Atavist –
Nadja : étonnante amitié qui lie ces deux projets pourtant bien différents l’un de l’autre. Peu de rapport en effet a priori entre le doom/sludge apocalyptique du premier et le drone/ambient du second, si ce n’est la volonté de repousser les limites, de briser les carcans.
Après une premère réunion en 2007 avec 12012291920 / 1414101 ( ?), les deux entités se retrouvent à nouveau avec ce Points At
Infinity. Parler ici de split est incorrect. Collaboration semble plus judicieux. Un split, c’est l’agglomération de morceaux isolés composés par deux (ou plus) groupes pour un exercice exeptionnel. C’est le cas par exemple de
Infernal Procession…
And Then Everything Dies que les deux principaux intéressés graveront d’ailleurs peu après avec
Satori, mais pas celui qui constitue le sujet de cette chronique. A l’instar de son aîné d’un an, cet essai s’impose véritablement comme le fruit d’une union, d’un travail commun entre les deux artistes.
Au menu, deux complaintes suffocantes où fusionne l’identité de leurs géniteurs pour former un tout cohérant qui possède une vie propre. Ainsi, Points At
Infinity va bien au-delà de la simple juxtaposition des styles des Britanniques et des Canadiens. Point d’onanisme ici,
Atavist et
Nadja copulent ensemble pour accoucher d’une œuvre unique. C’est un enfant original où bien entendu on relève des traits de caractère de chacun de ses parents (notamment la rugosité granitique du premier et la stratigraphie sonore du second) mais ceux-ci ont donc l’intelligence de les dépasser.
Instrumentales (ou presque), ces deux pistes d’une vingtaine de minutes chacune, sont deux formes de déréliction qui naviguent à la surface d’une eau à la fois (faussement) calme et contemplative (le vaporeux "Projective Plane") ou bouillonnante et tellurique ("Closed
Curve"). Vouloir les décrire semble absurde ; sensitive, cette musique se vit, se ressent plus qu’elle ne s’analyse avec des mots. Pour faire simple, il s’agit d’un empilement de couches sonores, d’une masse compacte de sons massifs et d’ondes tricotées qui libèrent un vrai malaise en même temps qu’un mal-être infini, comme l’illustrent les notes terminales du second titre où le
Burzum de Filosofem n’est pas loin.
Ceci dit, ces plages possèdent aussi la capacité rare de propulser l’auditeur dans un monde mystérieux, énigmatique, inquiétant également, vers un absolu qui confine au domaine du divin. Expérimental, vertigineux mais d’une beauté rare, Points At
Infinity est une œuvre envoûtante au mysticisme fort qui appelle à l’intropsection quand on s’immerge en elle. Chiant comme un dimanche de pluie pour 99.9 % de la population, superbe et douloureux pour la minorité restante, qui a forcément raison. On se prend maintenant à rêver d’autres collaborations entre ces deux pionniers du son dont on espère qu’ils ne s’arrêteront pas en si bon chemin…
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