’ambiance de l’ensemble, il ne nous reste plus que cinq pistes à proprement parler metal, ce qui est bien peu, et on se serait volontiers injecté une ou deux doses supplémentaires de chaos en intraveineuse.


Reste qu’en 39 minutes à peine, Diabolicum nous a asséné une leçon magistrale de black industriel, d’une violence inouïe et parfaitement contrôlée, servant une musique à la fois dansante, apocalyptique, glauque et hypnotique qui l’impose désormais comme l’un des maîtres incontestés du genre. Le constat est sans appel : Diabolicum enterre littéralement la concurrence, se payant même le luxe de donner des leçons à Mysticum et Aborym. Une seule conclusion s’impose: si Ia Pazuzu (The Abyss of the Shadows) doit être la bande son de la fin du monde, vivement la troisième guerre mondiale.

3 Commentaires

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kalysto - 05 Juin 2015: Eh ben ça a l'air d'être du sérieux cet album !

En tout cas merci pour cette belle chronique très bien écrite, elle nous plonge tout de suite dans le bain (acide).
Icare - 05 Juin 2015: Tu peux y aller les yeux fermés! Si tu aimes le style pratiqué, on peut difficilement faire mieux dans le genre. Il n'y a malheureusement aucune vidéo promo pour cet album, mais tu peux aller écouter des titres sur Youtube, l'album précédent est excellent aussi. Bonne écoute, et attention aux oreilles!
kalysto - 14 Juin 2015: Ca y est : écouté.
La vache ça envoie !

Rythmes épileptiques et démentiels, samples malsains et surtout voix de Kvarforth impressionnante de présence, effectivement il nous domine littéralement.
Bon album, efficace et mélangeant parfaitement l'essence du black avec l'indus.

A écouter donc pour les aficionados du genre

et merci Icare pour la découverte !
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