Né en 2011 de la connexion spéciale entre Johanna Kurkela,
Tuomas Holopainen et Troy Donockley,
Auri a été présenté au monde pour la première fois avec la sortie de leur premier album éponyme en 2018. Aujourd’hui, le trio est désormais complété par les talents de percussion dynamique de Kai Hahto (qui avait également rejoint la famille
Nightwish en 2014). Ce faisant, c’est désormais avec trois membres de
Nightwish que cette nouvelle ère de
Auri voit le jour.
A l’évidence, il convient de repréciser (comme lors de la chronique du premier opus) qu’
Auri n’est absolument pas un groupe de
Metal puisque celui-ci ressemble davantage à de la musique de feu de camp. De temps en temps, l’auditeur entendra quelques mélodies de
Nightwish dans le chant et l'instrumentation de Johanna ("The Valley"), mais le style musical est très différent. Qui plus est, le style du groupe a connu quelques subtils changements depuis ses débuts puisque si le premier album offrait un mélange réussi de Folk fantastique, d'influences Pop bien ancrées et d'Electro douce, ces deux dernières sonorités ont quasiment disparu sur ce second opus bien que la musique reste aérienne, éthérée et d'une saveur ancestrale avec une profusion de voix et d'harmonies.
Dès lors, si les fans qui ont adoré le son du premier album apprécieront sans aucun doute ce deuxième matériel, il faut néanmoins admettre qu’il ne s’agit pas là d’un disque qui s'ouvrira aussi facilement que son ainé aux auditeurs (à moins d'être du genre à se plonger dans une musique de film au point d'en oublier l'attention pendant un moment) puisque sa plus grande différence est qu’il demeure beaucoup plus discret et réduit que ledit premier-né puisqu’il manque simplement les grands moments forts qui lui auraient donné une apparence moins calme et réduite qu’à l’écoute de son ainé (bien qu’il faille reconnaitre qu’il révèle tout de même une fascination qui lui est propre).
Indéniablement,
Auri démontre comment de tels contrastes peuvent être capturés musicalement, en particulier dans le morceau éponyme ouvrant l'album.
Assurément, ce titre est empreint d'une certaine noirceur car le piano, presque dissonant, résonne et une vague impression d'inquiétante présence est omniprésente là où le mélancolique ″The Duty of
Dust″ surprendra l’auditeur avec son final majestueusement orchestré ; à l’instar de ″Pearl Diving″ qui, avec ses chœurs calmement montants, descendants et ses guitares acoustiques aériennes, rappelle l'eau de mer qui clapote sur une côte en se transformant plus tard en une vague puissante avec un solo de guitare exubérant et des voix exaltantes.
Rêveusement, ″
Kiss the
Mountain″ peint plus de nuances de couleurs sur la toile en envoyant d'agréables frissons dans la colonne vertébrale ; tandis que dans l’instrumental ″Light and Flood″, les cordes donnent d'abord le ton pour ensuite glisser vers une transition vers des guitares et des claviers moelleux où tous les instruments sont placés côte à côte sur un pied d'égalité permettant à l’auditeur insouciant de danser sous le soleil et sous la pluie.
A l’évidence, si l’auditeur décidait en plus de garder les rideaux fermés avec des bougies allumées, et ce, avec un bon verre de vin dans les mains (ou avec une tasse de thé chaud, c’est selon les goûts de chacun), il demeure indéniable que cette musique est parfaite pour échapper au rythme effréné de la vie quotidienne, comme en témoigne la superbe ″The Valley″ dans laquelle la voix de Johanna Kurkela est tout simplement envoûtante dans sa forme la plus pure puisqu’à son écoute, nul doute que l’auditeur se penchera en arrière et qu’il se détendra en s'imaginant marcher pieds nus sur le sol d’une forêt couverte de mousse. Dans un schéma identique, l’auditeur pourra également davantage ressentir une ambiance paisible et isolée dans ″Fireside Bard″ (soit le morceau qui clôt l'album), tant il peut presque avoir la sensation que l'album tout entier est une histoire racontée par un troubadour itinérant autour d'un feu de camp à la croisée des chemins sous un ciel étoilé, ou dans une petite taverne confortable, entouré d'autres voyageurs, peut-être rehaussée par le crépitement d'un feu à la fin de la chanson.
A l’inverse, ″The Long Walk″ évoque une complainte ou un adieu, avec une ambiance riche assez tribale grâce à la batterie qui donne une dimension supplémentaire grâce aux cloches qui l’accompagnent ; tandis que ″It Takes Me Places″ est l'une des chansons qui rappelle l’ancien style de
Within Temptation grâce aux nouveaux instruments folkloriques entendus dans ce morceau aux dynamiques entraînantes et délicieuses, accompagné de mélodies vocales originales ; à l’instar de ″Scattered to the Four
Winds″ faisant tout de même bien meilleure figure avec ses harmonies vocales enchanteresses.
En définitive, « II – Those We Don't Speak Of » est un voyage musical vers toutes sortes d'endroits passionnants, pour lesquels il faut également accepter quelques tronçons de route moins impressionnants du fait qu’il puisse paraitre un peu moins bon que son ainé. En effet, si le premier album comportait de nombreux éléments emblématiques de leur héritage Nightwishien, ce second travail perd une grande partie de l'orchestration lourde en proposant une ambiance plus calme et paisible qui, espérons-le, étendra leur attrait bien au-delà de leurs racines
Metal.
Bref, même s'il pourrait ne pas répondre entièrement aux attentes pour certains, il contient certainement des moments de sérénité et de sublimité qui feront dresser les cheveux et qui captiveront toute l’attention. Ce faisant, il demeure réconfortant de savoir qu'il existe encore des artistes dont le seul but semble être d'apporter un peu plus de beauté au monde ; et c'est exactement ce qu’a fait
Auri avec « II – Those We Don't Speak Of ».
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