C'est en 2013, sur une idée du guitariste Andrea Bazzon (ex-
Serenade, ex-Hotcrash), alors assisté de Stefano Carraro (Overrain, ex-Endaymynion) à la batterie, Mauro Marcelle à la guitare et de
Sara Toffano en qualité de frontwoman, que l'aventure commence. Ce jeune quartet italien originaire de Padoue (en Vénétie) s'est produit pour la première fois durant l'année 2014, préalablement à la réalisation de cet introductif EP éponyme, enregistré et produit au Flameout Studio par Enrico Longhin. Si l'on regrettera un inconvenant sous-mixage des lignes de chant et quelques notes résiduelles, la galette jouit d'arrangements de bonne facture. Quant aux compositions, c'est du côté de
Ancient Bards,
The Gathering,
Lacuna Coil,
Epica,
Firewind,
Delain qu'ils ont puisé leurs influences pour nous livrer une rondelle power symphonique aux relents gothique de 17 petites minutes où s'enchaînent 5 ogives d'une durée similaire. Mais entrons plutôt dans la petite goélette en quête de quelques trésors enfouis.
C'est sur des charbons ardents que l'on déambule sur la quasi totalité de l'offrande, dont le message musical se situe au carrefour d'influences en définissant assez souvent le contenu. Et ce, avec quelques jolis arpèges à la clé. Ainsi, aux faux airs d'un
Within Temptation des premiers émois avec une touche de
Tristania, l'offensif «
Heartless Awakening » déroule une engageante couverture synthétique tout en veillant à ne pas nous égarer de sa route mélodique. Dans cette tourmente, où volette une lead guitare que relaye opportunément un piano aux gammes effilées sur un petit pont, la maîtresse de cérémonie prend l'ascendant, distillant de séduisantes inflexions calées dans les médiums. Ainsi, couplets et refrains prennent tout leur sens, nous poussant à y séjourner plus que de raison.
Mais d'autres compositions à l'écriture moins habile de leurs portées, sans s'avérer déconcertantes ni accuser une baisse de régime, n'ont pas connu un dénouement aussi heureux. D'une part, le mid tempo syncopé progressif aux riffs graveleux et sous-tendu par une intarissable et vrombissante basse « Alter Ego » génère une énergie communicative susceptible d'aspirer les pavillons habitués aux vibes de
Delain et autres
Firewind. De sémillants gimmicks ainsi qu'un saisissant solo de guitare s'immiscent dans cette trame arc-boutée sur une toile synthétique embrasée. On regrettera simplement de devoir se contenter d'harmoniques plutôt convenues et d'une sente mélodique bien palote, que ne relèveront ni le timbre clair ni les volutes énigmatiques de la sirène, pourtant bien engagée dans le process mais semblant noyée sous le poids d'une omniprésente et massive instrumentation. Par ailleurs, un riffing assassin et tournoyant infiltre le pulsionnel «
Ground Zero » qui, aux faux airs de
Lacuna Coil avec un zeste d'
Ancient Bards, laisse entrevoir le gracile et ondulant filet de voix de la déesse, celle-ci déambulant avec aisance aussi bien sur les tranchants couplets que sur les avenants refrains. Toutefois, quelques conjectures technicistes qui ne s'imposaient pas alourdissent l'atmosphère du méfait et nous font perdre le fil d'une ligne mélodique loin d'être désagréable et qui, sans cela, aurait eu quelques chances de se montrer plus impactante. Enfin, sur le vénéneux « Do It Ourselves (Animadversio Debita, Pt. 2) », un tapping martelant marque le tympan de son empreinte et moult blasts bien sentis nous sont octroyés. Faisant cohabiter l'atmosphère éthérée de
The Gathering et la puissance dévastatrice de Revamp, en dépit de la prégnance de ses attaques de riffs gras, l'accroche peine à s'opérer. Une fois de plus, les patines oratoires de la déesse sont sous-mixées et, si elles s'avèrent enjouées et gracieuses, elles ne parviennent guère à relever la sauce d'une piste frisant trop souvent la déroute mélodique.
Enfin, on ne retiendra pas l'outro de l'opus, moins impactante, se situant dès lors en retrait de ses voisines de bobine. Ainsi, dans le sillage rythmique d'un
Epica à ses débuts, le virulent et sanguin « Living a
Nightmare » assène moult frappes sèches, faisant rougeoyer les fûts, ne laissant que peu de temps de répit. Ce faisant, plus ici qu'ailleurs, le brûlot ne parvient guère à trouver la clé pour nous rallier à sa cause ; nous désarçonnant souvent eu égard à l'imprécision du jeu d'écriture de sa ligne mélodique et à un gênant sur-mixage du corps orchestral, reléguant bien souvent l'interprète au second plan.
Pour l'heure, le combo italien nous livre un propos encore rugueux, voire taillé dans la roche, qui devra s'extirper de moult séries de notes parasites pour en faire une œuvre acceptable. Développant une rayonnante force percussive accolée à une saillante rythmique, le collectif transalpin n'a toutefois pu ou su éviter l'écueil de suites d'accords parfois dithyrambiques, ou pour le moins trop peu impactantes, pour une optimale mise en valeur de son set de compositions. En outre, la section instrumentale se fera fort de faire jeu égal avec les lignes de chant, qu'elle tend à étouffer derrière d'enveloppantes nappes synthétiques et une kyrielle de riffs et de lignes de basse, ces dernières en atténuant d'autant la portée. Il conviendra également que le groupe songe à un meilleur usage de sa technicité, guitaristique notamment, qu'il diversifie son offre atmosphérique et rythmique, tout en musclant encore ses lignes de chant pour encenser le tympan de l'amateur du genre. C'est dire qu'il devra prendre tout son temps afin de peaufiner les moindres détails de ses gammes, à la fois pour ne pas réitérer ses erreurs de jeunesse et témoigner d'un supplément d'âme qui ici fait cruellement défaut. La balle est désormais dans leur camp...
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